Les loups ouh, les loups ouh ouh les loups sont entrés dans nos vies, soit par Bercy, par Sarkozy, les loups sont entrés dans nos vie, y’a pas d’cerises en temps de crise : bouffer cailloux fait tripler A. Alors ?
Il faudra qu’on nous explique comment, d’un coup de baguette magique, une crise financière et bancaire de 2009, causée par les spéculateurs des marchés internationaux, change de nom en 2011 pour devenir une crise des déficits publics causée par les politiques sociales. Le tour de passe-passe médiatique est à ce point magnifique que même des candidats d’alternance 2012 ont intégré la puissance de ce raisonnement libre et non faussé. La folie financière est aux manettes du monde. Les banques spéculent sur des dettes d’Etat. L’euro grelotte, je fais ma pelote, le dollar chute, j’fais la culbute. Traders de tous les pays unissez-vous ! Amis du FMI, pas de soucis : en plus haut lieu Christine monte la garde.

Si par malheur un spéculateur se fait une crise de profits, il suffit qu’un gouvernant ami déclare, en règle d’or, une cure d’austérité aux peuples. Suffit pour ça de faire jouer les pauvres à la roulette rustre avec 6 balles dans le barillet. Une pour les retraites et les retraités, une pour les salaires, une pour les services publics, une pour l’emploi et le pôle qui va avec, une pour les fonctionnaires et leur statut, et même une pour les prolos de la compétition internationale si leur entreprise descend du podium, une balle encore pour les universités non compétitives, une autre balle pour les hôpitaux et un chargeur complet pour les jeunes générations qui auront à colmater les brèches de la crise de civilisation de l’argent-roi. Et après l’hécatombe, pour refaire le cheptel à pognon, on demandera à un couple présidentiel s’il ne veut pas nous refaire des petits. Pour remettre des balles dans le nourrain. Et tout recommencer.

Par les temps qui courent, faut être RES-PON-SABLE. Faut écoper Jean-François, colmater, sécuriser, endiguer, se mettre en directives pour sortir de LA « crise ». L’échéance politique du printemps 2012 préempte la pensée collective. Mais, chacun d’entre nous étant bien convaincu que le syndicalisme n’est pas une courroie de transmission politicienne, nul n’est besoin de mettre l’action syndicale entre parenthèses en attendant le verdict des urnes présidentielles ! L’action syndicale est permanente. Ne pas agir assez aujourd’hui risque bien de se traduire par s’en remettre aux seuls partis au pouvoir demain. Or la politique est chose trop sérieuse pour la laisser aux seuls politiciens.

Si nous voulons peser sur le cours de nos vies, il faut que le syndicalisme offre plus de capacités de résistances qu’il ne le fait aujourd’hui. Pour porter des alternatives dignes de ce nom, il faut oser un front unitaire revendicatif clair pour remettre en cause la politique gouvernementale menée contre l’avenir des jeunes, les salariés, retraités et privés d’emploi. Être attentistes aujourd’hui ne permettra en aucune manière de peser pour remettre en cause vraiment la RGGP, revenir à la retraite à 60 ans vraiment, participer d’une autre stratégie économique pour relancer l’emploi, les services publics, offrir un autre avenir aux jeunes, participer des alternatives à construire pour une autre politique industrielle et énergétique respectueuse de la planète et de l’humanité. Ce débat appartient aussi au syndicalisme. L’action y contribue.

Attendre l’échéance 2012, c’est subir, maintenant et demain, même si le régime change, car le syndicalisme ne sera pas suffisamment acteur de ce changement. Agir c’est porter collectivement l’exigence que d’autres choix sont possibles. La richesse n’est pas absente, elle est mal répartie.

Le 27 septembre, les salariés de l’éducation nationale ont prouvé qu’il était possible de mobiliser fortement, sur un cadrage national d’action et de grève. Ce principe simple, responsable et dynamique doit s’élargir à l’interprofessionnel. Ce n’est pas en restant de manière vertueuse en retrait – comme le font les syndicats absents du jour – qu’on fait avancer les choses. C’est là un art de l’esquive contreproductif. Mais entre nous, aujourd’hui, nous ne sommes pas à la hauteur. Il faut une toute autre énergie pour peser dans le débat public que celle que nous mettons ensemble. Le 27 septembre, nous sommes sortis pour l’emploi, le service public d’éducation, mais aussi pour que nos enfants connaissent un jour une autre utopie que celle de conjuguer le verbe avoir au plus que profit.

Dans un monde du tour de vis, où les régimes qui se succèdent, n’apportent le plus souvent que des bananes aux peuples, souhaitons-nous comme seul mal l’utopie responsable. Vous verrez, ça booste.

Alors, tout comme le 27 septembre ne peut-être conçu que comme une étape de mobilisation pour l’Education, il doit en être de même pour celle d’aujourd’hui au niveau interprofessionnel.

Construisons rapidement un « Tous ensemble » vraiment.

Nantes, Saint-Nazaire le 11 octobre 2011.