Quand l’heure est au frimas social, que la plaine est morne et les utopies écrasées dans la boue du quotidien, le réformisme peut paraître audacieux : négociez, négociez, il en restera toujours quelque chose.
Mais quand on dépasse le niveau zéro du climat social, que le patron est sourd, le ministre obtus et le président un exterminator, même le réformisme devient pâle et s’auto finit.Splatch. Aplati lui aussi, comme une contradiction de classe échappée d’un évangile marxiste.
Y’a des fois dans la vie, des gueules de bois sociales !
Des lendemains de cuites où quand la cervelle parle à son macho, le cerveau, y’a un tel remue-méninges dans la boîte à idées qu’y en n’a plus une qui vaut le SMIC.
Qui a gagné la bataille des retraites ? Les syndicats ou le pouvoir ? Ah paradoxe quand tu nous tiens ! Le patronat dans la victoire est mesuré. Dans la défaite les syndicats sont confortés. Ils chantent même « on n’a pas gagné » !
On aurait même plutôt perdu à en lire le journal officiel. Mais voulait-on gagner ?
Pouvait-on gagner ? Avons-nous privilégié la nécessité d’amplifier l’action ou la volonté d’amplifier la cote d’amour de l’opinion publique ?
Un mouvement social n’est pas un long fleuve tranquille. Il a ses courants, ses lignes de pentes et ses ruptures. C’est dans l’interaction et les espaces de luttes qu’un mouvement populaire peut, par la force du modèle, rendre légitime des formes de radicalités qui n’excluent pas la responsabilité. Sans s’opposer aux initiatives de grèves reconduites et blocages, l’intersyndicale ne les a jamais encouragées.
Dans sa majorité l’intersyndicale a fait le choix d’organiser des journées de manifestations combinant heures de grève et de délégations, et jours de RTT. Pouvions-nous ainsi gagner ?
Certes, notre mouvement n’est pas éteint mais il n’est pas au mieux de sa forme.
Y’a de quoi se sentir un peu banané !
Avec le Beaujolais, le gouvernement nouveau est arrivé : lui aussi a un goût de banane.
Dans l’entourage du Tsar Kozy, on a changé des petits marquis.
On a remplacé des pions morts par des morts pions autour d’un ennemi pubis numéro un, fier de sa queue de Mickey pêchée à Disneyland.
De Gaulle est mort y’a quarante ans, rien à voir avec l’actuel président.
De Gaulle c’était pom pom pom pom !
Sarko c’est du com com com com !
Dans un pays de misère croissante, où les sangs impurs abreuvent ses sillons, un certain François d’ancien régime, Fillon de la crise, a été, contrairement à nos grèves, reconduit.
Il va continuer à organiser méthodiquement les reculs sociaux pour les uns, les cadeaux fiscaux pour les autres afin que le MEDEF de la crèche soit béni à Noël.
Mais cessons-la ! Aux jeux de langue, préférons le « langagement » pour changer nos vies. Le peuple a besoin de discours qui exaltent les luttes, de mots qui dressent des barricades, pas de petites lapalissades.
Ayons confiance, la morgue du gouvernement va le faire déraper. Et, puisque Alain est de retour au gouvernement souvenons-nous du Juppéthon où, sans doper inutilement nos chiffres (nous aussi com com com com) nous avions su et voulu construire un mouvement pour qu’il soit gagnant. Les manifestations d’alors n’étaient pas des substituts à la grève. Jamais, sous la Ve République, on a eu autant de connivence entre le pouvoir politique des riches et la puissance économique. Comme le remarquent les sociologues Charlot et Piçon, les riches ont des solidarités de classe que les pauvres n’ont plus.
Face au syndrome du Fouquet’s retrouvons les fondamentaux de la lutte syndicale des salariés, des étudiants et des jeunes !