Pas touche à notre protection sociale !

Avez-vous bien écouté Monsieur notre premier Sinistre mercredi dernier nous annoncer : « Que les Français reprendront en confiance si nous disons la vérité ». Leur vérité !

Non, vous n’avez pas rêvé quand il affirme proposer : « un nouveau pacte entre les générations. Un pacte fidèle dans son esprit à celui imaginé par le Conseil National de la Résistance » Boniments, menteur ! La loi de 1946 envisageait un régime universel « aligner par le haut » pour construire « des droits en progrès ». Monsieur le premier Sinistre, vous êtes infidèle aux valeurs fondatrices de notre système de retraite.

Oui, il se vante « d’une révolution sociale » parce qu’il garantit « une pension minimale de 1 000 euros par mois pour une carrière complète au SMIC » soit une trentaine d’euros de plus qu’aujourd’hui ! La belle révolution sociale ! 1 000 euros, c’est en dessous du seuil de pauvreté ! Et que dire du minimum vieillesse à 85% du SMIC ! Le CNR avait pour objectif une « retraite décente pour tous ». Une retraite sous le seuil de pauvreté n’est pas décente. Monsieur le premier Sinistre vous bafouez les valeurs fondatrices de notre système de retraite.

L’avez-vous entendu proférer cette vérité : « La confiance sera plus forte s’il n’y a pas d’exception à l’universalité du régime. Universel, ça veut dire pour tout le monde. Sans exception. » Et… quelques minutes plus tard affirmer : « Un système universel ne signifie pas la négation de toute spécificité. »
C’est cela des régimes spéciaux Monsieur le premier Sinistre, des régimes adaptés aux spécificités des métiers. L’une des valeurs fondatrices de notre système de retraite c’est de lutter contre l’inégalité sociale de l’espérance de vie.

Avez-vous entendu cette autre vérité : « Les femmes seront les grandes gagnantes du système universel ». Boniments, menteur. Le bonus de 5% par enfant se substitue dans le privé aux 8 trimestres accordés : perte de 9% pour une mère d’un enfant, de 17% pour une mère de 2 enfants…

Il prophétise : « Chaque heure travaillée permettra d’acquérir des points et donc d’améliorer sa pension. » Boniments, menteur ! En comptabilisant les heures les moins payées plutôt que celles des 25 meilleures années ou des 6 derniers mois, les pensions chuteront. Monsieur le premier Sinistre s’en est aperçu : « Une application mécanique des nouvelles règles ferait perdre une part significative de leur futur pension. ». Ce qui est vrai pour les enseignants l’est aussi, dans des proportions différentes, pour tous les métiers.
Et ce sera encore plus certain pour les femmes qui subissent le travail partiel contraint, les carrières hachées, l’inégalité salariale.

Avez-vous entendu cette énième vérité, un autre premier ministre nous l’avait déjà servi dans une lettre aux français en 2003 : « Il y avait 4 actifs pour financer 1 retraité en 1950. Il n’y en a plus qu’1,7 aujourd’hui. » Boniment si on oublie de prendre en compte les gains de productivité des actifs au cours de ce demi-siècle. Menteurs ! Les données économiques et démographiques sont contestables surtout quand elles sont incomplètes.

Nous les contestons. Reculer l’âge d’accès à une pension de retraite, baisser les pensions… il y a un autre choix économique à faire. Un choix que ni le MEDEF, ni les actionnaires ne peuvent entendre : Cesser d’exonérer les entreprises des cotisations sociales qui financent nos retraites, élargir leur assiette aux produits financiers, taxer GAFA et consorts…
Quand on nous assène comme un slogan publicitaire : « Un euro cotisé ouvre les mêmes droits », on veut nous faire comprendre que c’est aux salariés d’assumer seuls leur retraite, que c’est à l’individu de se prendre en charge. Monsieur le premier Sinistre, vous tournez le dos aux valeurs du CNR. Les retraites, la protection sociale est une question de solidarité nationale.

Tous ensemble, depuis le 5 décembre, salarié·es du privé comme du public, retraité·es comme lycéen·nes et étudiant·es, femmes comme hommes, privé·es d’emploi comme personnes handicapées, nous sommes dans la rue, dans l’action pour nous opposer aux attaques contre nos retraites mais également contre notre assurance chômage, contre notre sécurité sociale, contre notre hôpital. Nous clamons haut et fort : « Pas touche à notre protection sociale ! ». Nous sommes et nous serons en grève aussi longtemps que les bonimenteurs resteront sourds. Ce projet, non, nous ne l’accepterons pas, jamais !

Erick LERMUSIAUX