Le gouvernement n’en finit pas de s’abimer dans le déshonneur. En se voulant premier ministre de l’austérité autant que de l’autorité, le rodomont de Matignon verse dans l’amalgame, dans la haine antisyndicale, confondant à l’envi manifestants, syndicats et « casseurs ». Lippe crispée, l’Elysée en complaisance, voilà brandie l’interdiction de manifester. Sur Nantes, les manifestations interdites traduisent déjà une faillite de la démocratie par ce qu’elles révèlent d’impasse politique. Mais à Paris, le pire est atteint dans une absence de conscience éventrée par l’acharnement contre la CGT.
Installée dans la durée, l’intersyndicale CFT, FO, Solidaires, FSU, UNEF parvient à maintenir seule un axe de résistance fort contre le patronat, ses alliés gouvernementaux et politiques. Malgré des violences qui ne lui incombent pas et desservent sa lutte, l’opinion publique demeure à 60% favorable au retrait du projet de régression des droits du Travail voulu par le gouvernement. Il ne se trouve vraiment qu’un syndicat en France pour croire que c’est en licenciant plus facilement qu’on créera de l’emploi. Si cette loi passe la France rejoindra les pays qui ont déjà appliqué la volonté européenne d’harmonisation par le bas des législations du Travail, avec ses cortèges de précaires et nouveaux pauvres à temps partiel contraint.
Outre-manche, une majorité s’est prononcée pour quitter l’Europe. Ce faisant il faudrait profiter de cet évènement pour remettre totalement en cause le dogme de l’austérité qui enfonce les peuples dans la souffrance. Car une autre Europe est possible. La concurrence européenne se ruine elle-même dans son credo, détruisant par centaines des entreprises et des réseaux dans une danse de mort orchestrée par la financiarisation du monde.
Notre lutte, celle de l’intersyndicale, participe de ce non global à l’austérité. L’austérité tue : le droit de manifester, le droit du travail et avec lui tous ses régimes dérogatoires dont… le statut de la Fonction Publique ! Pendant les soldes démocratiques, pendant les vacances, la lutte continue. Ce gouvernement est foutu.
Didier Hude