Chers amis, chers camarades,
La situation est grave ; le Gouvernement accumule les lois liberticides qui dessinent une nouvelle société totalitaire.
Les Unions Locales syndicales et les associations qui organisent ce rassemblement se sont rencontrées et ont décidé de vous appeler à la résistance :
- Résistance contre l’état d’urgence, qui était sécuritaire et qui est maintenant sanitaire.
- Résistance contre la loi dite de sécurité globale.
- Résistance contre les lois qui remettent en cause l’Université.
- Résistance contre toutes les attaques contre les lois progressistes de la 3ème République !
De partout montent les mobilisations ; les salariés, les jeunes, les retraités, les citoyennes et les citoyens se lèvent en masse, ici à Saint-Nazaire, mais aussi à Nantes et dans toute la France, pour arrêter le bras armé du Gouvernement, et pour obtenir :
- La fin immédiate de l’état d’urgence.
- L’abrogation de toutes les lois liberticides.
- Et le retour aux droits démocratiques, sociaux, syndicaux et aux libertés de circulation, de rassemblement et de manifestation.
Commençons par l’État d’Urgence Sanitaire. Il a été institué par une loi à partir du 23 Mars 2020 et, pour l’instant, il est prorogé jusqu’au 16 février de l’année prochaine. La durée cumulée des états d’urgence sécuritaire et sanitaire va faire que la France, depuis 2015, aura été gouvernée presque pendant trois années sous un régime de pouvoirs exceptionnels. Et si nous laissons faire, ils continueront ad vitam æternam…
Depuis le 23 Mars, nous vivons dans un régime qui modifie le fonctionnement des institutions, confie à l’Exécutif des pouvoirs exceptionnels, et permet de limiter drastiquement les libertés, droits et garanties des citoyens, des salariés et de la jeunesse.
Alors qu’il devrait être une exception en démocratie, cet état d’urgence est devenu une machine à pallier l’incompétence de l’Etat en matière de sécurité et de santé publiques.
L’État d’Urgence Sanitaire est dérogatoire au droit commun, il permet au Gouvernement de remettre en cause par ordonnances tous les acquis sociaux et démocratiques.
Et il ne s’en est pas privé ! Ainsi, l’ordonnance du 25 Mars dernier « portant mesures d’urgence en matière de congés payés, de durée du travail et de jours de repos », en vigueur au moins jusqu’au 31 décembre, permet de nombreuses dérogations au Code du Travail :
- En augmentant les durées du travail quotidienne et hebdomadaire.
- Concernant les congés payés, les jours de RTT et de Compte Epargne Temps.
- Et remettant en cause le repos dominical.
Ces mesures dérogatoires au Code du Travail sont d’autant plus scandaleuses et d’autant moins « sanitaires » qu’elles viennent s’ajouter aux ordonnances « Travail » du 22 septembre 2017 du gouvernement Macron/Philippe, remettant en cause notamment :
- Le droit syndical par la fusion des instances de représentation des salariés et la suppression des CHS-CT.
- Les garanties sociales collectives avec la création des « accords de performance collectives ».
Concernant la proposition de loi dite de « sécurité globale » : c’est de fait un projet de loi largement porté par le Gouvernement, qui s’appuie notamment sur le nouveau « Schéma National de Maintien de l’Ordre » du Ministère de l’Intérieur, qui visait déjà, entre autres, à empêcher les journalistes de faire leur travail en les éloignant des zones de conflit.
Cette loi organise la surveillance policière de la population :
- Par des caméras portables, qui équiperont toutes les patrouilles de police et de gendarmerie ; avec l’analyse automatique des images et la reconnaissance faciale, on pourra ficher directement tous les manifestants.
- Par des drones, avec une surveillance généralisée des espaces publics, ne laissant plus aucune place au respect de la vie privée, avec bien sûr un effet coercitif direct sur la liberté d’expression et de manifestation. Big Brother nous voilà !
- Et nous avons le fameux Article 24, qui vise à empêcher la population et les journalistes de diffuser des images des policiers et des gendarmes, ce qui augmentera le sentiment d’impunité des policiers violents et donc multipliera les violences commises illégalement contre les manifestants.
Une préfiguration nous a été donnée en direct Lundi soir à Paris. Des centaines de migrants sans logement, sans ressources, qui avaient planté leurs tentes place de la République ont été expulsés dans un déluge de violences policières, avec les bénévoles qui les aidaient. Alors qu’il n’y avait aucune violence de leur part, alors qu’ils étaient là parce qu’aucune proposition de logement ne leur avait été faite, les policiers les ont matraqués, gazés. Les scènes filmées par les journalistes présents montrent une violence terrible. Un député de la République, Eric Coquerel, a été malmené ; des journalistes ont été frappés. Ce sont ces images qui ont permis d’alerter la population.
Gérald Darmanin, Ministre de l’Intérieur, s’est déclaré choqué et a demandé une enquête administrative. De qui se moque-t-on ? Le gouvernement entend se défausser sur les policiers, mais les policiers obéissent au Préfet, qui lui-même obéit au Gouvernement. C’est le Gouvernement, c’est Emmanuel Macron, qui sont responsables
Si demain la loi de « Sécurité Globale » passe, il sera impossible d’avoir de telles images, il sera impossible de faire connaître ces violences initiées par le Gouvernement.
Les journalistes ne s’y trompent pas. Lundi soir, leurs syndicats ont claqué la porte des négociations au Ministère de l’Intérieur et appellent à manifester nationalement demain samedi 28 Novembre.
A Saint-Nazaire, les lycéens viennent de faire l’expérience des violences gouvernementales. Ils ont été plusieurs fois gazés devant le lycée Aristide Briant.
Le 10 Novembre, les lycées protestaient contre les conditions d’application des règles de confinement. Ils ont été agressés par la police.
Deux vidéos filmées sous des angles différents montrent la scène suivante : un jeune homme est seul, debout, immobile, les mains sur les bretelles de son sac à dos. Il ne bouge pas quand un policier s’avance et le saisit brutalement en lui passant le bras autour du cou. Alors que le jeune tombe à terre, d’autres policiers viennent aider le premier. C’est indigne !
Là aussi, ces faits ont été connus grâce à la possibilité de filmer la scène, possibilité qui serait remise en cause avec la loi Sécurité globale.
De divers côtés montent la condamnation de la politique répressive du Gouvernement :
- Le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU a déclaré que la proposition de loi dite de sécurité globale porte « des atteintes importantes aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales, notamment le droit à la vie privée, le droit à la liberté d’expression et d’opinion, et le droit à la liberté d’association et de réunion pacifique».
- En France, la Commission Consultative des Droits de l’Homme a déclaré : « En temps de paix, la République n’a jamais connu une telle restriction des libertés». (…) et également : « La CNCDH met en garde contre la banalisation de l’état d’urgence. La banalisation de mesures restrictives des libertés n’est pas admissible. L’urgence ne peut pas être un état permanent ».
- La Défenseure des Droits, Madame Claire Hédon, a déclaré fin Septembre que les mesures de l’État d’urgence sanitaire portaient « une atteinte disproportionnée aux libertés» ; elle s’inquiète de mesures sanitaires qui « viennent considérablement limiter l’exercice des droits et libertés fondamentales ».
Pourquoi toute cette violence et cette volonté du Gouvernement d’empêcher toute contestation ?
Y a-t-il un lien avec son refus de satisfaire la moindre revendication ?
Au lieu de répondre aux nécessités de protection de la population, en particulier sur le plan sanitaire, en renforçant de manière importante les capacités des hôpitaux et les conditions de ceux qui y travaillent, au lieu de défendre les services publics de plus en plus nécessaires, au lieu de défendre l’emploi et d’augmenter les salaires, notamment ceux des fonctionnaires, le Gouvernement préfère empêcher les protestations et réprimer les manifestations !
Le rassemblement d’aujourd’hui à Saint-Nazaire, comme tous ceux qui sont organisés ces jours-ci dans toute la France, montrent qu’il ne réussira pas.
D’autres mesures sont en cours, contre des piliers importants de notre démocratie, en particulier :
- La loi de Programmation de la Recherche remet en cause les libertés académiques, l’autonomie de la recherche, le statut public des chercheurs, et limite la liberté syndicale et la liberté d’expression dans les universités et les campus. Elle prévoit de lourdes amendes (45 000 euros) et même des peines de prison (jusqu’à 3 ans) en cas d’occupation d’une université.
- Le projet de Code de Justice Pénale des Mineurs qui sera présenté à l’Assemblée Nationale le 1er décembre, encore une fois par une procédure rapide, est un projet qui priorise la répression, qui veut aligner la justice des mineurs sur celle des majeurs et qui tourne le dos aux principes d’éducation de la protection judiciaire de la jeunesse de l’ordonnance de 1945.
Dans leurs offensives liberticides tous azimuts, Emmanuel Macron et le Gouvernement s’attaquent à de nombreux acquis démocratiques issus de la révolution Française et de la 3ème République :
- Le Ministre de la Justice vient d’annoncer son projet de modifier la loi sur la presse de 1881. Dans une interview accordée au journal Le Figaro, il détaille son projet : « Je pense que trop de personnes qui n’ont rien à voir avec la presse viennent profiter du bouclier de la loi de 1881 qui protège la liberté d’expression pour distiller des discours en rupture avec les valeurs de la République».
- Cette offensive pour faire taire ceux qui soi-disant « distillent des discours en rupture avec les valeurs de la République» est profondément anti-républicaine et anti-laïque. C’est cette offensive qui est, en fait, contraire aux valeurs de la république! Car enfin si on veut parler de valeurs de la République, il faut inclure l’égalité des droits et la liberté de conscience et d’expression. En République, le droit à l’expression doit être le même pour tous, que l’on soit d’accord ou pas avec les valeurs de la République. Ainsi par exemple vouloir subordonner par la loi l’allocation de subventions publiques aux seules associations qui défendent les valeurs de la République, c’est instaurer une inégalité des droits entre associations, c’est l’inverse de la loi Waldeck-Rousseau de 1901.
- Et on pourrait continuer : la volonté de Macron de limiter, voire supprimer la possibilité de l’école à la maison remet en cause une liberté incluse dans la loi Jules Ferry de 1882. Le Gouvernement ferait mieux d’abroger la loi Debré de 1959 et d’étendre la loi de 1905 à l’Alsace-Moselle et aux DOM-TOM !
C’est contre toutes ces attaques aux libertés que nous manifestons aujourd’hui. C’est pour défendre nos acquis sociaux et républicains. Nous allons porter cette exigence à la Sous-préfecture, et notamment notre détermination à obtenir :
- La fin immédiate de l’état d’urgence.
- L’abrogation de toutes les lois liberticides.
- Et le retour aux droits démocratiques, sociaux, syndicaux et aux libertés de circulation, de rassemblement et de manifestation.