L’avant-projet de loi Travail a mis le feu aux poudres. Ce gouvernement voué au dogme libéral, notre président en trompe l’œil, ne tiennent plus qu’une tige de rose dont tous les pétales sont tombés. Certes, le syndicalisme de transformation sociale a très vite su qu’il avait été berné par un candidat libéral déguisé en socialiste, mais de là à imaginer une mise à mort du Code du travail où on substitue à la protection des salariés celle des employeurs ! Bravo ! À moins d’un an du terme du quinquennat ce n’est plus du courage, mais le point d’orgue de la trahison.

Tout l’avant-projet tient dans le préambule et l’article 1. Il renverse la raison d’être du Code du Travail limitant les droits des salariés aux fourches caudines des employeurs. Les corrections apportées pour mettre de son côté les syndicats d’accompagnement et le syndicalisme étudiant de droite ne modifient en rien la philosophie politique du texte. Elle n’est pas portée par une quelconque modernité mais par une conception réactionnaire au sens plein du terme : le retour en arrière. La droite parlementaire ne s’y est pas trompée, le MEDEF non plus : ils applaudissent. Et, comme d’habitude désormais, certaines organisations de salariés vont négocier les virgules de l’exploitation salariale, allant jusqu’au bout du schisme syndical.

En Loire-Atlantique l’intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF a décidé d’un cycle d’action 9, 17, 24 et désormais 31 mars pour s’opposer aux volontés patronales, gouvernementales et syndicales qui organisent de facto la coupe réglée de la France sur les ajustements ultralibéraux voulus par l’Europe depuis 2007 sur le travail réduit à un « marché ». Appliquées en Allemagne, en Italie, en Espagne, en voie d’imposition en Grèce, ces conceptions accouchent de salaires au rabais, de travailleurs pauvres précarisés. C’est tout le modèle social français de redistribution qui est en passe d’être détruit.

Si au cours du printemps la loi dite El Khomri est votée, le coup d’après sera la destruction du statut de la fonction publique. Déjà les sirènes de la droite parlementaire et du gouvernement actuel distillent la fin du régime des pensions civiles et militaires, le remplacement du statut de titulaire par celui du CDI harmonisé avec celui préparé dans le futur code régressif du Travail.

Si par mégarde des fonctionnaires pensent qu’une augmentation de 1,2% du point d’indice étalée sur un an les dispense de rejoindre les jeunes et les salariés du privé, ils font une erreur considérable. La cible d’après : c’est eux. Mais au-delà d’eux, c’est bien plus grave. C’est toute une conception des services publics, tout un système de réduction des inégalités sociales qui s’effondrerait. C’est le dernier modèle d’emploi sécurisé qui disparaîtrait. Nous n’avons pas le droit de rester dans nos classes, sur nos lieux de travail le 31 mars. Notre devoir de citoyen, de salarié solidaire des précaires est de cesser le travail pour que le 31 mars ne soit pas un point d’orgue mais le début d’un printemps de mise en échec d’un gouvernement et d’un président désormais définitivement discrédités.

Le 31 mars la grève doit devenir générale pour que notre régime de monarchie présidentielle ne puisse pas dire comme Louis XV « après moi le déluge ». Opposons à ce régime tantôt humiliant, tantôt humilié un autre slogan dans la rue : « avec nous le dégel » !

Didier HUDE