Les portes s’ouvrent, les heures dehors s’allongent, un jour, peut-être bientôt, tomberons-nous le masque. La vaccination fait espérer un recul du virus. Il souffle une légère brise de liberté mais pourtant… Le fond de l’air est vicié d’une autre pestilence. Cette difficile et longue période, pour les jeunes comme pour les personnes âgées, pour les salarié·es surmobilisé·es comme pour celles et ceux licencié·es, devrait nous solidariser pour construire ce monde d’après que nous espérons. Alors que les questions de justice sociale et les urgences en termes de changement climatique et de biodiversité devraient être au cœur des préoccupations, ce sont les pires des idées, celles de la division et de l’exclusion, qui viennent gangrener le débat public en cette période d’élections régionales et départementales.
Nous ne pouvons dénoncer et nous soulever contre la montée des idées de l’extrême droite sans nommer la responsabilité évidente des gouvernements des dernières décennies qui, par leur choix politiques privilégiant le seul dogme économique libéral, ont bradé les politiques sociales et démocratiques. Les lois « sécuritaires », celles qui stigmatisent une partie de nos concitoyens, sont déjà des reculs considérables qui rendent grotesque les agitations indignées face au projet du RN de celles et ceux qui les ont votées. Elles font peser la suspicion sur tout un tissu associatif qui depuis des années pallie aux manquements de l’État, et reste souvent le seul lien social sur des territoires abandonnés par les politiques publiques. L’heure est à la surenchère, laissant ainsi l’extrême droite politique comme médiatique décider de ce qui doit faire discussion et projets. Les programmes des candidat.es aux élections régionales en vont jusqu’à oublier quelles sont les compétences devant être mises en œuvre pour les citoyens : l’obsession sécuritaire a pris le pas sur la formation professionnelle, sur la culture, sur le tourisme, sur le développement économique ou le fonctionnement des lycées, sur les enjeux de transition écologique. Leur responsabilité est immense, car en faisant ainsi ils font progresser voire gagner l’extrême droite, offrant une victoire sans urne au parti qui en porte l’idéologie. Et qui n’a ainsi plus besoin de bouger pour mettre en œuvre son projet de haine, les autres s’en chargeant pour lui.
Face aux idées de l’extrême droite, et pour refuser ce monde de rejet, de méfiance et d’atteinte aux libertés et à la justice dont nous ne voulons pas, il nous faut expliquer au plus près des salarié.es les conséquences et les reculs en termes de droit du travail, de droits des femmes, de protection de la planète, de recul des services publics… que portent ces idées. La section départementale, engagée dans le 12 juin, fait de cette date une étape et a décidé d’inscrire ce combat dans la durée. Car notre place n’est pas dans le calendrier électoral, et pour s’opposer aux extrêmes droites il faut inventer d’autres formes de mobilisations : débats, stages, meetings… Les reculs partiels sur la loi dite de sécurité globale sont le fruit de nos mobilisations, syndicats et associations, et de notre volonté à porter le débat dans la rue auprès des citoyen·nes. Il est donc important que ce combat d’idées s’inscrive dans la durée et dans le quotidien de celles et ceux qui sont inquiets de l’état du monde, pour mettre à jour et à bas l’imposture.
Catherine TUCHAIS, Bernard VALIN