Non à la répression des enfants !
Oui à la protection et à l’éducation !

Imaginez ! Vous avez 10 ans. Il est 7h, vous dormez encore ou venez juste de vous lever pour aller en classe, vous êtes en CM2. Soudain on tambourine à la porte, ce sont des policiers cagoulés et armés, ils entrent comme entrent une dizaine de policiers cagoulés et armés dans un appartement… Ils ne viennent pas pour votre grand frère, ils ne viennent pas pour vos parents, ils viennent pour vous. Ils viennent vous emmener au commissariat et vous interrogez. Vous l’enfant de 10 ans !

C’est ce qu’ont vécu 4 élèves d’Alberville le jeudi 5 novembre parce qu’ils ont tenu des propos « violents » et « inquiétants » lors de l’hommage rendu dans leur classe à Samuel Paty.

Sans aucun doute, il faut désapprouver leurs propos. Il faut les reprendre dans le cadre d’un travail éducatif et pédagogique. Mais, face à des mots d’enfants, il est inacceptable d’interroger des enfants de 10 ans pendant 9 heures, inacceptable d’utiliser des procédures proches de celles réservées aux adultes.

Malheureusement, ne pensez pas qu’il s’agisse-là d’une énième bavure. Le Ministère de l’Intérieur explique que la police a strictement respecté le cadre légal, qu’ils ne sont pas intervenus à une dizaine en étant cagoulés et armés pour faire peur !

Malheureusement, ne pensez pas qu’il s’agit-là d’un cas circonstanciel de lutte contre le terrorisme. L’esprit des lois en 2020 est d’appliquer strictement le cadre légal qui n’a pas encore été voté. Le 1er décembre, dans une procédure rapide, le Code de Justice Pénale des Mineurs sera présenté à l’Assemblée Nationale pour une mise en œuvre le 31 mars 2021.

Ce code marque un alignement de la justice pénale des mineurs sur celle des majeurs. Il est à l’opposé de tous les principes constitutionnels énoncés dans l’ordonnance de 1945 qui priorise l’éducation plutôt que la répression. Les éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse seront réduits à un rôle de contrôle d’interdictions et d’obligations judiciaires.

Ce qu’ont subi les élèves d’Alberville ou deux collégiens de Strasbourg préfigure ce que le Gouvernement entend par justice : toujours plus de contrôle, toujours plus de répression… y compris à l’encontre des enfants, nos enfants, vos enfants !