Un combat au quotidien

Cher·e camarade, je vous propose de participer à un quizz.

Première question : Qui demande en septembre aux branches professionnelles d’augmenter les salaires et confirme en décembre qu’il n’augmentera pas le point d’indice de ses agent·es ?
Réponse A : Geoffroy Roux de Bézieux.
Réponse B : Jean Castex, 1er ministre de l’Etat français.
Réponse C : Quelqu’un qui pense que l’Etat fait son boulot mais qu’il ne peut pas tout faire.

Question 2 : Qui propose un traitement indiciaire à l’embauche qui aboutit à une rémunération, hors prime, inférieure au SMIC ?
Réponse A : Bernard Arnault.
Réponse B : Jean Castex, Amélie de Montchalin, Bruno Le Maire et Olivier Dussopt, ministres de l’Etat français.
Réponse C : Quelqu’un qui pense que ce n’est pas bien grave puisque ce n’est que pour 3 ans. Dès l’échelon 4 de la catégorie C1, le traitement dépassera de 4 € le SMIC.

Question 3 : Qui affirme sur les médias : « On ne peut pas vivre dignement avec 800 euros par mois » et ignore que l’Éducation nationale rémunère 805 € pour un CDD de 24h par semaine des Accompagnants des Enfants en Situation de Handicap ?
Réponse A : Vincent Bolloré.
Réponse B : Agnès Panier-Runacher, ministre déléguée de l’Etat français.
Réponse C : Quelqu’un qui pense que mieux vaut des travailleurs pauvres que des chômeurs.

Mille excuses, avec ces questions, je ne cherche pas à avantager les personnels que syndique la fédération que je représente pour qu’ils trouvent les réponses à mon misère-quizz… il s’agit de s’interroger pour comprendre quel employeur est l’État ?

Quand le gouvernement se contente pour le SMIC comme pour la retraite de base de la revalorisation mécanique prévue par la loi, soit au 1er janvier, 0,9% pour le salaire minimum, 1,1% pour la retraite alors que flambent les prix des produits de première nécessité, l’énergie comme l’alimentation, il donne le tempo des négociations annuelles obligatoires du privé. Au rythme impulsé par le gouvernement, les minimas de branches resteront encore longtemps en dessous du salaire de base minimum.

La doctrine libérale qui considère le salaire comme un coût est martelée jusque dans des cours de SES destinés aux lycéen·es. Réduire les coûts de production en réduisant le « coût salarial » pour augmenter les bénéfices est une obsession qui ne date pas de l’élection du président-banquier… et ils sont nombreux sur la ligne de départ de la prochaine course présidentielle à entonner le même refrain. Que leur importe si dans le même temps se multiplient ces femmes qu’on ne saurait voir : les travailleuses pauvres.

En revendiquant des augmentations, nous ne devons pas nous contenter de regarder le chiffre en bas de la feuille de paie. Tout le monde n’est pas salarié·e. Il nous faut combattre pour gagner une augmentation de ce que Bernard Friot appelle le salaire total, c’est çà dire le salaire net auquel s’ajoutent les cotisations sociales du salarié et celles de l’employeur. C’est l’autre antienne libérale : les cotisations sociales seraient des charges. Les gouvernements se sont succédés avec cette seule recette : l’allègement, voire l’exonération, des cotisations sociales patronales. Tout cet argent, c’est dans la poche de notre Protection sociale qu’il est pris, dans la poche des privé·es d’emploi, dans la poche des malades, dans la poche des retraité·es.
En asséchant les recettes, les gouvernements agitent la muleta du « trou de la sécu », du « déficit de l’UNEDIC » pour imposer la baisse des allocations de l’assurance chômage… pour justifier la destruction de notre système de retraite.

Quand il s’agit de la Protection sociale, le gouvernement se vante de vouloir mener des réformes structurelles. Mais quand il s’agit de pouvoir d’achat, il ne pose que des sparadraps : celui du « chèque énergie » se décollera bientôt, celui de l’« indemnité inflation » de 100 €, c’est-à-dire 8,33 € par mois pour un an seulement, ne couvrira pas toute la plaie, et la hausse de 10% du barème de l’indemnité kilométrique ne bénéficiera pas à celles et ceux qui en ont le plus besoin.

Nous ne nous contenterons pas des aumônes indemnitaires qui nous divisent et nous paupérisent. La réparation des déséquilibres sociaux perpétrés par les politiques libérales ne peut passer que par l’augmentation du SMIC, par la hausse généralisée des salaires dans le public et le privé, par la hausse des pensions et des minimas sociaux et par une politique de l’emploi.

Pour terminer comme j’ai commencé, en passant par la lucarne de la télévision, je vous rapporte ces paroles de Thierry Marx, le chef étoilé qui a nourri Thomas Pesquet, il a sans doute plus l’habitude de côtoyer des premiers de cordée que des premières lignes. A propos de la baguette à 29 centimes, il opposait la « théorie du low-cost, du tout pas cher » à la nécessité d’« aider les personnes à mieux gagner leur vie et ça, c’est un combat au quotidien. ».

Ce combat nous le menons aujourd’hui, nous continuerons à le mener ensemble, dans l’unité la plus large.