Qui trop embrasse la finance, mal étreint les populations !
Qui trop intègre la logique des patrons prend les peuples pour des pigeons.
Les gouvernants qui se succèdent ont le mérite de la constance. Quelles qu’en soient l’étiquette, Ils sont issus des mêmes milieux. Ils ont fait leurs études ensemble, aux mêmes doctrines, aux mêmes médecines, chez Diafoirus. Ils purgent. Ils rêvent de saignées sur les salaires, les retraites, les allocations familiales, de tours de vis sur la santé et les services publics. Dans la Rome antique on croyait qu’on pouvait tenir le peuple avec des jeux et du pain. Dans la France en toc on a eu hier la « règle d’or » en hochet et aujourd’hui la sucette à l’ANI. Tout un programme pépère austère où les pigeons finiront au mieux en dindons, au pire au chômage, au pilon.
Adopter, accepter l’ANI c’est faire disparaître le code du travail. Plus de la moitié de la libre circulation des marchés passe par les paradis fiscaux. Les actionnaires s’enrichissent sur le dos du travail. La part des dividendes qui leur est servie ne cesse d’augmenter et la part des salaires ne cesse de baisser. La part des cotisations alimentant les solidarités est elle aussi en baisse constante. Ce n’est pas le travail qui est sécurisé. C’est le profit.
Le parlement est en train d’adopter un des pires textes pour l’avenir des salariés. Derrière des formules ronflantes comme les « accords de maintien dans l’emploi », on traite en réalité de la manière légale d’exercer un chantage pour ne pas perdre son boulot. Ce texte de loi organise la régression au nom des « difficultés conjoncturelles ». Il règlemente la baisse des salaires, le prêt des salariés et leur délocalisation. D’autres mesures sur les contrats de grande précarité et les droits rechargeables ne sont que broutilles de compensation. Il ne fallait pas céder au chantage patronal pour ça !
Le choc de compétitivité de 2013 ressemble comme deux gouttes d’eau à celui voulu sous Sarkozy sous le vocable « compétitivité emploi ». Cet accord qui va devenir loi, qui va devenir constitutionnel et ce n’est pas rien, consacre la boulimie des actionnaires. Il porte en lui un cortège de récessions à venir. Les syndicats qui l’ont signé sont devenus majoritaires avec des calculs savants accordant une représentativité bienvenue pour isoler la CGT et la CGT-FO, toutes deux à l’origine du code du travail.
En légiférant, en imposant cet ANI qui veut du mal aux salariés, la majorité au pouvoir prend à contrepied de nombreux soutiens populaires qui lui étaient favorables. Cette majorité a même repoussé un amendement interdisant aux actionnaires le versement de dividendes durant le temps d’application de l’ANI dans l’entreprise. C’est un aveu terrible. Il faudra aller expliquer aux salariés bas de plafond qu’il n’y a aucun rapport entre des exigences de rentabilité et un licenciement économique. Comme si les licenciements boursiers ça n’existe pas !
Ce gouvernement vertueux, appelle le respect. Les grands timoniers de l’austérité et de la vertu de l’Elysée et Matignon savent bien raboter les dépenses publiques et les salaires socialisés. Mais pourquoi ont-ils oublié que sans la fraude fiscale, sans la boulimie des actionnaires, avec une autre politique salariale valorisant le travail, il n’y aurait plus de déficit budgétaire.
Si ce gouvernement ne nous croit pas, c’est qu’il ne doit pas être de gauche. Le jour où la gauche sera là, on verra ! Le gouvernement offusqué par la cupidité va imposer plus strictement de déclarer leur patrimoine aux élus comme aux gouvernants. Le patrimoine des salariés c’est bien souvent que le code du travail. Si ça continue faudra que ça cesse : y’aura plus grand-chose à déclarer.
Didier HUDE