Tous les gouvernements qui se succèdent et ne veulent, ou ne peuvent pas dévier de leur ligne invoquent les vertus de la « pédagogie ». Les leçons, il faut croire, ne servent à rien, ou à si peu.

La pédagogie peut-elle rendre plus acceptable une austérité érigée en fatalité ? Globalement, il y a sanction de l’opinion contre le gouvernement et l’Elysée. Le décrochage est tel qu’il atteint les populations les plus modestes, le « camp » électoral du pouvoir en place. C’est le plus grave en conséquences. Ainsi, malgré des réformes dont certaines vont dans le bon sens, le « cœur à gauche » des enseignants n’empêche pas de batailler contre des rythmes scolaires mal préparés, une rentrée scolaire 2013 qui s’annonce très mauvaise dans les lycées et collèges, une université malade de la loi LRU, vouée au spectre de la privatisation et de la sélection sociale accrue.

L’austérité on connaît : chômage en hausse constante, menaces sur les retraites, spectre de fiscalisation des allocations familiales, détérioration gravissime du code du Travail (ANI), augmentation des taxes carburant et de la TVA, prolongement de la RGPP par la MAP dans la fonction publique où les suppressions d’emplois et de services publics continuent… Dans ce marasme d’austérité, il y a fort heureusement des signes positifs pour la Loire-Atlantique (STX, Airbus). Mes ces signes n’empêchent en rien un amer constat qui décape : les revenus des dividendes et des actionnaires continuent à progresser alors que les salaires patinent, le chômage s’envole avec ses détresses. Ce gouvernement, comme les autres, a intégré les logiciels de l’économie mondiale financiarisée. Les coupes dans le budget de l’Etat et dans la protection sociale c’est à l’évidence les plus faibles, les territoires les moins bien lotis, qui vont les prendre de plein fouet.

Le paradoxe est cruel. Il y a un an, nous savions que la politique antisociale devait être condamnée, sans regrets. Aujourd’hui, trop d’éléments ressemblent à ceux d’hier. Parmi les syndicats, certains ont décidé de baisser leurs exigences, d’accompagner des régressions au nom d’un « effort » illusoire. Mais baisser le niveau d’exigence sociale n’est pas la solution. L’histoire, avec ou sans pédagogie, nous l’a brutalement appris. Les échéances électorales de 2014 n’ont rien de réjouissant. Peser dans le rapport des forces s’impose pour faire bouger les lignes du gouvernement, car ni la politique du pire, ni celle d’un patronat triomphant ne peuvent offrir des perspectives pour les gens d’en bas.

Didier Hude