La politique populiste qui caractérise le pouvoir que nous subissons depuis ces dernières années ne marque aucune pause. Les dérives de communication de l’Elysée et des ministres de l’Intérieur qui se succèdent laissent augurer d’un cap destiné à capter l’électorat français le plus réactionnaire. On peut dès lors envisager ce que
serait un quinquennat reconduit d’une majorité courtisant la haine, la peur, l’engagement armé et la justice guerrière sur décor
de puits de pétrole.
Dans un contexte aussi grave on peut légitimement penser que la remise en cause des solidarités sociales, des services publics,
l’imposition européenne de la « modération » salariale pour tous, sont dérisoires face au drame japonais qui devient planétaire, ou bien encore subalterne devant les printemps des peuples arabes. De là à considérer que le syndicalisme doit faire profil bas jusqu’en 2012, il n’y a qu’un très petit pas à franchir. Certains le font. Au plus près de nous.
Dans l’éducation nationale, l’incapacité du collectif des 25 à porter une action revendicative d’ampleur les 22 janvier et 19 mars derniers révèle une divergence certaine d’analyse politique (ou politicienne)
et une volonté de s’en remettre à une alternance supposée qui serait salvatrice. Construire un débouché politique aux luttes syndicales, aux mouvements sociaux, est certes indispensable. Mais cela ne se fait pas en signant un chèque en blanc à un ou
des partis politiques. Nous en avons tous l’expérience. Les déçus des politiques qui au lieu d’être sociales deviennent socio libéra-
les sont toujours plus nombreux.
Si nous pouvons peser sur « le » politique c’est en construisant un rapport de forces syndical. Sans l’action collective nécessaire, nous laissons les professionnels de la politique gérer nos destins. Le syndicalisme attentiste, sous couvert de fausse prudence et pédagogie vertueuse, est condamné à ne pouvoir être que spectateur de l’histoire qui se joue en dehors de lui.
En prenant le parti de l’action, il n’est bien entendu pas question de prôner l’activisme et l’agitation, mais de témoigner d’alternatives indispensables qui se construisent dans des luttes ne se résumant pas à des effets de communication.
De ce point de vue, les récentes actions unitaires dans la justice, la grève de la FSU dans l’éducation (rejointe par la CGT et ici et là par SUD) nous indiquent qu’il est possible d’enrayer la fatalité du spectacle politicien nourri par un syndicalisme ra-
corni dans l’attente.
Didier Hude