Lorsque le prochain bulletin de la FSU de Loire-Atlantique paraîtra, fin juin, l’élection présidentielle et celles des législatives seront derrière nous. S’il n’est pas dans notre pratique syndicale d’appeler à voter pour tel ou tel parti, tel ou tel candidat, rien n’interdit cependant, bien au contraire, de porter appréciation sur les programmes qu’ils défendent, les valeurs qu’ils portent.

La FSU a toujours considéré qu’il était important de construire des alternatives pour les plus démunis, combattre les réformes antisociales et dénoncer le dumping salarial voulu par les politiques économiques ultra-libérales. Maquiller en crise de la dette ce qui relève d’une crise bancaire et résulte de la dictature des marchés financiers est un tour de passe-passe des tenants du désordre économique.

Si la FSU s’interdit de donner la moindre consigne de vote, elle a cependant un devoir d’éducation populaire, donc d’éducation politique. Décrypter le programme du front national est indispensable pour montrer à quel point il tourne le dos aux intérêts des plus pauvres, pour vérifier qu’il irait encore plus loin dans la casse des services publics, dans la chasse aux fonctionnaires, dans le creusement des inégalités, dans la tourmente des vents de haine. Pour autant, continuer avec le régime en place n’est pas réserver un bien meilleur sort aux solidarités sociales tant le cap voulu par la droite classique est celui du garrot de l’austérité. Décrypter c’est vérifier à quel point il est possible de passer sans transition de président des riches à candidat des possédants.

Faire de l’éducation politique n’est pas incompatible avec une entrée syndicale indépendante. Comprendre que certains experts économiques à la télévision sont là pour faire dire aux courbes de croissance et décroissance ce que pense le MEDEF est utile pour mesurer l’effet de nasse idéologique voulue par le pouvoir. Interroger les évidences est salutaire et exercer sa conscience critique permet de se détourner des dogmes, d’où qu’ils viennent. Ne pas se laisser phagocyter par les idées dominantes qui construisent une Europe dans le dos des peuples, renouer avec les fondamentaux du mouvement ouvrier et de l’humanisme est l’aiguillon par lequel nous interrogerons les candidats, tous les candidats. Et les élus ensuite.

L’action syndicale n’ignore pas les échéances électorales mais elle sait que l’efficacité du bulletin de vote peut être très relative et que, sans action collective, des programmes écarlates peuvent perdre des couleurs passées à la machine du pouvoir.

Didier Hude