En temps d’austérité, il est assez normal de voir la logique comptable s’inviter dans les plis de pensée des décideurs qui la commandent. Cette marque de fabrique élaborée dans l’entregent des grands du monde, donc de la Finance, n’en finit pas de produire des ravages en cascades d’exclusions. Les chiffres, puisque les chiffres font sentence en gouvernement de gouvernance, servent à mesurer d’abord ce qui relève du veau d’or. Mais les hoquets de Wall Street, de Berlin ou d’ailleurs laissent échapper en exhalaisons les migrants fuyant la misère du monde, déjà morts aux yeux des profits. Même en France, malgré nos rejets de frontières, les pauvres ont l’indécence d’exister. En plein débat sur le collège, un chiffre vient d’être lâché : 20% des enfants de notre pays vivent dans des familles qui sont sous le seuil de pauvreté. Question : la réforme du collège a-t-elle été pensée pour réduire l’exclusion sociale ou pour « traiter » la pénurie ? La purge, républicaine ça va de soi, est un remède de directive contre toute « dette » purulente édictée par qui décide du bien des peuples. Le pacte de responsabilité vous le dira. Si vous en doutez.
L’austérité ne répare rien. Elle dégrade la vie du plus grand nombre. Mais à qui peuvent donc profiter ces larcins au jour le jour et au long cours contre l’humanité ? Devinez. Les élections vous le diront et, en France, elles ne vont pas du côté des choix grecs ou espagnols.
Un récent ex président de la France, qui préside son parti pour redevenir Tsar cosy, vient d’affirmer devant un parterre de chefs d’entreprise allemands que la plaie du syndicalisme d’hexagone, c’est qu’au pays des Gaulois, les syndicats font de la politique au lieu de s’occuper des salariés ! Paraît que dans l’exercice, la CGT et la FSU sont les pires à ses yeux. N’en doutons pas, cet ex président conférencier s’invite dans nos débats du congrès à venir. Les voix des tendances et syndicats nationaux sont déjà à la manœuvre des concepts, entre celles et ceux qui pensent que la FSU est déjà trop corpo et pas assez interpro, et celles et ceux qui pensent qu’elle l’est déjà trop.
L’avenir du syndicalisme passe par la neutralité et la capacité au penser-segmenter qui se danse un peu comme le coller-serrer. C’est d’ailleurs une vertu du syndicalisme d’accompagnement.
Didier HUDE