Retrait de l’avant projet de loi dite El Khomri
Défense des salariés, des fonctionnaires,
du statut de la Fonction publique et des Services publics
Le 17 mars, il y a une semaine, Valls et son gouvernement aurait fait, dit-il, « un geste significatif »… pour les fonctionnaires.
Certainement vous serez quelques-uns ici à chercher la mouche qui m’a piqué pour débuter cette intervention par l’annonce de l’augmentation du salaire des fonctionnaires de 2 × 0,6 % et il y aura certainement de nombreux agents de la Fonction publique pour se dire que leur salaire et le Code du Travail n’ont rien à voir.
En Loire-Atlantique, à la FSU, nous y voyons pourtant, dans les deux cas, les conséquences des choix idéologiques de ce gouvernement soumis à la volonté patronale et au diktat du sacro-saint « Marché ». Appliquées en Allemagne, en Italie, en Espagne, en voie d’imposition en Grèce, les conceptions ultralibérales voulues par l’Europe depuis 2007 accouchent de salaires au rabais, de travailleurs pauvres précarisés.
C’est ce modèle qu’Hollande et consorts rêvent pour la France, c’est tout le modèle social français de redistribution qui est en passe d’être détruit si nous laissons faire.
Cette augmentation annoncée pour les fonctionnaires va à peine combler l’augmentation des cotisations « pensions civiles » programmée chaque 1er janvier jusqu’en 2020. Cette augmentation n’est même pas suffisante pour porter le traitement minimum Fonction public au niveau du SMIC, il aurait fallu 2 % ! Cette augmentation ne fera rien pour le pouvoir d’achat. Les salaires du public, comme ceux du privé demeurent soumis au dogme de l’austérité.
Le gouvernement élu par les voix de gauche doit comprendre qu’il ne doit pas continuer à se fourvoyer dans ce mauvais cap politique et social dont l’avant-projet de loi travail est une sinistre illustration.
Les quinze jours de report n’ont rien changé sur le fond, à peine 2 ou 3 % de quelques articles mais rien, rien sur la philosophie profonde du texte. En remettant en cause la « hiérarchie des normes », en privilégiant les accords supplétifs dans les entreprises, la loi El Khomri 2, comme la 1, renverse le Code du travail et entend désormais protéger les entreprises au lieu des salariés. Au lieu d’adapter les entreprises aux humains, elle veut adapter les humains aux besoins des patrons. Plus d’un siècle et demi de lutte avait fait du droit du travail une contrepartie à la toute-puissance de l’employeur. L’égalité travailleur-patron est une grande fiction que veut nous faire gober le MEDEF, Macron et tous les tenants du libéralisme économique. Les salariés qui sont de fait subordonnés à leur employeur peuvent, grâce au droit du travail, limiter l’inégalité. C’est à cela que s’attaque la réécriture du Code du Travail. L’ensemble des articles n’évoque jamais « les » salariés mais « le » salarié, voire « la personne »… C’est aux droits collectifs que s’attaque cette réécriture du Code du Travail.
Aujourd’hui, il ne s’agit pas d’obtenir une loi El Khomri 3, mais de mettre en échec le gouvernement, le patronat et les syndicats d’accompagnement en ne laissant pas passer cette loi réactionnaire…
La grève du 31 mars doit être générale. Si les fonctionnaires à qui je m’adressais tout à l’heure en doute, qu’ils réalisent que la lutte actuelle du privé et des jeunes est une digue de défense pour le statut de la Fonction Publique et des Services Publics. Code du Travail, statut, salaires : tout est lié !
Le 31 nous devons être des millions à nous mobiliser jeunes, salarié-e-s, agents, retraité-e-s et privé-e-s d’emploi.
Le 31 et puis la semaine suivante, et les suivantes jusqu’à ce que se discute la loi… Des millions à nous mobiliser… Jusqu’au retrait !
Erick LERMUSIAUX