Chers amis, chers camarades,

Situation sociale dramatique

La crise sanitaire ne sombre pas. Elle s’est même accélérée. Avec elle, de nouvelles mesures discutables. Elle accapare notre quotidien, elle chamboule nos existences, elle fait apparaître les carences de nos sociétés, elle met en lumière l’incompétence et l’idéologie de nos gouvernants ; leur manque d’empathie pour la population qu’ils gouvernent.

Les conditions de vie et de travail continuent de se dégrader pour une grande majorité de personnes. Le chômage partiel reste important, la privation d’emploi s’est intensifiée ainsi que la pauvreté. Le travail, qu’il soit en présentiel ou à distance se montre plus agressif pour les travailleuses et les travailleurs, tant à cause des conditions d’exercice que de l’intensification de la charge donnée.

Les salariés de l’intérim et de la sous-traitance ont été les premiers sacrifiés par les entreprises donneuses d’ordre. Nombre d’entre eux n’ont pas retrouvé d’activité.

Les multiples pressions sur les salariés perdurent de manière insupportable. Celle, particulièrement cynique, sur la préservation de l’emploi, via l’Activité Partielle de Longue Durée, s’amplifie et est largement encouragée par ce gouvernement.

La culture et le monde du spectacle sont à l’arrêt, sans perspective de reprise, même si plusieurs études ont démontré qu’elles n’avaient pas été foyer de contamination.

De même, les salariés des secteurs de l’évènementiel, du sport, du tourisme et de la restauration, souvent déjà en situation précaire, sans contrats se retrouvent sans travail, sans aides et sans avenir.

Les attentes des salariés, des privés d’emploi, de la jeunesse, des retraités, sont donc multiples et de différentes sortes. Sur les lieux de travail et dans les lieux de vie, les préoccupations quotidiennes et immédiates sont souvent liées aux conditions de travail, à son organisation ou réorganisation notamment liée aux risques sanitaires, à la préservation de l’emploi, à la reconnaissance salariale, à la dégradation de conditions de vie extrême, au manque de perspectives professionnelles, à la précarité, aux risques en matière de santé, à la désocialisation notamment pour les étudiantes et étudiants ou pour nos ainés.

Jeunesse

En grande majorité, les étudiantes et étudiants doivent travailler pour subvenir à leurs besoins. Hélas, on le sait, nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui vivent dans une précarité totale et la crise n’a fait qu’amplifier leur pauvreté. Certains se sont donnés la mort dans cette période, nous le soulignons car c’est terrifiant et révoltant !

Comment un pays comme le nôtre peut-il laisser sa jeunesse ainsi à la dérive, sans moyens pour être autonomes, sans perspectives d’avenir, juste emmurés dans le vide ?

En France, selon le rapport de l’organisation non gouvernementale Oxfam, il y avait 3 millions de personnes dépendantes de l’aide alimentaire avant la crise financière de 2008, 5,5 millions avant la crise sanitaire de 2020 et il y en aurait maintenant 8 millions.

Gestion crise Covid

Les mesures sanitaires prises par ce gouvernement sont scandaleusement insuffisantes et défaillantes. Elles ne permettent pas une véritable protection de la population et ne répondent pas aux enjeux de santé publique.

Souvenez-vous, nous avons manqué de gel et de masques. Nous avons manqué de seringues, de pousse-seringues, de blouses et de gants. Pas assez d’écouvillons, d’hôpitaux ni de lits. Pas assez de respirateurs, de tests ni de personnels de santé. Et maintenant il n’y a pas assez de vaccin !

Nous avons aux commandes, la 7ème compagnie sanitaire !

Heureusement le président Macron en com réduite sur une chaîne privée, fonction d’état oblige, nous a rassuré. D’ici la fin de l’été, nous pourrons tous avoir notre vaccin grâce à l’Union Européenne.

Avec 2,5 millions de doses du vaccin Pfizer envisagés à la fin février 2021 – et près de 4,5 millions de doses d’ici fin mars, si les autres vaccins en cours d’examen sont bien validés, cette annonce semble bien optimiste !

Nous avons besoin d’un plan vaccinal mondial ambitieux, équitable et solidaire de l’ensemble de la population sur les 5 continents. Or à ce jour, 90 % des vaccins ont été administrés dans les 11 pays les plus riches. Alors que dans les pays du Sud ce sont les plus pauvres et les plus précaires qui sont les 1ères victimes des conséquences de cette pandémie.

L’intersyndicale appelle à ce que les droits de propriété intellectuelle sur les brevets des vaccins soient considérées comme un bien public international. Nous appelons comme d’autres organisations à une distribution juste et équitable à travers le monde et dénonçons les laboratoires pharmaceutiques comme Sanofi qui privilégie les profits au détriment des enjeux de santé publique.

La crise sanitaire que nous vivons met la lumière sur les conséquences mortelles pour la population des politiques de démantèlement des services publics et industriels du pays au profit des actionnaires et des financiers.

Malgré les crises mondiales successives passées, actuelles ou à venir, les choix du gouvernement sont ceux qui profitent à la minorité millionnaire ou milliardaire et non à la majorité de celles et ceux qui sont dans le besoin parfois le plus élémentaire.

Crise économique et sociale et sa gestion

Alors que chaque jour des annonces de licenciements massifs défraient la chronique, le gouvernement nous vend inlassablement son plan de relance.

Macron et son gouvernement sont sans pitié. Même face à l’aggravation de la pandémie et du tsunami social qu’elle entraine, ils ne renoncent à rien de leur programme ultralibéral d’avant les crises. 

Le malheur dans lequel leur politique d’austérité a plongé des millions de salariés et de privés d’emploi, ils la poursuivent et l’aggravent. A marche forcée ils prélèvent les moyens de subsistance des pauvres vers la fortune des riches. Sur 100 milliards d’argent magique, ils donnent plus de 70 % au CAC 40 et moins de 30 % à 30 millions de salariés et d’indépendants qu’ils continuent d’uberiser.

Ils maintiennent la casse de l’assurance chômage qui va diviser par quatre les indemnités des millions de chômeurs.

Ils maintiennent le projet de report de l’âge des départs en retraites alors que l’espérance de vie vient fatalement de se réduire et que les jeunes peinent à trouver un emploi.

Ils maintiennent la suppression progressive des cotisations sociales alors que toutes les protections sociales et en premier lieu la Sécurité sociale en dépendent.

Sécurité sociale renforcée à 100%

Macron appelait à une « révolution » et à la promesse des jours heureux alors que la sécurité sociale, bâtie par Ambroise Croizat à l’après-guerre dans la droite ligne du programme des vrais jours heureux du Conseil National de la Résistance, n’a jamais été aussi directement et frontalement attaquée. Malgré sa fragilisation elle fait toujours preuve de son efficacité.

Face à cette volonté manifeste de destruction de notre bien commun, nous devons redonner vie et sens en ce 21ème siècle aux principes fondateurs de la Sécurité Sociale : unicité (institution unique et obligatoire), universalité (couverture de tous les citoyens), l’uniformité des prestations, solidarité (en cotisant selon ses moyens et en recevant selon ses besoins) et démocratie.

Nous devons reconquérir l’objectif de 100% Sécu mais sans cotisations sociales, sans impôts, il ne peut y avoir d’argent pour le secteur public ni pour la protection sociale.

Cependant, la volonté du gouvernement continue à dégager des milliards d’euros pour les grandes entreprises sans conditions et sans contreparties. Quoi qu’il en coûte !

Traduction : quoi qu’il nous en coûte, nous, la population !

C’est bien notre argent et les richesses que nous créons qu’ils dilapident au profit des grandes fortunes et des groupes d’actionnaires !

S’il ne faut s’attarder que sur un exemple : SANOFI gagne de l’argent avec le Covid-19, a gagné plus d’un milliard avec le CICE et le Crédit d’Impôt Recherche et annonce vouloir encore supprimer 400 postes dans la recherche et le développement en France. Et SANOFI abreuve de milliards ses actionnaires au-delà même de ses bénéfices !

Prise de conscience – mobilisation des travailleuses et travailleurs

Malgré les crises sanitaires, économiques et sociales le gouvernement continue ses politiques régressives et répressives, en faveur des plus riches.

Aujourd’hui encore plus, avec les inégalités qui explosent et les sommes colossales déversées aux entreprises du CAC 40, le système est de plus en plus visible, discrédité et contesté. Les actionnaires continuent de toucher leurs dividendes alors même que ce sont les contribuables qui payent le chômage partiel.

Les travailleurs de l’ombre, Macron ne les met en lumière que lorsqu’il en a besoin, mais il les éteint vite !

Nous pouvons dire qu’une prise de conscience de la lutte de classes, même minoritaire, s’affirme et pourrait encore se renforcer. Ceux et celles « d’en haut », assimilés au pouvoir, à la possession des richesses sont de plus en plus rejetés. Cette défiance se traduit par des luttes et des mobilisations diverses et variées qu’elles soient syndicales, sociales et sociétales.

Attaques contre libertés

Le pouvoir en place cherche à tout prix à empêcher les forces militantes, toutes celles et ceux qui chercheraient à s’organiser collectivement pour peser dans le débat public.

Les dispositifs liberticides tel le projet de loi de sécurité globale, le nouveau schéma du maintien de l’ordre, le renforcement et le développement des fichages sont des outils adoptés en urgence, à la main d’un gouvernement de plus en plus autoritaire, sans souci du respect des droits humains.

Ils semblent répondre simplement à une volonté de généraliser une surveillance accrue et massive de la population, d’empêcher les professionnels de la presse et de l’image d’exercer leurs missions d’analyses et d’information, d’empêcher les salariés, les privés d’emploi et les retraités de s’organiser pour défendre leurs intérêts, pour conquérir de nouveaux droits et garanties sociales.

L’intersyndicale CGT-FSU-Solidaire s’est engagé pour la défense de nos droits et libertés, contre ces projets de lois liberticides depuis le 27 novembre 2020 avec d’autres collectifs, organisation syndicale et associations. Nous étions encore dans la rue le 30 janvier dernier et nous allons poursuivre cette mobilisation.

Séparatisme et dérives extrême-droite, lutte contre le racisme

De la même manière, le projet de loi « séparatisme » a pour vocation de diviser, de stigmatiser, de contrôler et de réprimer, de dévoyer la laïcité et de détourner les devises républicaines. Ce projet a des relents nauséabonds en stigmatisant particulièrement les populations musulmanes.

Tout en affichant être un rempart contre les idées d’extrême droite, Macron et son gouvernement en sont, en réalité, des vecteurs.

L’expression de la xénophobie et du racisme n’a pas sa place dans nos manifestations. En réponse nous ferons simplement référence à Alain Finkielkraut, viré de LCI pour sa pensée déliquescente : « Taisez-vous ! ».

A la CGT, à la FSU et chez Solidaires, nous l’affirmons et le dénonçons depuis toujours : ce qui crée le séparatisme, provoque la ségrégation et le racisme c’est le capitalisme. C’est le capitalisme qui met à̀ mal les politiques publiques, les services publics, la cohésion sociale, la protection sociale et provoque les inégalités, la précarité, le chômage et la misère.

Droits des femmes, égalité F/H

Dans les perspectives de mobilisation, nous avons d’ores et déjà la date du 8 mars, journée internationale de mobilisation et de lutte pour les droits des femmes.

Dans le contexte de cette pandémie qui accentue l’écart des revenus, une part importante de la population s’appauvrit. Les inégalités touchent plus durement les femmes et les minorités, une population qui était déjà parmi les plus précarisées et les plus nombreuses dans les secteurs fragilisés par la COVID.

Dans le monde, 740 millions de femmes travaillent dans le secteur informel, un secteur où les effets de la pandémie ont été particulièrement sensibles puisqu’il s’agit souvent de services à la personne. Le revenu de ces femmes aurait reculé de 60 %.

Les femmes sont particulièrement touchées par cette crise car elles sont les plus nombreuses dans les métiers précaires et les moins rémunérés, mais aussi dans les emplois à temps partiel imposés. Travailleuses dans la santé, les activités sociales, dans l’éducation, dans l’aide à domicile et la propreté, dans le commerce et la grande distribution, les ATSEM, les assistantes maternelles, toutes indispensables mais invisibilisées et sous payées.

Il est urgent d’investir dans le secteur des soins et du lien, revaloriser tous les métiers à prédominance féminine et gagner l’égalité Femme/Homme.

Mobilisations, revendications et suites

L’intersyndicale composée de la CGT, de la FSU, de Solidaires et des organisations de jeunesse a donc lancé un processus de mobilisation dès le mois de décembre 2020 pour aboutir à cette journée interprofessionnelle nationale d’aujourd’hui.

De nombreuses mobilisations ont eu lieu nationalement dans le spectacle contre la politique du néant culturel, dans l’énergie contre les projets Clamadieu et Hercule (Mathieu), dans la santé et le médico-social, dans la métallurgie, parmi les organismes sociaux, dans l’éducation nationale, dans les transports et dans les services publics.

Pas un secteur d’activité n’échappe aux motifs de grogne, ni aux revendications par des actions diverses. Pour défendre nos emplois ou ceux de nos collègues sous-traitants, demander plus de moyens, de meilleures conditions de travail.

Dans le bassin nazairien, les mobilisations, les débrayages et les grèves ont traduit la détermination de nombreuses travailleuses et travailleurs à se faire entendre sur ces appels nationaux, mais aussi sur des actions locales : chez TOTAL, chez MAN Energie -Solution, chez AIRBUS, STELIA et DAHER, dans la concession CITROËN Océanis où 4 vendeurs ont engagé une grève reconductible de 3 semaines.

Cette journée de mobilisation est l’occasion de fédérer toutes ces colères, de construire les revendications pour toutes et tous, pour répondre aux besoins de toute la population.

La lutte contre le chômage et la précarité, l’avenir de la jeunesse et la réussite de la transition écologique imposent la création de millions d’emplois. Cela passe aussi par le partage et la réduction du temps de travail.

Il faut préserver l’emploi en arrêtant tous les plans de suppression d’emplois en cours ou survenus en 2020.

Les aides publiques doivent être contrôlées et conditionnées, ceci tant socialement qu’écologiquement.

Il faut un véritable plan de relance combinant investissement public massif, en particulier dans les services publics, tel la santé et l’action sociale et le soutien des revenus des plus fragilisés ou précaires.

En 2020, 60 milliards d’euros de dividendes ont été versés. Cette somme complète allègrement les 100 milliards de relance pour financer les mesures sociales, économiques et environnementales.

La revalorisation du SMIC, des minimas sociaux, des allocations et des pensions (nos camarades retraités interviendront) est une réponse rapide et efficace pour faire reculer la pauvreté. Il faut une assurance chômage qui garantisse réellement des conditions de vie décentes à l’ensemble des travailleuses et travailleurs y compris les jeunes en recherche de 1er emploi.

Pour porter ces revendications, mais aussi toutes celles portées par les collectifs de salariés dans chaque entreprise et chaque service, il faut construire le rapport de force, et faire converger nos mobilisations. Les exemples de luttes victorieuses ne manquent pas lorsque les travailleuses et travailleurs s’organisent collectivement.

Il faut continuer à travailler l’espoir. Nous avons des projets pour un avenir meilleur ? Mettons-les en pratique. Prenons notre président au mot, gagnons ces jours heureux pour nous tous, femmes, hommes et toutes générations confondues !