Le Ministère, une fois de plus, vient d’annoncer, en application du désormais tristement célèbre dogme du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, la suppression de 16 000 postes d’enseignants à la rentrée 2011.

Dans le même temps, ce sont 61 000 élèves supplémentaires qui sont attendus, conséquence non seulement prévisible, mais également annoncée du bay-boom des années 2000.

Dans notre académie, cela se traduira dans le primaire par 71 suppressions d’emplois pour 500 élèves de plus. Dans le secondaire le Rectorat prévoit 4 385 élèves supplémentaires, mais aucune création d’emplois. Au niveau de la Loire-Atlantique il manquera 500 postes pour simplement maintenir l’encadrement actuel, déjà très dégradé par rapport aux années antérieures.

Ne nous y trompons pas : en matière de suppression de postes, tous les secteurs de l’action publique sont touchés. Toutes les contre-réformes, toujours imposées sans aucune véritable concertation, encore moins négociées, surgissant en ordre dispersé et à un rythme toujours plus effréné, ne doivent cependant rien au hasard. Une grande cohérence les relie : une mobilisation idéologique sans précédent est à l’œuvre, qui vise à fabriquer un Etat aux domaines et capacités d’intervention de plus en plus réduites. Ainsi, dans l’éducation, contrairement à l’affichage de la lutte contre l’échec scolaire, ce qui se profile en réalité est un renoncement de l’ambition de la réussite pour tous et un tri social précoce : 50% de diplômés niveau licence, cela suffit à satisfaire les exigences du monde de l’entreprise … Les autres ???

Bien plus, le sens même de l’action publique se trouve dénaturé. Que ce soit à la Justice, à l’Hôpital, à l’Université, dans la police, à Pôle Emploi ou à la Poste, se met en place à marches forcées un « nouveau management » qui met à mal la notion même de service public. Des concepts issus du monde de l’entreprise : culture du chiffre, gouverner au résultat, indicateurs de performance… partout prennent le pas sur nos missions « au service du public »…

On ne mesure plus l’utilité de l’Hopital en fonction de la qualité de l’accueil et des soins prodigués aux patients mais en fonction de sa capacité à regrouper ses structures pour une meilleure rentabilité.

Un enseignant n’est plus un professionnel qualifié utilisant une pédagogie qu’il juge adaptée à ses élèves, mais une charge qui pèse sur le budget de l’Etat.

Un élève n’est plus un individu qui se construit, un citoyen qui se forme ou un futur salarié éclairé, c’est un instrument d’évaluation des performances de son école ou de son enseignant.

Nous pensons au contraire que les services publics sont davantage une richesse qu’un coût financier.

Des résistances existent, de la part des agents de l’Etat, dont nombre d’enseignants, qui veulent préserver la relation au métier pour lequel ils ont été formés. Alors pour les casser, on met en place des hiérarchies intermédiaires, rémunérés par des primes au mérite comme celle que viennent de se voir octroyer les recteurs. Au niveau local, les pressions se font plus fortes. L’autonomie des établissements est en réalité celle de leurs chefs, qui voient leur pouvoir accru.
De plus en plus, dans l’Education comme ailleurs, la précarité se développe et le contrat remplace le statut, pourtant seul garant de l’impartialité et de l’indépendance des agents de l’Etat, sans lesquelles ils ne peuvent exercer leur mission. Pire encore, le projet de loi du député UMP Mancel veut réserver le statut de la Fonction Publique aux seuls agents exerçant une fonction régalienne.

Ainsi progressivement se met en place un Etat réduit dans sa surface et renforcé dans ses structures de commandement. Dans cette affaire, ni les personnels, ni les élèves, ni leurs parents, ni les citoyens ne sont gagnants.

Nous sommes ici pour le dire, haut, fort et clair : « De cette société-là, on n’en veut pas ».

La casse du service public n’est pas une fatalité : cette journée d’action est une première étape de mobilisation. La FSU propose une grève début février et une manifestation nationale à Paris en mars, pour que nous puissions dire massivement l’école que nous voulons contre l’école, qu’en cette période de solde, ils sont en train de brader.