50 milliards c’est le coût du pacte dit de responsabilité voulu par l’Elysée et Matignon.
50 milliards, c’est ce que les entreprises françaises du CAC 40 ont reversé comme dividendes à leurs actionnaires en 2013. Ce constat est cuisant. Il révèle la faillite non pas de notre pays, mais de la pensée politique d’un gouvernement et d’un président qui, élu à gauche, gouverne à droite.
Hollande ne sauve pas la France, pas plus que Sarkozy avant lui. Il continue, de ministre en ministre, la fuite en avant vers le moins-disant social. Valls, sans sourciller, le menton en ligne de mire, nous explique que le carcan européen du capitalisme décomplexé est la seule voie qui vaille.
Hollande s’est dégonflé devant Merkel et la troïka. Non seulement il n’a pas pesé dans l’union européenne mais il en est devenu un triste chantre sans envergure. L’économie française est cadenassée dans la concurrence avec les économies des autres pays européens. Partout c’est la spirale de la baisse des coûts salariaux. Partout c’est la course au moins-disant social. Partout c’est la pression à la baisse sur les prix industriels. Partout c’est la diminution des marges des entreprises françaises conjuguée aux dividendes à assurer pour les actionnaires.
Il y a quelques années un gouvernement dit de gauche aurait placé comme exigence première la redistribution des richesses produites par le travail. Aujourd’hui, les logiciels de la droite de l’argent roi et de la fausse gauche financière sont les mêmes. Leurs recettes pour faire payer la populace sont les mêmes.
Pourquoi les fonctionnaires échapperaient-ils à cette règle ? Tous les salariés trinquent. Tous les retraités trinquent, qu’ils soient du public ou du privé ! Tous nos futurs dirigeants apprennent à l’université ou dans leurs grandes écoles que les seules recettes qui valsent sont celles du capital.
La Fonction publique, les services publics, n’existent que si l’économie intègre la nécessité politique de la redistribution, via les cotisations salariales et patronales, via une fiscalité solidaire plus juste que celle qui existe aujourd’hui. Sans ce salaire socialisé il n’y pas de justice sociale possible, pas de sécurité sociale, pas d’indemnisation du chômage, pas de services publics de proximité, pas de crèches, pas d’hôpitaux, pas de politique de logement…
La question emblématique du point d’indice dans la fonction publique ne peut pas trouver sa solution dans une lutte isolée des fonctionnaires. Cette approche corpo centrée donne certes un coup de projecteur d’une journée mais elle est d’une inefficacité certaine pour peser sur des choix politiques qui ont décidé de sacrifier les secteurs publics au nom de la dictature économique.
À peine installé, Valls pilote en manuel une cure d’austérité aux petits oignons. Ce n’est pas seulement un gros cadeau au patronat. C’est aussi une baisse conséquente des revenus des familles, les plus modestes en particulier.
Les 18 milliards d’économies à réaliser par l’État vont se traduire par une nouvelle politique réactionnaire du salaire au mérite par gel du point d’indice, des suppressions d’emplois et de ministères, des transferts de compétences vers les collectivités et des privatisations.
Les 11 milliards de la Territoriale vont organiser les fusions, sous couvert de « mille feuilles » et de moins d’Etat, là aussi y’aura du statut et de l’emploi à casser, des privatisations à gratter.
Les 10 milliards de baisse dans la santé c’est le cortège continu de réductions d’accès aux soins, de déremboursements et d’augmentation du reste à charge. 10 milliards c’est énorme, du jamais vu ! Malgré les propos lénifiants c’est le transfert des frais de santé vers l’assurance privée, une nouvelle cure de réduction des effectifs hospitaliers.
Les 11 milliards sur l’ensemble des branches de la Sécurité c’est le gel des prestations familiales, des allocations logement, du RSA, de l’allocation de solidarité spécifique, de l’allocation adulte handicapé, des pensions de retraite, et j’en passe. Mais c’est aussi une coupe impossible à réaliser dans les frais de fonctionnement, avec en perspective 15 000 postes qui pourraient être supprimés, sur 160 000 restant, au sein des organismes de sécurité sociale.
Le Pacte de stabilité c’est clairement l’organisation de l’austérité, l’avènement des précarités. Le cadeau fait au patronat sur la branche famille risque d’ailleurs d’être le triste fleuron de l’agonie de notre modèle social issu du conseil national de la résistance. D’un côté on supprime les cotisations patronales et salariales mais de l’autre on diminue forcément les prestations ! Résultat des courses : on baisse le revenu salarial socialisé de la branche famille en matière d’aides à la maternité et la natalité. L’Allemagne n’a pas de branche famille, sa natalité en souffre par rapport à la France.
Le plan d’économie Valls/Hollande/Gattaz/Barroso/Merkel c’est de la violence financière concentrée pour tous les salariés, retraités et privés d’emploi. C’est la pire remise en cause infligée à la France depuis l’après-guerre. Dans les mois qui viennent, ce gouvernement n’aura pas seulement trahi et menti sur son programme électoral. Il va menacer directement notre système de protection sociale et dégradera encore plus la demande intérieure tout en accroissant les inégalités sociales.
Et là c’est sûr, sûr, on nous prend pour des cons. Debout citoyens sinon on va toucher l’fond.