Plus jamais ça !
Camarades, avez-vous remarqué ? Ces derniers temps on entend, bon c’est vrai il faut tendre l’oreille, il faut bien choisir sa fréquence, mais tout de même on entend des paroles semées sur les ondes, des mots qui se veulent magiques.
Geoffroy Roux de Bézieux au micro de France-Inter, je cite : « (…) il y aura forcément des augmentations [de salaires] assez significatives. » Et Jean Castex qui surenchérit et insiste dans les Echos pour que les branches professionnelles augmentent les salaires… ce qui finit par inquiéter le président du MEDEF sur LCI car il ne s’agirait pas qu’auditeurs et téléspectatrices s’imaginent qu’il faille prendre au sérieux les revendications d’augmentation conséquente du SMIC portés depuis si longtemps par nos organisations syndicales.
Cette année, pour la première fois, le Parisien, Le Point, Ouest-France, les Echos, le Figaro mais aussi BFMTV, LCI, France-Info… (désolé la liste n’est pas exhaustive…) se sont penchés sur le rapport de l’OCDE qui classe les enseignants français en queue de peloton des rémunérations… alors que depuis une décennie, la FSU dans sa conférence de presse de rentrée scolaire présente les conclusions de ce rapport pour argumenter ses revendications.
Les raisons de ce nouveau couplet d’une rengaine qui se voudrait populaire ? Peut-être un sondage qui place les difficultés liées au pouvoir d’achat juste derrière l’épidémie de COVID 19 comme source d’inquiétude… ou des échéances électorales qui sont le moment opportun pour entonner des paroles et paroles et paroles ; encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots ; rien que des mots, des mots magiques, des mots tactiques qui sonnent faux.
Parce que lorsqu’il s’agit d’agir, avez-vous remarqué ? Le gouvernement si prompt à vanter les réformes structurelles pour s’attaquer à la Protection sociale n’a que le sparadrap quand il s’agit du pouvoir d’achat. « Chèque énergie », « bouclier tarifaire » : encore des mots, toujours des mots. Un pansement qui se décollera en mai dans un heureux hasard de calendrier électoral.
« Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché » déclarait le président Macron en mars 2020 à propos de la santé. Paroles et paroles et paroles.
Quand il s’agit d’agir : 5 738 lits supprimés dans les hôpitaux rien que pour l’année 2020, 25 disparitions d’établissements. Ce ne sont ni les chiffres des syndicats, ni ceux de la police mais bien la réalité que reconnaît le gouvernement.
De discours en discours, j’aime à répéter ces propos d’Emmanuel Macron, et je le ferai encore souvent, car il a raison : la santé est un bien commun qui doit sortir de la loi du marché… comme l’énergie, le logement, le transport et l’éducation.
Si un temps, le gouvernement a été obligé de reconnaître qu’on ne pouvait pas appliquer une saignée en temps de pandémie, il n’a que retardé l’application de la réforme de l’Assurance chômage qui durcit les conditions d’accès aux droits et indemnisations, qui diminue celles des privé·es d’emploi en particulier les plus précaires.
La réforme de destruction de notre système de retraite reste dans les têtes de tous les candidat·es, et ils sont nombreux·euses, qui veulent poursuivre le démantèlement de l’héritage du Conseil National de la Résistance.
Le gouvernement se saisit de la crise sanitaire pour accélérer l’application de son plan poursuivant la destruction de l’état social.
Il profite de l’effet de sidération paralysant que génère le traumatisme de la pandémie, il l’entretient par un autoritarisme lié à sa logique ultralibérale pour imposer, via la mise en œuvre du passeport sanitaire, un contournement du droit du travail.
Nos lendemains vont se préparer dans les six prochains mois. Déjà la drague s’attaque au fleuve de l’opinion, on voit remonter à la surface la lie des idées.
Il est hors de question de se contenter de grands mots, de déclarations d’intention, de formulations creuses.
Il est hors de question de se laisser confisquer la parole.
Le monde de demain sera immanquablement le monde d’aujourd’hui si ensemble nous ne nous faisons pas entendre.
Mais prendre la parole ne suffit pas, il nous faudra imposer l’écoute.
Un discours à cette tribune n’a de force que par le nombre de grévistes sur cette place.
Les sans-voix, les sans-droits, les sans-logis, les sans-travail, les sans-avenir ne peuvent imposer leurs revendications que par l’action… grévons, manifestons, occupons, pétitionnons…
L’heure n’est plus à sortir de la crise sanitaire mais à rompre avec tout ce qui l’a nourri pour en faire une crise sociale : le capitalisme effréné néolibéral et productiviste.
L’heure est venue d’en finir avec le capitalovirus.
L’heure est à bâtir un monde qui cesse d’exploiter la planète et les humains.
L’heure est à la transformation radicale qui s’appuie sur la solidarité et la justice sociale et non sur l’individualisme et les profits de quelques-uns.
L’heure est venue de se faire entendre et de clamer ensemble : « Plus jamais ça ! »