Une revalorisation salariale, c’est ce que demandent les personnels de la Fonction publique. Nous ouvrons le dossier.

Dossier réalisé par :
Sandrine Charrier, Pierre Garnier, Matthieu Leiritz,
Marie-Rose Rodrigues-Martins, ValérieSoulaille
Publié dans la revue Pour (n°227 – Oct 2020)

SOMMAIRE

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Le constat, depuis maintenant 6 mois, est inattaquable : si la société française a pu surmonter le pic de la pandémie sans s’effondrer, elle le doit notamment aux travailleuses et travailleurs de première ligne. Il s’agit des salarié·es du privé notamment dans l’alimentation, mais aussi des femmes et des hommes qui, amortissant les effets de la crise, servent la puissance publique, dans les hôpitaux, les services sociaux, les bureaux ou les établissements d’éducation.
Or pour ces dernier·es, le monde d’Après ressemble furieusement à celui d’hier. Comme si rien ne s’était passé, les « bonnes» mauvaises habitudes reprennent: rétablissement du jour de carence, momentanément suspendu, maintien du gel du point d’indice, confirmé par Amélie de Montchalin. S’il le fallait, le choix de cette économiste libérale, issue de LR, confirme le regard inchangé du pouvoir sur la Fonction publique mais aussi sur celles et ceux qui la servent : des coûts, à réduire pour « améliorer l’attractivité du pays ».
Alors que la crise sanitaire devient économique et sociale, avec à la clé des centaines de milliers de demandeurs et demandeuses d’emploi supplémentaires, que le déficit public se creuse du fait des dépenses d’urgence pour soutenir l’économie, le pouvoir a beau jeu de dénoncer les fonctionnaires comme des privilégié·es aveugles aux souffrances du salariat privé.
La division du monde du travail attisée par les employeurs et employeuses est aussi vieille que le mouvement ouvrier.
La bataille est donc aussi une bataille d’opinion, y compris auprès des fonctionnaires qui peuvent être réceptifs et réceptives à cette culpabilisation permanente.
Il suffit pourtant de rappeler quelques chiffres sur l’érosion du pouvoir d’achat des fonctionnaires, d’ailleurs parallèle au recul de la part des richesses produites pour les salarié·es en général par rapport au capital.
Et de rappeler que l’exigence d’une revalorisation salariale pour l’ensemble des personnels de la Fonction publique n’est en rien corporative. Il s’agit bien également d’assurer au service public les moyens d’assurer ses missions, avec des personnels qualifiés, uniquement motivés par le bien public, et donc bien rémunérés.
Les personnels soignants, avec leurs organisations syndicales ont su conquérir des avancées certes insuffisantes lors du Ségur de la Santé. Jean-Michel Blanquer annonce un Grenelle des enseignant·es ? Pour la FSU, c’est l’ensemble de celles et ceux qui servent dans la Fonction publique qui méritent une revalorisation. Et seules les mobilisations pourront transformer les promesses en réalisations concrètes.
Le maintien et le renforcement du modèle social et démocratique français est aussi à ce prix.