Quand sur l’espoir vaincu s’incline le triple A
L’astreinte d’austérité altère l’altérité
Quand la pensée progresse en trois subordonnées.

Plus de 300 milliards d’euros s’envolent chaque année des richesses produites par le travail vers les dividendes des actionnaires et l’aide à l’endettement des entreprises. Au nom de la « compétitivité » un plan gouvernemental, inspiré par le rapport d’un patron dit de gauche, va sur trois ans nous imposer une cure d’austérité. Cette orthodoxie budgétaire relève d’un brevet de libéralisme totalitaire pour qui les coûts du travail vivant (l’emploi) et les services publics sont des boulets incompatibles avec le progrès. Même s’il ne repose pas sur une baisse massive des cotisations sociales (il n’y a pas d’attaque contre nos régimes de solidarité) il n’en reste pas moins que le choc de compétitivité a recours à l’augmentation de la TVA. Ce qui est d’une injustice évidente pour les ménages les plus modestes. Car ce sont les ménages qui vont financer principalement le plan gouvernemental. Les services publics (État et collectivités) vont encore subir des coupes franches.

La RGPP est désormais bannie, mais moins dans le concept que dans la terminologie. La MAP la remplace : « Modernisation de l’Action Publique ». Elle la prolonge avantageusement en continuant à rogner sur les emplois, les missions et la voilure publique. L’éducation nationale est épargnée mais on voit bien que, même dans ce secteur préservé, chaque jour apporte son nouveau lot d’ambitions qui se contractent, de réformes qui s’amenuisent.

Les patronats ont une obsession : réduire la masse salariale. Ils y arrivent assez bien, en particulier dans l’industrie où 750 000 emplois ont été détruits en 10 ans. La filière ArcelorMittal, STX et avec eux une dizaine d’autres secteurs industriels sur notre département sont dans l’œil du cyclone. Le salariat est malade de la peste. Tout le monde en est frappé. Les salaires régressent, les retraites s’amenuisent, les pressions fiscales explosent. Où allons-nous ? Le discrédit de la classe politique se vérifie de manière inquiétante. Le nouveau gouvernement et sa majorité le subissent. Il vient de leur propre électorat. La FSU ne s’en réjouit pas. Elle constate l’accumulation de décalages entre des intentions de campagne et des contingences de gouvernement. Mais le mal est plus profond dès lors qu’il touche globalement les institutions collectives, y compris le syndicalisme salarié. Il touche à la construction de la fabrique d’espoir dont une société est capable. La France a eu cette réputation dans l’Histoire. Elle l’a perdue.

Notre congrès va avoir à cultiver son entrée syndicale de nos problèmes de société. Car le syndicalisme n’est pas un appendice de partis politiques. Il doit se garder, pour regagner de l’audience, d’emboucher des formules toutes faites issues du prêt à penser politicien. Travailler les questions d’unité et de solidarité du salariat (qui intègre les retraités) est une nécessité pour reconstruire le syndicalisme qui en a bien besoin. Sans nouvelles conquêtes syndicales, sans regain d’adhésions actives, nous ne ferions que subir l’avenir, unis comme dans un mauvais roman : un pour tous et tous pour rien. Souhaitons-nous un congrès de consciences critiques.

Didier HUDE