Camarades,

La présidence de Macron c’est l’obscurantisme comptable et financier, et l’aveuglement devant les réalités d’un monde qu’il ignore et méprise. En décembre dernier, alors que le gouvernement inoculait à marche forcée ses projets de réformes antisociales, paraissait le premier rapport mondial sur les inégalités. Sans étonnement malheureusement, le constat accablant est celui-ci : en France comme partout dans le monde elles se creusent, laissant sur le pavé un nombre croissant de femmes et d’hommes. Pendant ce temps, Macron réduit de ¾ les recettes de l’ISF, instaure une flat taxe sur les revenus du capital, moins imposés que ceux du travail. Il affiche ainsi ses préférences : gâter les plus riches, priver le pays de recettes publiques pour engraisser ceux qui soi-disant créeraient croissance et emploi.

Mais il est où l’emploi ? Et surtout, quelle forme prend-il aujourd’hui ? On le sait, et les ordonnances pour réformer le code du travail en ont sonné le tocsin : l’emploi chez Macron a le goût amer de la précarité, de l’auto-exploitation, de l’absence de protection. Macron n’aime pas même l’idée que les salariés soient protégés – et sa façon de se débarrasser des CHSCT le signe. Il est un homme du libéralisme pour qui tout doit passer à la machine à broyer du marché, l’intérêt général et l’humain compris.

Les attaques vis-à-vis des services publics, qui sont les outils de la redistribution et de la lutte contre les inégalités, vont renforcer cette fragilisation des citoyennes et citoyens et cette division sociale. Les réformes des retraites, de l’assurance chômage et maladie vont détruire encore un peu plus le modèle social qui permet de couvrir de façon solidaire les risques liés à la vie, risques qui nous concernent toutes et tous.

Aujourd’hui le gouvernement agite un nouveau leurre pour continuer la casse. Son nom, Action Publique 2022… Une dorure de plus pour masquer des choix qu’il a déjà imaginés pour l’avenir des services publics et de la fonction publique, et que le candidat Macron avait profilés : le transfert de missions de service public à des officines privées, la dématérialisation, la suppression massive de postes (120 000 pour les 3 fonctions publiques) et le développement des recrutements par contrats pour rendre les agents corvéables et exploitables, la remise en cause du statut de fonctionnaire alors que celui-ci est garant de l’impartialité et de la continuité des missions, une réorganisation territoriale qui rend impossible un travail de proximité et réduit l’accès à des services publics proches des habitants…

Le grand argument c’est la réduction de la dépense publique pour répondre aux injonctions européennes et internationales. Sa diabolisation permet de s’affranchir de toute explication sur ce à quoi elle sert. Car non, la dépense publique n’est pas une charge mais un choix politique pour permettre un accès égalitaire de toutes et tous à l’éducation, à la santé, à la protection sociale, à la culture, aux loisirs, au travail, à une vie de qualité. Non, la France n’est pas « malade de ses services publics » comme se plait à le dire Macron. Rappelons le : aux dires des tous les observateurs internationaux, c’est grâce à eux qu’elle a pu surmonter une partie de la crise sociale et économique provoquée par des banques et des patrons sans scrupules. Et rappelons aussi : la dépense publique participe à la création de richesses dans notre pays.

Les colères qui se lèvent disent le sentiment de mépris et de déconsidération que subissent salariés du privé et du public :

  • salariés des EHPAD et des hôpitaux en sous-effectif, dans l’impossibilité d’exercer convenablement leur travail, auxquels une ministre de la santé, dite aussi « des solidarités », ose dire que « La France n’a pas les moyens budgétaires… » pour répondre aux urgences sanitaires.
  • agents des pôles emplois dont les missions sont déshumanisées par la numérisation et la sous-traitance.
  • agents des services publics soumis à la polyvalence, aux mobilités forcées, à la perte de salaire
  • cheminots, que l’on veut diviser en mettant fin au statut pour les nouveaux recrutés, comme il en avait été à France télécom, avec les conséquences humaines gravissimes que l’on connaît.

Si toutes et tous nous nous retrouvons aujourd’hui dans la rue, c’est parce qu’il y a une volonté commune et partagée : celle de défendre un projet de société solidaire et au service de l’intérêt général. Parce qu’ils ont pour mission la redistribution des richesses et la lutte contre les inégalités, les services publics et les agents qui les font vivre en sont le vecteur. Les défendre, c’est défendre tous ensemble une société où priment la justice sociale, l’égalité d’accès aux droits, et la cohésion des territoires. Nous ne laisserons pas ce gouvernement briser ce modèle social qui fait notre socle commun et qui est la condition pour une démocratie digne de ce nom.