L’austérité, chère aux gouvernants qui se succèdent, n’est pas au service des peuples. Ce n’est pas une purge ou une diète pour remettre sur pieds des retraités tremblants, des chômeurs souffreteux, des précaires chancelants, des étudiants contingents. L’austérité est un dogme au service de l’ordre financier et des actionnaires, pour le seul bienfait de leur santé à eux, et à eux seuls. L’austérité, que la droite moderne appelle parfois la rigueur, est un témoignage de responsabilité et de solidarité entre amis de l’ANI pour se faire du bien.

En ce 1er mai à caractère international pensons aux victimes de toutes les misères mises au monde par l’oppression de l’ordre économique mondial. Le dumping social érigé en principes, creuse des inégalités mortifères où les pays du sud n’ont qu’un avenir frappé d’alignement par l’oligarchie de l’argent. L’émigration fuit des pays sinistrés par la misère, par la guerre et les violences communautaristes. Des réfugiés meurent par centaines et milliers dans les pièges de la brousse, l’aridité du désert, puis dans un linceul des flots en Méditerranée. Ces femmes et ces hommes qui meurent tous les jours sont nos sœurs et nos frères de loin, condamnés au chômage à perpétuité, à la peine capitale du Capital. Nos gouvernements portent une large part du scenario mortel en tant que serviteurs de l’oligarchie de ce Capital qui règne en maître sur la planète. Pour se perpétuer l’ordre a besoin d’obscurantismes populaires entretenus, mais surtout de serviteurs aux pouvoirs pratiquant les saignées. Endiguer les flots migratoires dans un monde d’injustices est aussi illusoire qu’interdire la fonte des calottes glacières ou par simple décret d’enjoindre à la mer de cesser de monter.

L’austérité tue, en Grèce surtout, en France aussi. Des études très sérieuses en témoignent comme celle, récente, du British Medical Journal. Une fois arrivés au pouvoir, les dirigeants politiques ne font pas qu’oublier des thèmes de campagne électorale. Il arrive qu’ils passent pour pertes et profits des pans entiers d’engagements ainsi que les conséquences immédiates sur les populations. Après l’arrivée de Syriza en Grèce, l’histoire retiendra la capitulation de la France devant l’Allemagne, face au commissaire européen aux affaires économiques Pierre Moscovici. Notre troïka actuelle à la Française Hollande/Valls/Macron, par la bouche de Michel Sapin, a gentiment averti la Grèce, que « le seul terrain connu qui permette d’avoir un peu de temps, de tranquillité et de calme, c’est la prolongation du programme précédent ». La résistance grecque, dans cette épreuve cynique imposée par un clan dont la France participe, est une résistance contre le fanatisme d’un Euro groupe qui ne peut supporter le moindre défaut d’alignement à l’ordre mondial.

Comprenons que la France poursuit le cap d’un ajustement structurel qui modifie profondément la nature même de notre contrat républicain. La loi Macron est ainsi faite pour redonner confiance aux investisseurs dans notre pays. Elle est faite pour licencier plus vite, pour homologuer les licenciements collectifs entreprise par entreprise, sans tenir compte des moyens du groupe dont elles relèvent. Ces signaux positifs pour investir en France passent par une révision du code du travail, un contournement de la justice prud’hommale, du code pénal. Le patronat s’en réjouit. Il pousse plus loin les feux. Il revendique aujourd’hui d’attendre 67 ans pour percevoir la retraite complémentaire et ainsi ménager les réserves de l’ARRCO et de l’AGIRC. Le patronat stigmatise le fait qu’il y ait trop de fonctionnaires, trop d’emploi public. Cela dissuade d’investir en France. Le Macron est un élément clé d’un dispositif plus complet passant par la réforme du contrat de travail à venir dans le privé comme dans le public. Réformer l’État est nécessaire aux yeux de l’Europe financière. C’est là l’objectif. Pour cela attaquer le secteur de droit commun est indispensable pour faire tomber ensuite comme un fruit mur celui des fonctions publiques et achever le travail sur la redistribution de l’assurance maladie, du chômage et des retraites. Les travailleurs des secteurs publics doivent comprendre que leur sort est lié à celui du privé de droit commun.

La France, se gouverne à coups de statistiques maniées par le personnel politique qu’il soit libéral ou social libéral et ces statistiques sont maniées et interprétées par leur technocratie d’accompagnement. Hasard ou pas, depuis la mise en place de l’Europe monétaire, l’entreprise consacre deux fois plus d’argent à la finance et à rémunérer ses actionnaires. Ses profits se détournent plus qu’avant de l’investissement. La France participe d’un cap économique qui pèse sur nos salaires et l’emploi. Le discours dominant fait écho à une citation de Mark Twain : « il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques ». Notre gouvernement se fait complice du patronat dans l’usage des chiffres grâce à un enrobage de bobards tournant le dos au partage des richesses.

Soyons lucides et solidaires, chômeurs, précaires et même fonctionnaires !

Didier HUDE