Au début de cette année 2019, la FSU de Loire Atlantique a décidé d’appeler à s’associer à la mobilisation des Gilets jaunes, après une période d’observation et d’écoute attentive de ce qui était en mouvement. Cette période était nécessaire pour deux raisons : d’abord parce que les Gilets jaunes voulaient exister en dehors des circuits habituels de mobilisation sociale, avec parfois une certaine méfiance vis-à-vis des syndicats ; et parce qu’il était nécessaire que nous prenions le temps de regarder ce qui faisait écho à nos propres revendications syndicales. Le mouvement des gilets jaunes a su faire la démonstration, par son inscription dans le temps et par sa popularité non démentie, que le gouvernement pouvait être déstabilisé.

Mais loin de revenir sur ce qui fait le substrat de sa politique antisociale, le président de la République a continué d’afficher de manière hautaine le maintien d’un cap autoritaire et doctrinaire qui creuse les injustices. Le grand débat n’a été que le paravent pour dissimuler le travail de sape des réformes en cours : retraites, éducation, fonction publique, assurance chômage, finances publiques… Pour que le mouvement social et la pression ne s’essoufflent pas, nous avons décidé de manifester, sur des bases syndicales, notre solidarité et nos aspirations partagées avec les Gilets Jaunes. Ainsi la FSU de Loire Atlantique a-t-elle été dès janvier à l’initiative d’une intersyndicale avec la CGT et Solidaires pour construire le rapprochement avec des Gilets jaunes réunis en assemblée locale. Nous étions à leur côté le samedi 26 janvier, et ils ont appelé avec l’intersyndicale lors des grèves interprofessionnelles des 5 février et 19 mars. Les rencontres que nous avons avec eux nous invitent à faire preuve de modestie dans notre action, et à réélaborer nos catégories d’analyse sur «la chose» politique, ainsi que sur les débats et l’organisation de notre République.

La mobilisation d’ampleur qui se construit depuis janvier dans le secteur de l’éducation nationale en réponse au projet de Loi Blanquer sur l’école, à la réforme des Lycées et à ParcourSup, s’inscrit dans cette vitalité et cet élan. Par l’inventivité des actions, par le lien construit en proximité avec les parents, par le temps pris pour expliquer la dangerosité des réformes à venir, les syndicats de l’éducation ont pu bâtir une mobilisation large, qui a fait le gros de la manifestation interprofessionnelle du 19 mars. Ce jour là, les grévistes dans le 1er degré étaient plus de 50%, taux jamais vu depuis 15 ans. C’est un signal qui fait du bien, et nous espérons que ces mobilisations puissent redonner courage aussi aux salariés d’autres services publics, déjà amplement détruits par les réformes antérieures (RGPP, MAP…), à ceux et celles du secteur associatif précarisé et appauvri, pour qu’à leur tour ils réinvestissent la lutte et se joignent à d’autres mobilisations d’ampleur, dans un cadre fédéral et intersyndical. Ainsi nous pourrons dire encore plus fort, en mettant à jour les solidarités entre nos différents champs, notre refus d’une politique de destruction massive de nos droits fondamentaux, à l’éducation, à la santé, à la protection dans tous les moments de notre vie.

Catherine TUCHAIS