Maintenant, reconduire la grève !

Le tandem Hollande/Valls a donc choisi d’afficher sa morgue et savourer son consternant pouvoir en dégainant une nouvelle fois son 49-3. De loi Macron en loi travail, comme dans un remake de Sarkozy/Fillon, l’autoritaire de Matignon et le champion de la chute libre de l’Elysée font de plus en plus fort…

Non seulement ils trahissent leur électorat mais plus encore ils l’humilient !

Ils sont les chancres du « progrès », ils sont les tontons flingueurs de la philosophie du code du Travail.

Le crépuscule de leur fin de règne aura eu pour fleuron de transformer une loi voulue pour protéger les salariés en une loi ordonnée pour servir les intérêts de l’entreprise, une loi pour abaisser le coût du travail, une loi pour en finir avec les droits du travail. Cette loi n’a rien de moderne. Elle n’a pas d’autre vocation que servir la lente et détestable destruction d’un monde asservi à la dictature de l’argent. Aujourd’hui, sous les ors de la République, entre deux agapes avec les grands patrons et les puissants de la planète, il ne reste plus de nos locataires de Matignon et l’Elysée que des taches, des taches sur la nappe de leur suffisance satisfaite. Minoritaire ou autoritaire peu importe : leur seul souci est de gouverner ! Oui, peu leur importe au bout du compte que ce soit sur le champ de ruine d’un camp social qu’ils ont bafoué.

Bravo Hollande ! En trois ans, en matière de droits du travail, il aura fait passer de l’ANI au Macron, du Macron à la loi travail des patrons ! Il aura permis de voir comment, en moins de cinq ans, on passe d’une politique à l’eau de rose à celle du tout-à-l’égout emportant dans le caniveau l’espoir social et ses couleurs.

Votre loi n’est même pas réformiste. Elle n’a rien d’une étoile de Berger au firmament d’un syndicat. Votre loi c’est protéger moins pour pouvoir virer plus. Un jour elle nous permettra de pouvoir entendre nos enfants nous dire : « Moi, maintenant, mon patron c’est Pôle Emploi ».

Le peuple, tout l’indique, va vous censurer. C’est une question de temps désormais. Mais il faudrait que cette sanction s’applique aussi à Gattaz. C’est par la grève reconduite aujourd’hui qu’on doit peser. Le bulletin de vote en 2017, c’est déjà trop tard. Il ne fera pas revenir sur la régression en cours voulue par l’Europe, le monde des profits et le FMI. Souvenons-nous au demeurant d’un vieux dicton : « Il arrive qu’on change de maître mais on ne change pas forcément de collier ».

Reconduire la grève partout où c’est possible est la seule solution.

Reconduire la grève maintenant avec les salariés et les précaires

et descendre dans la rue jeudi tous ensemble, retraité-e-s, privé-e-s d’emploi et toutes les jeunesses.

Un dernier mot sur les pressions préfectorales, les pratiques du ministre de l’intérieur et le droit à manifester à Nantes en particulier. Depuis plus de deux mois la FSU alerte l’intersyndicale sur le fait que les violences urbaines à répétition vont nécessairement aboutir à une volonté préfectorale de remettre en cause le droit de manifester et son application basse Loire par les syndicats qui utilisent encore ce droit. Au nom de l’état d’urgence la sanction vient de tomber. Y’a de la menace dans l’air, y’a de la matraque de travers, y’a des flash-balls en bandoulière, y’a des « ce p’tit con je vais m’le faire ». Cazeneuve menace d’interdire de manifester, à Nantes, à Rennes, à Paris… Le gouvernement utilise ainsi l’état d’urgence en interdisant à Nantes à huit personnes de manifester. Ce faisant, ce régime et son premier ministre du coup de menton s’enfoncent dans le régime d’exception. Ils utilisent des procédures liées à l’état d’urgence à des fins qui n’ont rien à voir avec la lutte contre le terrorisme. La FSU ne peut être suspectée de collusion avec celles et ceux qui s’appliquent à détruire, à générer des peurs qui se retournent contre notre lutte. Mais la FSU ne peut apporter sa caution à des décisions préfectorales qui font l’impasse d’analyse sur des stratégies d’intervention policière, qui génèrent tout autant d’inquiétude et de violence. Quitte à interdire ce gouvernement devrait commencer par l’interdiction de l’utilisation des lanceurs de balles de défenses qui ont mutilé et même déjà causé la mort d’un manifestant.

Dis monsieur le ministre, sans faire de sexisme, c’est quand que t’arrêtes de nous tirer sur l’élastique et que tu t’en vas ?

Lu à Saint Nazaire par Erick LERMUSIAUX