La santé est un droit fondamental pour chaque enfant

Si je prends la parole aujourd’hui au nom de la FSU, c’est en premier lieu pour soutenir les travailleuses et travailleurs de la Santé dans leurs revendications pour défendre l’hôpital public. Car si nous ne sommes pas une fédération qui lutte syndicalement dans le secteur de la santé, nous sommes tous usagers. Mais surtout, nous sommes des défenseurs acharnés des Services publics. Ils sont les garants d’une société solidaire. Les défendre, c’est défendre une société construite sur la justice sociale, l’égalité d’accès aux droits et la cohésion des territoires.

Si je prends la parole aujourd’hui, c’est aussi pour vous parler d’autres infirmières et médecins, ceux de la Santé scolaire.

A cette rentrée, il y a plus de 12 millions d’élèves dans les écoles, collèges et lycées. Pour pouvoir assurer l’accueil, l’écoute, le soin, le conseil et l’éducation à la santé auxquels tout élève devrait avoir droit, elles sont 7 700 infirmières… soit près d’une pour 1 600 élèves.
Quant aux médecins, ils sont moins de 900, soit un pour 7 800 élèves en moyenne… En moyenne, car vous savez ce que sont les moyennes, elles masquent la réalité des disparités. En 2020, selon la DEPP, il y avait dans le Lot un médecin pour 6500 élèves, en Dordogne, un pour 99 000 !

La Santé scolaire devrait permettre aux médecins de détecter les troubles d’apprentissage, la prise en charge du handicap, l’accueil et le suivi des enfants atteints de maladie chronique, la détection précoce des troubles de vue, d’audition, psychologique, de répondre aux urgences… aux infirmières d’accueillir, d’écouter, de conseiller, d’être le premier recours de repérage et d’orientation pour les élèves… Un seul chiffre pour évoquer ces besoins, selon une enquête du SNICS-FSU, plus de 17 000 demandes de contraceptions d’urgence a été dénombrées au cours de l’année scolaire 2018-2019. Quel que soit sa qualité pédagogique, c’est rarement à sa prof qu’une élève, le plus souvent mineure, ose lancer cet appel au secours.

Dans la réalité, les infirmières exercent sur deux voire trois établissements et l’élève trouvera la porte de l’infirmerie fermée. La visite obligatoire de dépistage des 6 ans que doit assurer le médecin n’est pas réalisée pour tous dans certaines régions en raison du manque de médecins, en raison des autres tâches auxquelles il doit faire face. De telles carences « pénalise les élèves issus de milieux défavorisés qui n’ont pas d’accès réguliers à un médecin généraliste ou à un pédiatre ». Ce n’est pas un syndicaliste furieux qui vous le dit mais un rapport de l’Académie Nationale de Médecine.

On aurait pu imaginer qu’après la période de pandémie de COVID, les besoins de Santé dans les établissements scolaires apparaitraient évidents pour tous… C’est au contraire la logique de désinvestissement de l’État qui prévaut avec le projet d’externalisation de la santé scolaire aux départements. Un désengagement qui affaiblirait le lien entre promotion de la santé et enseignements et actions éducatives mais qui surtout augmenterait les disparités territoriales de prise en charge des élèves. La FSU s’y oppose, a déjà réussi à faire reculer le gouvernement une première fois… mais comme souvent à l’Éducation nationale, c’est par la porte de l’expérimentation (en Gironde cette fois) que le loup cherche à entrer de nouveau.

Une politique de Santé qui assure soin et prévention à tout âge de la vie passe par des Services publics de qualité qu’on soit élève ou salarié·e… et là j’ouvre une autre boîte de Pandore, celle de la santé au travail… mais je laisse le soin à quelqu’un d’autre d’expliquer les lacunes de notre pays dans ce domaine… juste une parenthèse, en Loire-Atlantique c’est zéro médecin de prévention (c’est-à-dire médecin du travail) pour les personnels de l’Éducation Nationale.

Ensemble, nous avons encore de nombreuses luttes à mener.