Chers camarades, chers amis,

Merci d’être venu aujourd’hui, sur cette place de l’Amérique Latine, dans le cadre de cette journée de mobilisation nationale à l’appel des organisations syndicales CGT, FSU, Solidaires et de jeunesse.

Nous vous recommandons le port du masque pendant ce rassemblement et l’application des gestes d’hygiène élémentaires.

La situation sanitaire est toujours aussi inquiétante et le gouvernement continue de gérer la crise sans se préoccuper des conséquences humaines. Il communique avec cacophonie. A quoi sert de se vanter d’1 millions de tests par semaine s’il n’y a pas de politique de dépistage, si les moyens pour que les résultats arrivent à temps ne sont pas débloqués ? A part imposer le port du masque et restreindre la vie sociale tout en nous demandant d’aller travailler, que fait-il ?

Nous devons rester attentifs car la tentation est toujours grande de la part du président de la république et de son gouvernement d’attaquer les libertés. Surtout celle de la contestation sociale.

Le ministre de l’économie libérale, Bruno Lemaire, ou le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, ont déjà réagi contre cette contestation, contre l’appel de cette journée de mobilisation et notamment par le recours à la grève, à la SNCF par exemple.

Ils ont dénoncé celles et ceux qui se mobilisent aujourd’hui, vous camarades ! Ils « aurai[ent] espéré qu’il y ait une forme de paix sociale ».

Mais de quelle paix sociale parlent-ils ? Tous les jours, des salariés sont jetés à la rue avec une violence inouïe. Partout, le grand patronat multiplie les attaques contre les salaires et les conditions de travail.

Casse sociale, pression sur les salaires, fermeture de lits dans l’hôpital public… en dépit de la crise économique et sanitaire, le modèle capitaliste et son allié gouvernemental continuent la destruction des services publics et de notre système social. Ils mettent en œuvre une série de mesures régressives au profit du patronat et des plus riches.

Nous donnerons la palme du cynisme en temps de crise à la richissime famille Mulliez, à la tête d’Auchan. Grace à un décret, paru le 20 mai, elle vient de mettre en liquidation Alinéa, une enseigne de meubles… avant de la racheter, laissant le soin à la collectivité d’éponger les dettes et d’assumer la mise à la porte du groupe, de 1 400 salariés.

Le gouvernement valide ces licenciements massifs et abusifs alors que plus de 750 000 chômeurs ont déjà rejoint Pôle emploi.

C’est ça, la paix sociale dont parlent les ministres ?

En dépit de l’urgence sociale et climatique, le gouvernement s’obstine dans l’impasse de sa politique libérale.

Si le gouvernement dépense sans compter l’argent, devenu magique, pour relancer la machine à produire des profits, aucune mesure n’a été prise pour les milliers de travailleuses et travailleurs victimes de délocalisations et de plans de licenciements.

Des plans de licenciements qui se multiplient parce que les grands groupes donneurs d’ordres mettent le couteau sous la gorge de leurs sous-traitants.

Même dans les secteurs qui ont tiré leur épingle du jeu et pour qui la crise est une opportunité de développement, il y a des restructurations à coups de suppressions d’emplois et de sacrifices pour les travailleurs. Accord de Performance Collectif ; Voilà comment la novlangue capitaliste nomme pudiquement ce chantage à l’emploi.

Airbus, Stelia, Famat, DAHER, MAN ES, Halgand, SNCF, TOTAL, la liste est déjà longue des entreprises qui imposent le régime sec sur l’emploi. Ce sont déjà plus d’un millier d’emploi jeté à la casse sur notre bassin, en attendant de nouvelles annonces.

C’est ça la paix sociale ?

De l’ouvrier à l’ingénieur, en passant par les employés et les cadres administratifs, personne n’est à l’abri de ce qui est l’une des plus graves crises du capitalisme. Une crise annoncée et redoutée. Et ce n’est pas le plan de relance annoncé par le gouvernement qui protégera les travailleurs.

La priorité doit être donnée à la préservation et à la création d’emplois stables et qualifiés, à la sortie de la précarité en particulier des jeunes travailleurs, des étudiants, avec leur mise en protection sociale.

Rien de cela dans le plan de relance du gouvernement. Plan de relance ou plan de com ? Le gouvernement promet plein de pognon pour l’avenir radieux d’une France qui devrait devenir « plus écologique, plus compétitive, plus sociale ».

Mais nous sommes maintenant rodés aux belles paroles du président Macron.

Enfin l’argent magique va ruisseler, mais il ne vise exclusivement qu’à relancer la machine à profit. Ces 100 milliards, annoncés en grande pompe, ne s’adressent qu’aux entreprises, qui pourront notamment bénéficier d’une exonération d’impôts de production à hauteur de 10 milliards d’euros par an et cela sans aucune condition, aucun contrôle, ni contrepartie. C’est ça leur contrat de confiance !

Au contraire les demandeurs d’emploi et les bénéficiaires des minimas sociaux sont soumis à des contrôles toujours plus sévères. Les salariés et les retraités doivent se contenter des promesses et des leçons de morale sur la bonne utilisation de l’argent public.

Si la séquence que nous vivons a mis en évidence les choix politiques désastreux en matière de politique sociale et de santé, c’est bien l’ensemble des services publics mais aussi toutes les productions qui sont affaiblies, que ce soit en termes de développement, de qualité de production ou de capacité à répondre aux besoins.

Un véritable plan de relance doit partir des intérêts vitaux de la classe ouvrière.

Les mesures sanitaires et de confinement ont forcé le patronat dans certains secteurs à réduire la production et les cadences et à expérimenter la réduction du temps de travail. Des effets bénéfiques pour les salariés ont été constatés sur les conditions de travail et pour les entreprises sur la qualité de production.

Revendiquons le passage aux 32 heures car c’est une mesure essentielle pour lutter contre le chômage et la précarité. Travailler moins, travailler mieux, pour travailler toutes et tous, sans perte de salaire.

Il faut augmenter les salaires, les pensions et les allocations, pas les marges ni les dividendes. Il faut un contrôle des salariés sur les milliards d’euros que le grand patronat va encaisser car cet argent doit servir à garantir les emplois et les salaires.  

Contre l’explosion du chômage, il faut aussi créer des emplois dans la santé, l’éducation, les transports. Il faut développer les services publics et les industries nécessaires à la réponse aux besoins en biens et services, en prenant en compte l’urgence écologique.

En ces temps de crise pandémique, de crise environnementale et sociale, cela devrait être une évidence.

[Réforme de l’assurance chômage]

Mais au contraire, le gouvernement s’entête et refuse d’abandonner sa réforme de l’assurance-chômage. La deuxième phase, qui devait entrer en application en septembre, a juste été reportée à janvier 2021. Elle modifie les règles de calcul de l’indemnisation, entraînant une baisse moyenne des indemnités de 22 %, ce qui va plonger des milliers de privés d’emploi et de travailleurs précaires dans la pauvreté.

La situation impose donc des mesures de transformation profonde en totale rupture avec les politiques économiques et sociales actuelles. La priorité doit être donnée à la préservation et à la création en nombre d’emplois stables et qualifiés, à la sortie de la précarité en particulier des jeunes travailleurs, des étudiants.

Il faut mettre au rebus cette réforme de l’assurance chômage, tout comme celle des retraites.

Adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale en dépit de notre forte mobilisation de cet hiver, elle a été suspendue à la mi-mars en raison de la crise sanitaire.

Mais en ce début de septembre, le gouvernement est revenu à la charge sur cette réforme des retraites. Un rapport a été commandé par le Premier ministre au Conseil d’orientation des retraites pour proposer une nouvelle mouture. Il y a fort à parier qu’il va proposer de repousser l’âge de départ puisqu’il n’a pas réussi à faire accepter son régime de retraites à points.

L’urgence sociale impose de préserver et améliorer notre modèle social. Un modèle qui échappe aux intérêts privés. La crise sanitaire a démontré combien ces derniers sont essentiels pour garantir à toutes et tous l’accès aux droits sociaux et aux soins.

Nous sommes bien dans une guerre sociale, et ce sont les capitalistes qui la mènent. Les licenciements, la baisse des salaires et le durcissement des conditions de travail sont des choix d’une caste pour maintenir et augmenter ses marges et ses profits. Pour cela, elle fabriquera de nouveaux bataillons de chômeurs, fermera les services publics et créera de nouveaux déserts industriels.

Ne laissons pas le grand patronat et son système nous envoyer dans le mur. Le capitalisme usera de toutes ses armes de destruction, qu’elles soient sociales ou environnementales, pour sauver ses profits à court terme, pour sauver la Bourse. Une Bourse, qui a retrouvé ses niveaux d’avant Covid.

Plus que jamais, c’est la bourse ou la vie !

Face aux attaques de la classe des nantis, face à sa rapacité, nous n’avons pas d’autre choix que de nous défendre. Nous devons agir collectivement et nous préparer au combat car le grand patronat ne connaît que le rapport de force.

Le monde du travail n’a que des coups à attendre du grand capital et de son État. Alors, nous avons raison d’élever la voix, nous avons raison de battre le pavé !