Les relations entre syndicalisme et écologie sont complexes. Les syndicats qui luttent pour la préservation de l’emploi et la défense du pouvoir d’achat ont encore l’image de défenseurs du productivisme et de l’industrialisme quels que soient leurs impacts sur l’environnement. La prise en compte des problématiques environnementales par les organisations syndicales n’est pourtant pas récente, même si elle a jusqu’à récemment et de façon plus ou moins prégnante selon les époques, d’abord tourné autour des enjeux de santé des travailleurs et travailleuses, de qualité de vie sur le lieu de travail et dans l’environnement proche des industries, principalement habité par des ouvrier-es. C’est dans les années 1990 et surtout 2000 que les relations entre syndicalisme et écologie marquent un tournant. Le nécessaire dépassement du cadre local de la réflexion et de l’action syndicales dû à la mondialisation, mais aussi sa participation aux sommets et conférences internationales dédiées aux problématiques environnementales (COP21 à Paris par exemple) ont peu à peu conduit le mouvement syndical à intégrer les revendications immédiates en matière d’emplois ou de conditions de travail, à des objectifs à long terme de transition vers une société plus égalitaire et respectueuse de l’environnement de l’échelle locale à celle de la planète.

Ces derniers mois, la permanence d’injustices sociales et d’inégalités profondes a amené, en France, des mobilisations importantes. Dans le même temps, l’accélération du réchauffement  climatique  a conduit à des marches pour le climat très suivies. La tribune d’appel à « La marche du siècle » pour le climat signée par 140 organisations luttant aussi bien pour le climat que pour la justice sociale – dont la FSU – a permis de rappeler que l’on ne pouvait avoir de justice climatique sans justice sociale et que « fin du monde et fin du mois relèvent du même combat ».

Répondre aux inégalités profondes, aux aspirations à la solidarité tout en luttant contre le réchauffement climatique  et  l’effondrement de la biodiversité passera en effet par des façons de produire, de consommer, d’échanger différentes de celles qui organisent aujourd’hui, au niveau mondial ou local, la vie de la très grande majorité des hommes et des femmes. L’occasion pour le syndicalisme de transformation sociale de s’ériger comme d’autres secteurs militants, associatifs, écologistes, altermondialistes – en acteur incontournable dans ce projet enthousiasmant de construction d’un nouveau monde.