Notre pouvoir : le travail
Il y a 70 ans, Boris Vian en écrivant sa chanson, Le déserteur, imaginait encore qu’un Président pourrait lire une lettre d’un simple citoyen. Au XXIe siècle, en 2023, en France, plus personne ne peut le croire.
Le Président Macron a poussé à son paroxysme la présidentialisation de nos institutions. Il entraîne notre pays vers une démocratie autocratique où le ou la vainqueur d’une élection, tous les cinq ans, s’octroie tous les pouvoirs en ignorant la démocratie politique que représentent les député·es pourtant eux aussi élu·es au suffrage universel, en bafouant la démocratie sociale que représentent les organisations syndicales qui elles aussi tiennent leur légitimité d’un vote : les élections professionnelles.
Il feint d’ignorer qu’en France, la démocratie s’est toujours construite avec une participation de son peuple dans la rue. 1789, 1848, 1870, 1936, 1968… sont les dates les plus marquantes de la conquête des libertés et des droits sociaux.
De tout temps le pouvoir a répondu par la violence. Un 1er mai, la fusillade de Fourmies est obligatoirement dans nos mémoires. Mais depuis 1891 quel changement ? En 2023, on utilise encore des armes létales pour tuer la contestation. A Ste-Soline, pour ne prendre que le dernier exemple en date, le pronostic vital a été engagé pour deux manifestants blessés très grièvement.
Un pouvoir qui se sent tous les droits est un pouvoir de tous les dangers. Danger pour la démocratie. Danger pour les personnes.
Ce 1er mai 2023, ensemble, nous devons nous opposer à ce pouvoir aveugle et sourd, à ses dérives autoritaires et liberticides, de son utilisation des armes constitutionnelles 44-3, 47-1, 49-3 à ses tentatives d’étouffer les voix contestataires de la Ligue des Droits de l’Homme ou Les Soulèvements de la Terre.
Ces derniers mois, nos organisations syndicales ont su faire vivre un Tous ensemble unitaire et populaire pour réunir des millions de personnes avec les mêmes revendications. Mais de ce côté de la place, nous, représentant·es de la démocratie sociale, nous n’avons de pouvoir que les mots, celui de faire entendre la voix de millions de Françaises et Français. De l’autre côté de la place, à l’atelier, au bureau, nous, travailleuses et travailleurs, nous avons dans nos mains le véritable pouvoir : le travail, parce que la seule richesse d’un pays c’est celle que nous produisons. Aucun discours, aucune lettre ne fera entendre raison à monsieur le Président… alors camarades, à pleine main, saisissons ce pouvoir.
Monsieur le Président
nous n’écrirons pas de lettre
Nous ne mendierons pas notre vie
sur les établis de France
Monsieur le Président
de Bretagne jusqu’en Provence
nous dirons au peuple de France :
« Refusez de vous laisser faire
Refusez une vie de galère »
Monsieur le Président
prévenez bien vos gendarmes
que nous avons pour toute arme
que nos larmes et notre sueur
et quand elles deviennent colère
elle abat des gouvernements
Erick Lermusiaux