Le ministre de l’Éducation nationale a annoncé l’ouverture d’un « Grenelle des professeurs » avec pour objectif de « revaloriser » le métier sur le plan financier et aussi « d’améliorer le bien- être au travail ». Une enveloppe de 400 millions d’euros est annoncée pour les près de 900 000 personnels. Maigre revalorisation contre transformation du métier, le refrain est connu.

La revalorisation se traduirait par une hausse des salaires de 37 € par mois.
Largement insuffisant pour commencer à combler l’écart avec les pays européens.

Le ministre a annoncé à la veille de cette rentrée, son souhait de parler « hausse des rémunérations… d’ici au mois d’octobre ». Le 28 août 2019 il déclarait déjà que les rémunérations annuelles des enseignant- es seraient augmentées de 300 € en moyenne en 2020, omettant de préciser que cette augmentation était issue du protocole PPCR signé début 2017 et que son gouverne- ment a décidé de geler pendant un an. La question salariale est une revendication de longue date chez les professeur·es, mal payé·es particulièrement par rapport à leurs voisin·es européen·nes (voir ci-contre), mais aussi au regard des rémunérations pour un niveau de recrutement à BAC +5.

L’agenda social donne des précisions sur les échéances à venir concernant la revalorisation des « enseignants et assimilés ». Deux réunions en octobre et un temps de concertation de novembre à jan- vier sur la programmation pluriannuelle, sont prévus.

Jean-Michel Blanquer met en avant 400 millions d’euros pour assurer une revalorisation en 2021 et envisage un plan pour les années à venir sans rien chiffrer. Ces perspectives sont insuffisantes, d’autant que mise à part une revalorisation des seuls débuts de carrières, il n’en- visage que l’attribution de primes dont on sait qu’elles sont discriminatoires, en particulier vis-à-vis des femmes. Répartie entre tous les personnels concernés, la revalorisation se traduirait par une hausse des salaires de 37 € par mois, de laquelle il faudrait déduire la prime d’équipement… Largement insuffisant pour commencer à combler l’écart avec les pays européens, même si la revalorisation ne concerne que les enseignants en tout début de carrière.

Loin de contribuer donc à résorber le déclassement par rapport aux enseignant·es des pays de l’UE, mesuré depuis longtemps par l’OCDE.

Emmanuel Macron l’avait dit au moment de la réforme des retraites, en 2019 : « Si je revalorisais, comme je veux le faire, l’ensemble des enseignants… quand on parle de l’Éducation nationale dans notre pays, on parle d’un million de fonctionnaires. C’est le premier employeur du pays. Si je voulais revaloriser comme ça, c’est dix milliards ! Je vais pas mettre dix milliards demain ! C’est vos impôts, hein ! Ou c’est le déficit, c’est la dette pour nos enfants. Donc. C’est investir sur notre éducation, faut repenser la carrière. »

Le gouvernement continue à lier les questions de revalorisation à des mesures touchant aux différents métiers de l’éducation. Si certaines thématiques des discussions à venir comme celle de l’égalité professionnelle femme/homme nécessitent des mesures rapides, d’autres sus- citent plutôt de l’inquiétude et rap- pellent furieusement des tentatives antérieures pour modifier les missions, individualiser davantage les rémunérations et/ou donner plus de poids aux hiérarchies locales. Le ministre a déjà donné le signal en faisant passer un décret imposant un temps de formation continue pendant les congés ou une seconde HSA dans le second degré, mesures qui conditionnent un surcroît de travail.

Grenelle ? Avec les mesures annoncées par Jean-Michel Blanquer, on reste pour le moment assez loin des conquêtes sociales de Mai 68…

COMPARAISONS INTERNATIONALES

En France, la rémunération des enseignants reste peu élevée.

Le rapport 2019 de l’OCDE sur l’éducation montre que les enseignant·es français·es ont des salaires médiocres, parmi les plus bas, en comparaison avec leurs homologues des pays développés. Selon ce rapport, tous niveaux confondus, le salaire des professeur·es français·es est inférieur de 7 % à la moyenne des pays de l’OCDE en début de carrière.

Puis, l’écart se creuse considérablement en milieu de carrière avec des enseignant·es français·es qui gagnent 22 % de moins que la moyenne des pays développés. L’écart se resserre toutefois fortement en n de carrière où les salaires français sont inférieurs de 2 % à la moyenne.

Le rapport de l’OCDE montre également que l’évolution du salaire des enseignant·es qualifié·es et ayant quinze ans d’ancienneté entre 2000 et 2018 a augmenté dans la moitié des pays de l’OCDE. C’est l’inverse en Angleterre, en France du fait du gel de la valeur du point d’indice, et en Grèce avec respectivement des diminutions de 3 %, 6 % et 17 %.