Fonction Publique Territoriale
Dans notre pays le statut de fonctionnaire a été mis en place pour tenir les agents publics à l’écart des risques de corruption et des pressions politiques. Mais la fonction publique territoriale reste la plus exposée aux risques de clientélismes et aux proximités politiciennes. En France un fonctionnaire sur cinq relève de salaires voisins du SMIC mais dans la territoriale c’est près de quatre sur cinq ! La notion de cadre d’emploi permet de jouer et d’abuser de conditions de travail, de sous payer aussi nombre d’agents.
Les travailleurs sociaux en savent quelque chose. Ils sont coincés entre les pauvres et les marchés organisés du travail social. La crise économique et financière, les politiques nationales d’austérité, le désengagement de l’État, génèrent précarité et chômage de masse, paupérisation et surendettement, mal logement et sans domicile. Ils fragilisent les liens intrafamiliaux. Les dispositifs sociaux ne font qu’accompagner la progression des inégalités et des injustices. Les droits sociaux sont de moins en moins garantis. Partout dans la territoriale on se heurte à un manque de moyens, à une dégradation des conditions de travail. La réalité de la fonction publique dans les communes et les départements c’est la pénurie de personnel, les redéploiements, les réorganisations incessantes, les atteintes aux métiers, les remises en cause des qualifications, la généralisation de l’informatisation qui fait traiter la vie en statistiques. C’est la perte d’autonomie d’intervention. C’est la mise sous pression et la dilution organisée en communautés de communes qui vient redistribuer les cartes politiques et les compétences.
Il faut être bien naïf ou mal intentionné pour affirmer que l’acte III de la décentralisation peut garantir une meilleure qualité de service public de proximité. Car la territoriale est victime des mêmes tendances aux privatisations dans les communes de droite comme de gauche. Nantes en est une illustration, Saint-Nazaire aussi. La territoriale est sous payée et toujours déclassée en catégories B et C.
Depuis deux années consécutives les salaires de la fonction publique sont gelés. En 10 ans, les fonctionnaires ont perdu 11 %. Cela fera fin 2013 près d’un mois un demi par an ! Vous rendez-vous compte ! Un mois et demi. Et ce gouvernement de gauche nous dit que le glissement de carrière et les primes garantissent une progression de salaire ! Allez parler de carrière aux agents de catégorie C qui gagnent un SMIC à vie. Ces propos des ministres sont honteux d’autant plus quand ils prétendent venir de gauche.
Augmentation des cotisations sociales, micro réforme cosmétique des retraites sur les carrières longues, maintien de la journée de carence instaurée sous Sarkozy… Après huit mois de Hollande et Ayrault on voit bien qu’il n’y a pas rupture avec les politiques d’austérité du précédent gouvernement. Les travailleurs pauvres, la territoriale connaît. Les services d’œuvres sociales sont débordés par les demandes de secours d’agents rencontrant les pires difficultés pour payer leurs factures de gaz, d’électricité, de cantine scolaire, de crèches…
En quelques coups de menton le patronat a réussi à se faire entendre, obtenant que le gouvernement revienne sur ses promesses d’engager une nouvelle répartition des richesses, en s’attaquant notamment à la finance. Il a accordé 20 milliards d’argent public, sous forme de cadeaux fiscaux, aux entreprises privées, sans contreparties ni contrôle, dans le cadre du « Pacte de Compétitivité ». Mais à l’inverse, toutes les réponses aux demandes syndicales sur le pouvoir d’achat, les carrières, les retraites, l’amélioration des services publics sont différées. Accablant ! Quand les logiciels de droite sont à gauche le changement tire la couverture sur la peau de ses dents.
Fonction Publique Education
Le changement ? Quel changement ?
Le président a changé. Le gouvernement a changé. Le ministre de l’éducation a changé. Une loi de refondation est aujourd’hui expédiée. Les rythmes scolaires vont changer. Mais ces changements maintiennent des réformes contestées.
Qu’on soit enseignant, personnel administratif, d’éducation ou d’orientation une chose est bien claire il y a de la casse dans les salaires, dans les conditions de travail et d’emploi. La crise du recrutement enseignant en collèges et lycées ne provient pas seulement d’une sélection après la licence. Elle provient aussi d’une grille de salaires qui n’a plus d’attraction face à des classes surchargées, des réunions chronophages, des postes découpés, une vie scolaire étiolée, des décrets non respectés.
Même si tout ne peut se faire en un jour ou un an, le doute est désormais affirmé. Le gouvernement actuel ne change pas profondément de cap sur nombre de réformes portées par le gouvernement précédent. L’acte III de la décentralisation promet à terme l’orientation aux régions. Elle transfère des responsabilités pour l’enseignement professionnel avec tous les risques d’adéquation des formations aux bassins d’emploi et besoins du patronat local dans le second degré, l’apprentissage et une bonne part de l’enseignement supérieur. Les logiques sont les mêmes : au nom du dogme libéral de la dette publique on ratiocine, on transfère, on maquille du socle commun éducatif sur des logiques qui accompagnent les inégalités sociales. Réformer oui ! Mais pour une autre réforme, pour revisiter les programmes dans l’intérêt réel des élèves, pas avec comme souci premier la calculette en mains. La première refondation à opérer c’est déjà refonder la méthode du dialogue sans contourner la véritable représentation des personnels, sans concéder le cadre de la pensée à la technocratie du haut encadrement des énarques, ni aux accompagnateurs politiciens du dialogue social. Le dialogue, le vrai, n’a rien à voir avec la République des copains !
La question des rythmes scolaires est une caricature de méthode ratée, de rendez-vous ruiné alors que la FSU – ayant condamné la semaine de 4jours – ne remet nullement en cause un retour à neuf demi-journées ! Mais pas comme ça. Pas à la va-vite, pas sous la pression des maires de France, pas sous la pression des parents, pas en faisant des dégâts collatéraux dans l’animation périscolaire et extrascolaire. Car finalement, la réforme Peillon ne fait pas que municipaliser en partie l’école et renvoyer les disciplines d’éveil à la périphérie du temps scolaire : elle passe à côté des élèves. Ils seront toujours aussi longtemps dans l’école, mais avec des organisations différentes de ce temps qui ne présentent aucune garantie de meilleurs apprentissages. Cette réforme est mal faite, mal pensée, mal concertée mais pire : elle atteindra un autre objectif que celui affiché.
Une vraie refondation, partant des intérêts des élèves et ayant précaution à revaloriser les différents métiers de l’éducation – dans l’Ecole et dans le périscolaire comme à l’ACCOORD de Nantes, l’ARPEJ de Rezé, l’OMJ de Saint-Nazaire ou Saint-Herblain ; une vraie refondation prendrait le temps d’associer de manière concertée et ajustée les parents, les enseignants et les éducateurs reconnus comme concepteurs de leurs activités. Le milieu a capacité à penser les méthodes à mettre en œuvre pour faire progresser les élèves et appréhender les temps de l’enfant. La concertation fait défaut parce que non seulement elle est technocratique mais aussi parce que la réforme recouvre d’autres intentions pour territorialiser et redistribuer les responsabilités éducatives. Le changement n’effraie en rien la FSU, ce sont plutôt les lobbies qui sont à l’œuvre dans les coulisses qui aident à faire du sens et qui sont inquiétants.
Didier HUDE