Camarades,

Dans la torpeur de l’été le gouvernement n’aura pas molli… Fidèle à ses habitudes de mise au silence et de sournoiserie, il a soigneusement préparé dans ses tablettes de rentrée ce qu’il faut pour ébranler encore un peu plus ce qui fait le fondement du modèle social.

En nous retrouvant ici ce 9 octobre pour dénoncer ces nouveaux forfaits de la politique macronienne, nous savons qu’il n’est pas facile de continuer à mobiliser quand les combats les plus emblématiques ont été conduits à l’échec par ce gouvernement qui avance à marche forcée. Mais il est de notre responsabilité d’organisations syndicales d’être là, dans une dynamique interprofessionnelle plus que nécessaire, pour leur montrer que non, ils ne nous réduiront pas à ce silence dont ils ont entouré leur politique régressive et injuste.

Ce gouvernement ment et désinforme les citoyens. Chez Macron, le « en même temps » ne se soucie guère de la réflexion sur l’adéquation des choses. Comment ose-t-il faire croire qu’il peut y avoir une politique sociale via le « plan pauvreté » tout en faisant le choix de l’austérité ? On le sait : baisser la dépense publique signifie faire peser sur le dos des citoyens et des citoyennes la charge d’un nombre croissant de dépenses liées à la santé, à l’éducation, aux loisirs… Cela cumulé aux amputations sur les allocations familiales, de logement et sur les pensions de retraite va entraîner une baisse de niveau de vie considérable pour les plus vulnérables. La ruse est grosse mais la stratégie est toujours la même : en même temps qu’il retire, il tend un plan pauvreté de saupoudrage, pour tenter encore une fois d’égarer les consciences. Mais impossible de croire à ce plan quand les réformes à venir, sur retraites, les minima sociaux, l’assurance chômage, les services publics, la sécurité sociale viennent signer la fin de l’Etat social !

Dans les services publics l’étape à venir de démantèlement se traduit par de nouvelles fusions de services déjà anéantis par la RGPP, la suppression de missions et leur resserrement sur le régalien, le transfert des postes vers le privé… Cette réorganisation s’inscrit dans un projet d’économie d’échelle et de gestion dont les usagers et les agents vont faire les frais. Les secteurs les plus rentables sont mis en pâture à la marchandisation : menace de surexploitation et d’industrialisation sur la gestion des forêts, mise en agence des politiques publiques du sport…. Ce n’est plus du déshabillage, c’est de l’étripage.

L’ « Etat providence du XXIème siècle » que l’arrogant président incante avec un cynisme détestable n’est que la reproduction de la politique inégalitaire et excluante de Thatcher : culpabilisation des plus démunis, récompense de ceux considérés comme méritant par les décideurs. A cela s’ajoute la pression exercée pour étendre le travail dominical, en dépit des études économiques qui prouvent la non-efficacité de la mesure, ainsi que la volonté affichée par le premier ministre de défiscaliser au plus vite les heures supplémentaires. Nous avions eu le « travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy. Chez Macron, c’est travailler à n’importe quel prix, sans garantie que cela assure des vieux jours heureux.

Contre cette méthode de mise au silence des oppositions et de brouillage des messages, il est urgent de nommer et d’agir. Ne laissons pas leurs mots infuser le quotidien, car derrière les mots il y a des réalités que ce gouvernement veut nous imposer comme allant de soi. Les petites phrases de Macron disent son mépris et son cynisme, et les « vous n’avez pas bien compris » qui suivent chacun de ses verbiages insultants, ajoute à cette suffisance présidentielle. Car si, nous avons très bien compris : face à la brutalité historiquement inscrite et idéologiquement fondée des décisions actuelles, nous devons réaffirmer ces mots que le gouvernement et ses amis se plaisent à désigner comme obsolètes, irresponsables, ou même dangereux. Ce n’est qu’ainsi qu’une véritable politique d’émancipation pourra à nouveau émerger.

Alors, pour reprendre le philosophe Alain Badiou, tentons de répondre à cette question : « Il n’y a qu’un seul monde ? Alors la question est : quel monde ? Et cette question en contient deux : dans quel monde vivons-nous ? Et dans quel monde désirons-nous vivre ? ».

Catherine TUCHAIS