Réforme systémique, comptes notionnels,
Surcoût du travail, charges additionnelles
Bruxelles, injonctions, décote des pensions
Y’a des gueux qui lassent jusqu’à Matignon
L’austérité fait le lit des régimes politiques les plus réactionnaires. Cette austérité délabre notre République. On voulait plus d’Chirac et on a eu Sarko, on voulait plus d’Sarko et on a eu Hollande, Hollande a mis Ayrault, il nous fait du Sarko, on en a marre d’Hollande et on veut plus dAyrault et qui c’est qui arrive en bottes dans le rétro, le F haine !
Pendant la campagne de 2012 Marisol Touraine a relayé les promesses de François Hollande sur le retour de la retraite à 60 ans ! Un an après, l’alignement des libéraux sociaux sur Manuel Barroso nous vaut un nouveau fiasco social sur les retraites. Rien en France ne nous y obligeait, mais à Bruxelles tout y contraignait. Les peuples payent la crise de la spéculation et les Matignon qui se suivent ont les mêmes mots dans leurs chansons : sauver la retraite par répartition, garantir l’avenir et la justice grâce à des efforts financiers qui seraient équilibrés… Paroles paroles paroles… Les mensonges accumulés ont des effets dévastateurs. Ils mènent droit dans le mur ce régime qui fait dans la science-fiction économiste en épousant de plus en plus ouvertement les thèses en vigueur. Le dernier rapport Attali, encensé par le président Hollande, en atteste. Il faut croire en l’économie positive et avoir la patience de régulations à venir. On rêve ou on ment ? Expliquons ça aux dizaines de millions de chômeurs et travailleurs précaires de la zone euro, aux relégués victimes du désordre économique mondial qui meurent dans les eaux de Lampedusa. La misère du monde s’entretient par les ronds de jambes des gouvernants qui, une fois arrivés aux pouvoirs, se coulent dans les moules et réservent les changements aux dissertations.
Ce gouvernement tourne le dos à une large part de son programme électoral. Il tourne le dos aux catégories sociales que nos syndicats représentent ici. Que d’autres syndicats, par des proximités qui leurs appartiennent, choisissent d’accompagner des contre réformes comme l’ANI hier ou les retraites aujourd’hui, c’est leur affaire. Mais tous les indicateurs sont là aujourd’hui pour témoigner du séisme social dans notre pays. Une fois de plus, le dégoût autant que le désespoir créé par des classes politiques décevantes fait ses ravages. Forcément le populo, même pas trop instruit, même pas au courant de tout, comprend bien qu’on lui fait payer les profits des actionnaires. Le déficit de la sécu – à cause du chômage, des salaires qui stagnent et des exonérations aux entreprises – c’est 16 à 17 milliards d’euros en 2013. Les dividendes prévus aux actionnaires du CAC 40 c’est 40 milliards cette année. Les ristournes fiscales « compétitivité » aux entreprises prévues en 2014 c’est 20 milliards. Si les revenus financiers contribuaient autant que les salariés pour la sécu ce serait 20 milliards de nouvelles recettes. Les choix sont là. La sécu, les retraites, sont exposées aux sacrifices pour les profits et pour les marchands d’illusion des fonds de pension.
Un autre fait que le populo sait aussi. C’est que l’espérance de vie c’est un piège à con dans l’argumentation. Depuis 1994 on a ajouté 4 ans de cotisations pour la retraite alors que l’espérance de vie des femmes n’a augmenté que de 2 ans environ et celle des hommes de 3 ans. Et là, le gouvernement dit de gauche nous en rajoute pour 18 mois, alors que les tables d’espérance de vie hésitent à prévoir un allongement et prévoient même une baisse de l’espérance de vie pour les plus démunis. Ce gouvernement n’en rate pas une. Sa réforme n’est positive que sur deux ou trois aspects : la prise en compte de l’apprentissage, de la formation des chômeurs et du régime agricole. Pour tout le reste ça stagne ou ça régresse. Quant aux femmes c’est simple : en musique il faut deux noires pour faire une blanche. En pensions de retraite il faut celles de deux femmes pour faire celle d’un homme aujourd’hui. Demain ce sera pareil. Le projet du gouvernement ne change rien. Il induit même des pistes qui peuvent flinguer les principes mêmes de la répartition, avec le pilotage stratégique.
Grâce à nos incapacités nationales à agir dans l’unité, avouons-le, notre lutte est mal emmanchée. Mais nous ne serons pas toujours les cocus de notre histoire sociale. Et puis il y a des batailles qui n’ont pas besoin de certitude de victoire pour être menées. Elles s’imposent comme un devoir de conscience. Ici c’est le cas. Ce gouvernement se condamne gravement par ses choix qui détournent une large part de son électorat. Et malheureusement, il va conduire le syndicalisme à éponger d’autres éclaboussures qu’il nourrit.
Brignoles abstentions, tocsin d’élections,
On sait où on va, l’Histoire en leçons
Y’a d’la haine marine qu’est en décoction
Car y’a des gueux qui lassent jusqu’à Matignon
Didier HUDE