Après des mois qui ont vu s’alterner confinement et déconfinement, questionnements quant à la sortie de la pandémie et aux moyens pour y parvenir, certains invariants donnent à cette rentrée un mauvais air de reviens-y. Gestion chaotique et autoritaire de la crise par le gouvernement, instrumentalisation de celle-ci pour menacer les droits des salarié.es, aggravation des inégalités et de la précarité, et un « quoi qu’il en coûte » qui se mue en « voici ce que cela va vous coûter » – le vous ne désignant jamais les bénéficiaires des largesses financières et des revenus du capital.
Les décisions gouvernementales veulent faire ressembler cette rentrée à celle du monde d’avant. L’entrée en application le 1er octobre de la réforme de l’assurance chômage va durcir les conditions d’accès aux droits à indemnisation et diminuer celle des privé.es d’emploi et des travailleurs précaires. C’est un coup de massue d’une injustice sans nom alors même que la hausse des prix du gaz, de l’essence et des matières premières va entraîner une baisse du pouvoir d’achat.
Dans le même temps, on annonce plus de 5700 suppressions de lits à l’hôpital en 2020. Il est vrai que la pandémie que nous subissons depuis plus d’un an n’a pas montré la nécessité de renforcer les moyens et d’améliorer les conditions de travail dans la fonction publique hospitalière.
La politique néolibérale autoritaire et aveugle de Macron et de son gouvernement se remet donc concrètement en marche, faisant payer aux travailleur·euses des secteurs public et privé, aux précaires, aux privé.es d’emploi les effets de la crise. À aucun moment ne seront mis à contribution le 1 % des plus riches qui accaparent 16 % du patrimoine total des citoyen·nes de notre pays, pas plus que les actionnaires et celles et ceux qui bénéficient des largesses gouvernementales – suppression de l’ISF, de la flat-tax – depuis 2017.
Toujours plus ponctionnés, les salarié.es ne voient en contrepartie ni augmentation de salaire ni amélioration des conditions de travail et de vie. La question salariale est pourtant centrale aujourd’hui et même des membres du gouvernement appellent les patrons à augmenter les salaires pour palier au problème de recrutement dans certains domaines. Alors pourquoi verser 150 milliards d’aides publique aux entreprises y compris celles qui licencient, qui délocalisent ? Alors pourquoi continuer à verser des aides sans conditionnalité aux entreprises tout en leur baissant le taux d’imposition sur les sociétés ?
A défaut d’être soutenu.es, les salarié.es sont au contraire placé.es sous le sceau de la suspicion. La mise en œuvre sans nul débat démocratique du passe sanitaire pendant l’été est utilisée comme un moyen de contourner le droit du travail et les statuts pour les fonctionnaires. Plutôt que de proposer des alternatives aux salarié.es non vacciné.es ou refusant de montrer leur passe, le gouvernement répond par des mesures autoritaires : ce seront sanctions, suspensions ou licenciements pour les réfractaires.
Il manie la menace et donne des gages aux politiques de surveillance et de contrôle social au détriment des politiques de solidarité. Ainsi, les annonces gouvernementales dans le PLF montrent un renforcement du régalien au détriment des autres ministères qui subiront des centaines de suppressions de postes.
Cette politique ultralibérale se caractérise aussi à l’Éducation Nationale où J.M. Blanquer vient de transformer la direction d’école en emploi fonctionnel donc en échelon hiérarchique. Ses dénégations sur l’absence de hiérarchie ne sont pas sérieuses quand on connaît son logiciel de management libéral, son adoration du mérite et de l’injonction. C’est un bouleversement qui s’annonce dans les écoles sans que la question épineuse de la direction d’école ne soit réellement réglée. Le droitisation du fonctionnement de l’école est en marche avec l’aide bienveillante des élu.es de LR. L’École comme lieu émancipateur et de transmissions de savoirs variés est toujours plus démantelée. La FSU demande l’abandon de la loi Rilhac qui instaure cet emploi fonctionnel.
Les retraité·es dans la rue le 1er octobre ont montré qu’il était important de se mobiliser pour la sauvegarde de notre système de retraite par répartition, solidaire et intergénérationnel et que l’augmentation des pensions est une obligation. Aujourd’hui, nous sommes dans la rue à l’appel de l’intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF. Les prochaines échéances électorales ne doivent pas nous empêcher de manifester, de réfléchir à des alternatives, de revendiquer un monde d’après solidaire, équitable, avec des objectifs clairement définis comme la réduction du travail, une réelle transition écologique… Nous devons peser dans les sujets qui feront le débat électoral, pour que le nauséabond des idées les plus haineuses ne viennent pas ternir les questions sociales et l’exigence de solidarité et de progrès social dont nous avons tant besoin. La FSU de Loire-Atlantique prendra ses responsabilités pour participer à ces débats, à ces mobilisations dans l’intersyndicale ou dans le cadre de collectifs comme Plus jamais ça. Considérons ce 5 octobre comme une étape dans nos initiatives unitaires pour que notre monde d’après devienne réalité.