NON A L’ÉCOLE LIBÉRALE QU’ON VEUT À TOUTES FORCES NOUS IMPOSER

Nous sommes réunis aujourd’hui pour manifester haut et fort notre irréductible opposition au projet du ministère de modifier en profondeur l’évaluation des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation.

Ce projet s’inscrit dans les attaques continues faites aux fonctionnaires, la remise en cause de leur statut et toutes les régressions sournoises effectuées sur le dos d’une rigueur entretenue par les marchés financiers et les libéraux : augmentation des cotisations retraite, augmentation du nombre de trimestres pour partir en retraite, création d’un jour de carence… Ce projet s’inscrit aussi dans les attaques incessantes contre l’Éducation nationale sous ce quinquennat :

  • réformes Darcos, suppression du samedi matin, SMA, évaluations, direction d’école, RASED pour le premier degré ;
  • réformes du collège et du lycée, note de vie scolaire, histoire de arts, EIST, préfets des études, dispositifs d’éjection précoce vers le monde de l’entreprise, conditions d’exercice des stagiaires, … pour le second degré ;
  • réforme de la formation, aide personnalisée, fichage généralisé des élèves, Socle Commun, LPC, dispositif ÉCLAIR, stages pendant les vacances, suppression massive de postes, problèmes aigus de remplacement et de recrutement, et augmentation du nombre d’élèves par classe pour tout le monde.

Cette fois, la coupe est pleine.

La suppression de la double évaluation, administrative et pédagogique, transformerait radicalement le cœur de nos métiers, en plaçant, dans le droit fil d’une politique éducative d’inspiration néolibérale et de pratiques managériales dévastatrices, les personnels sous la coupe directe d’une hiérarchie locale rémunérée au mérite et à la performance.

Ces textes, soigneusement dissimulés durant toute la période des élections professionnelles (pour ne pas effaroucher l’électeur), ont été dévoilés à la mi-novembre, suscitant immédiatement la création d’un large front intersyndical. Une pétition mise en ligne dès le 21 novembre a recueilli en quelques jours plusieurs dizaines de milliers de signatures.

La rapidité et la puissance de cette réaction ont amené le ministre, pour des raisons purement tactiques, à revenir sur le blocage des promotions autres qu’à l’ancienneté jusqu’en 2015 et à réintroduire la référence aux corps d’inspection.

Mais ne nous y trompons pas : il n’est pas question, pour ce gouvernement, de revenir sur ce qui fait le cœur du conflit qui nous oppose au Ministère. L’objectif tactique, aujourd’hui comme hier, en s’attaquant aux garanties collectives, au droit des fonctionnaires d’exercer sereinement leur métier à l’abri des pressions de tous ordres, au droit des enseignants d’exercer, dans le cadre de programmes nationaux, leur liberté pédagogique, reconnue par la constitution, est d’affaiblir les solidarités afin de mieux pouvoir imposer aux personnels l’application servile de réformes contestées.
Nous ne pouvons que regretter que le miroir aux alouettes d’un vague calendrier de « négociations » ait conduit le SGEN/CFDT, à l’origine partie prenante de l’appel à la manifestation d’aujourd’hui, à retirer sa signature.

Chacun doit bien comprendre (et nous nous adressons ici tout particulièrement aux organisations de parents d’élèves) que notre opposition sans concession à ce projet scélérat n’est en aucune manière « corporatiste » . Si ce texte passe, il permettra aux inspecteurs du premier degré d’évaluer si les professeurs d’école sont bien les courroies de transmissions des réformes rétrogrades du gouvernement et non plus des concepteurs pédagogiques. Il fera du chef d’établissement l’unique évaluateur de pratiques pédagogiques qu’il n’a aucune compétence à juger. PLUS PERSONNE NE SERAIT ALORS GARANT DE LA QUALITÉ DE L’ENSEIGNEMENT DISPENSÉ DANS NOS CLASSES !!! Car le cœur du métier n’est évaluable que par un pair de la discipline enseignée. Ces méthodes, outre qu’elles insultent gravement l’avenir, témoignent d’un mépris de nos métiers indigne d’une république que l’on voudrait irréprochable. On ne bâtit pas, sur de telles bases, un service éducatif de qualité.

Ne nous y trompons pas : sous couvert de pédagogie (comme dans le cas du LPC), et d’apporter à chaque élève « ce que nul n’est censé ignorer en fin de scolarité obligatoire sous peine d’être marginalisé » (avec le socle commun) il s’agit d’organiser délibérément le tri social à l’école, en lieu et place d’une école de la réussite pour tous.

Avec l’autonomie des établissements, il ne s’agit que de « libérer les énergies » des directeurs nouvelle génération, des IENs, des chefs d’établissements et de raccourcir, sur fond d’instauration d’une école à plusieurs vitesses, les parcours scolaires des jeunes les plus en difficultés. Dans les établissements CLAIR leur prolongement se nomme « internats d’excellence ». Au renoncement à une politique éducative ambitieuse pour tous, nous opposons la notion de culture commune, émancipatrice, pour tous.

Le ministère veut, sur fond de concurrence des élèves, des personnels, et des établissements, imposer une conception de la formation et du savoir, issue du monde anglo-saxon, auquel le patronat aspire. Il aspire à développer l’ « employabilité du capital humain » en survalorisant les aptitudes qu’appelle de ses vœux le monde de l’entreprise, au détriment des connaissances, voire de l’esprit critique. Il sera ainsi, plus tard, tellement plus facile d’opposer aux garanties collectives apportées par les qualifications, les logiques d’atomisation recherchées pour le salariat devenu sans droit ni loi.

Tels sont les enjeux des réformes que nous devrions subir et auxquelles nous nous opposons.

Nous disons :

NON, à la destruction programmée du service public d’éducation.

NON, à la nouvelle gouvernance des EPLE.

NON, à l’école libérale qu’on veut à toutes forces nous imposer.
NON à l’école du tri social.

NON aux régressions sociales généralisées. NON aux privilèges pour quelques-uns, et à l’austérité pour tous les autres.

La FSU continuera de faire des propositions pour que l’Éducation soit un outil incontestable de la réussite pour tous les élèves. Aujourd’hui, face à un ministère préoccupé de communiquer pour mieux mettre en place une école à deux vitesses, basée sur la concurrence et l’autonomie, la FSU s’opposera à ces choix de société et continuera de faire entendre sa voix discordante sans attendre une hypothétique alternance car

DE CETTE SOCIÉTÉ-LÀ, ON N’EN VEUT PAS !!!