Hier mercredi 11 décembre, Edouard Philippe a « dévoilé » devant le CESE ce que va être le projet gouvernemental sur les retraites, après des mois de faux allers-retours et de tergiversations stériles. Sans surprise les orientations que nous craignions ont été confirmées. Ce gouvernement veut nous montrer qui est le chef ; ici réuni s aujourd’hui, toujours mobilisés et nourris d’une colère avivée, nous continuons de lui montrer que nous refusons d’être une fois de plus, une fois de trop, la variable d’ajustement des lois du marché dont il est la marionnette.
Ce projet est profondément injuste. Par la voix de son premier ministre le gouvernement dit sans frémir qu’il a fait le choix de nous faire travailler plus longtemps pour ne pas augmenter l’impôt, seul à pouvoir garantir la juste répartition des richesses. Il affirme sûr de lui son maintien de la mise en place d’un âge pivot progressivement amené à 64 ans. Il s’adresse avec cynisme aux enseignants en leur garantissant leur niveau actuel de retraite… mais en contrepartie d’une révision de leur modalité de travail – c’est-à-dire en travaillant plus. Et l’annonce du démarrage de la réforme pour la génération 1975 cache mollement une détestable façon de diviser, en imaginant que certain.es seraient capables d’accepter de sauver leur retraite en sacrifiant celles des générations à venir.
Edouard Philippe a osé une phrase d’autant plus choquante qu’elle nous cherche à nous ranger dans le camp de ceux pour qui la méthode belliqueuse serait une fin en soi : « ce n’est pas une bataille ». Mais comment nomme-t’on une stratégie qui oppose – sans succès – des catégories de population ? ; qui donne des coups sur les déjà malmenés – précaires, femmes, jeunes ? Monsieur Philippe a dû oublier la fin de la phrase : « ce n’est pas une bataille à armes égales ».
Sans aucune considération pour les craintes exprimées, les revendications argumentées pour défendre un modèle solidaire, le gouvernement veut faire passer son projet à tout prix, au prix de la qualité de vie même des citoyen.nes. Il n’a pas voulu entendre les voix et les pas des manifestants du privé et du public réunis en très grand nombre, le courage des grévistes dans un grand nombre de secteur.
La méthode est méprisante, nous y étions habitués. C’est à nouveau l’attitude autoritaire de celui qui veut se montrer droit dans ses bottes, allant jusqu’à accélérer le calendrier de mise en œuvre du projet, conseil des ministres en janvier, parlement en février.
L’hiver ne nous figera pas. Ils veulent accélérer ? Nous ne ralentirons pas, nous ne faiblirons pas. Leur surdité ne nous rend que plus déterminés pour agir et nous faire entendre sans discontinuer, dans un cadre interprofessionnel réaffirmé et en travaillant l’élargissement intersyndical face à ce projet que non, nous n’accepterons pas.
Catherine TUCHAIS