Le gouvernement prétend sortir renforcé des résultats du scrutin européen du 7 juin. Il y puise des arguments de méthode Coué, l’autorisant à aller encore plus vite et encore plus loin dans des réformes réactionnaires atomisant les services publics, racornissant les solidarités, renvoyant, à leur pauvreté les pauvres. Ces pauvres
qui, malgré des rustines comme le RSA, sont déjà officiellement plus de 6 millions dans notre pays. Et c’e n’est pas fini.
Dans sa volonté dogmatique notre gouvernement, est le complice évident du patronat. Il incarne parfaitement l’idéologie bourgeoise qui place la vie humaine au service de l’activité économique.
Homo sapiens contemporain est, depuis l’ère industrielle, une variable d’ajustement. Travailler ou chômer sont avant tout des paramètres en ces temps où la logique comptable devient l’éthique dominante. Au final, la névrose économique libérale et sa frénésie basée sur les profits détruisent les existences et le monde.
La défaite électorale du premier parti politique d’alternance, l’éclatement de l’opposition de manière générale, place les syndicats en première ligne face au gouvernement et face au patronat. Dire cela avec lucidité n’est pas se tromper de terrain ! C’est au contraire avoir le courage de considérer la place du syndicalisme dans toute sa diversité dans ses rapports au politique. Réinventer le politique passe par réinventer le projet de société. Le syndicalisme doit avoir sa part dans cette ambition. Il a lui aussi à dépasser les lanternes issues des trente glorieuses pour mettre un terme au diktat du productivisme de l’économisme.
Aujourd’hui, les syndicats appellent en France à manifester. Certains d’entre nous affirment que notre manifestation de doit pas être anti-Sarkozy. Notre manifestation ne serait pas non plus une remise en cause du néo capitalisme qui conduit ce monde à sa destruction ! Mais alors qu’elle est la logique qui est aujourd’hui à l’origine de la crise ? Qu’est-ce qui crée le chômage ? La précarité des existences ? Qu’est-ce qui détruit l’école républicaine ? Qu’est-ce qui démantèle la recherche publique ? Qu’est-ce qui détricote la protection sociale ? Qu’est-ce qui flingue les principes du salariat d’antan pour en faire une récompense au mérite ? Qu’est-ce qui supprime et privatise les services publics alors que le service public est dans notre pays le patrimoine de ceux
qui n’ont rien à déclarer dans leur fiche d’impôt ? C’est qui ? C’est quoi ? Ce n’est pas ce gouvernement ? Ce président au service des puissances de l’argent ?
Tant que le syndicalisme ne voudra voir qu’au raz de son pare-brise catégoriel et de ses intérêts immédiats, il ne participera pas de la nécessaire déconstruction des chimères du capitalisme à
partir desquelles il s’est lui-même forgé.
La crise actuelle doit trouver un dépassement dans une reconstruction et une recomposition politique autant qu’idéologique. Si elle ne prend pas racines dans un mouvement social que le syndicalisme aide à construire, cette recomposition restera sans souffle, à l’instar des journées d’action isolées, comme celle-ci, incapables de peser sur le gouvernement et le patronat. En Loire-Atlantique, la FSU ne prône pas l’enfermement dans une agitation sociale stérile. Faire du vent pour rien briserait les espoirs. Mais nous sommes persuadés qu’il nous faut changer nos modes d’action, en finir avec des grèves de 24 H sans perspectives, prendre des initiatives appropriées aux stratégies du patronat et de son allié gouvernemental.
En cette période de crise, la politique et le syndicalisme arrivent a un tournant historique. Nous ne sortirons pas de la crise, nous ne mettrons pas un terme au capitalisme en utilisant les modes de pensée et les outils qu’il nous lègue. Si nous voulons vraiment être écoutés du gouvernement et du patronat, c’est un mouvement social qu’il nous faut rechercher et aider à construire. Il sera le creuset indispensable pour l’émergence de nouvelles pratiques et pensées donnant un peu plus de
sens et d’ambition à nos revendications.
Nantes, le 13 juin 2009
Didier HUDE