Aux résidents de la république…

Parisot Sarko bobo, quand citron pressé jeter la peau
Exploiter, licencier, pwofitasyon et voracité.

Nos camarades ultramarins nous montrent que sur cette terre rongée par l’argent et le pouvoir, être humain n’est pas un droit : c’est une tâche qui reste chaque jour à accomplir. Au pays de l’oppression par l’argent, quand le masque de l’économie de profit s’applique au visage de l’humanité, elle a l’imaginaire crevé.

Certes, la situation des DOM n’est pas directement transposable en métropole. Mais les zoreils que nous sommes sauront-ils entendre les béguètements créoles du Liyannaj partis des Antilles, pour remonter les alizés, portés par des glouglous de vents ?

Le Liyannaj, de liens en lianes, a su trouver « la force d’organiser sur une même base ce qui était disjoint, isolé dans la cécité catégorielle, à savoir les luttes jusqu’alors inaudibles dans les administrations, les hôpitaux, les établissements scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales, tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou libérales… »

Comme aux Antilles, nous faisons grève ou sommes dans la rue pour le pouvoir d’achat et l’emploi. Mais revendiquer pour le pouvoir d’achat et l’emploi n’est pas une finalité. Notre revendication n’est pas celle du code barre et du hard discount. Dans le panier de la ménagère, là où la hausse des prix se niche, on peut lire l’organisation économique de la planète. Salaires, prix et profits ! Version MEDEF : salarier
moins pour gagner plus. Le chômage est une variable d’ajustements des profits, les délocalisations aussi. Aujourd’hui, revendiquer les augmentations de salaires partout et pour tous c’est réclamer une équité qui doit devenir mondiale.

Le travail est devenu une marchandise. Mais le travail ne se résume pas à un simple emploi. En réclamant des emplois nous ne revendiquons pas de perdre notre vie à la gagner. Nous ne demandons pas à un patron public ou privé de rythmer cette vie par des horaires en la troquant contre un salaire pour accéder au paradis individualiste de la consommation. Nous devons politiser au sens large et poétiser nos revendications pour déjouer la véritable épuration éthique à l’échelle de la planète qui fait que la gauche en vient à penser souvent avec des idées de droite, mais qui fait aussi que le syndicalisme ne fait plus toujours sens global avec ses revendications.

Le dogme capitaliste est désertifiant. Avec l’homme à la rolex aux manettes de l’a-France, nous sommes aux premières loges pour en vérifier les dommages pas seulement collatéraux sur les solidarités et plus globalement sur notre modèle républicain et sur la culture. Sarko la muerte ! Il ne fait pas de littérature : c’est pas Césaire, c’est sa rature. Mais, pas plus qu’il ne suffit de dire casse-toi pauv’ con à
un diable ziguidi pour qu’il s’efface, on ne peut convoquer la grève générale d’un claquement de doigts. Cependant, la nécessité de construire un mouvement fort, mettant en échec un gouvernement et un patronat réactionnaires, s’impose au plus vite. Les syndicats doivent construire ce mouvement sans frilosité, sans avoir peur d’une paralysie du pays. Nos camarades des universités et de la recherche, en
lutte depuis le 26 janvier, avec les étudiants, devraient inspirer des pratiques interprofessionnelles. Ce ne sont pas des grèves tous les deux mois qui empêcheront le chômage, les délocalisations, la casse des services publics et l’érosion démocratique. Ne nous laissons pas tromper par les pseudo métamorphoses des serpents à sornettes Parisot et Sarko, grands humanistes bancaires, et convoquons ce proverbe
antillais :
Sèpan ka chanjé lapo, sé toujou sèpan (Serpent qui change de peau, est toujours serpent)

Nantes, le 19 mars 2009
Didier HUDE