Aujourd’hui, 1er Mai, le discours devrait être une fête. L’an passé, nous chantions… mais à la FSU, à Saint-Nazaire, LA voix nous manque.
Aujourd’hui, 2014, le discours n’est que ce que doivent entonner les travailleurs : un discours de luttes.
Luttes
Lutte… contre le Pacte de responsabilité signé avec le sang des salariés, des retraités et des chômeurs
Un pacte irresponsable, dramatique de conséquences. Il nous enfoncera dans la crise sociale et économique.
Remplacer des cotisations sociales employeurs par des prélèvements sur les ménages c’est une baisse du pouvoir d’achat… encore accentuée par le gel des prestations sociales (allocations familiales, aides à la garde d’enfant et au logement).
Exonérer les entreprises des cotisations familiales, c’est les déresponsabiliser de l’investissement social de la politique familiale qui permet aux familles d’offrir aux enfants accueil, éducation, santé… ces enfants, adultes de demain, futurs salariés des entreprises.
Lier cotisations sociales et coût du travail, c’est leurrer son monde quand de nombreuses comparaisons internationales montrent que les pays qui ont de fortes cotisations employeurs versent de plus faibles salaires nets.
Ce n’est pas la peine de chercher la responsabilité dans ce pacte… n’oublions pas sa première dénomination : pacte de compétitivité qui traduisait son origine libérale… Les grands patrons, plus soumis aux diktats de la finance que soucieux de l’intérêt général vont encaisser leurs 35 milliards. Ils ne donneront rien. Ils n’embaucheront pas… ça rapporte plus de spéculer que de produire dans l’industrie. Ils préfèrent brader Alsthom ou délocaliser l’usine Seita de Carquefou en Pologne.
Lutte… contre les 70 milliards de réduction des dépenses publiques… (Je ne me trompe pas… il y a bien LES 50 milliards promis au MEDEF et à la Commission européenne, plus 10 milliards nécessaires pour financer le Pacte de responsabilité, plus 10 milliards pour le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) qui n’étaient pas financé.) Ces 70 milliards assécheront notre économie, accroîtront la récession, tout en diminuant notre bien-être collectif. Le gouvernement en ayant les yeux fixés sur les taux d’intérêt est aveugle aux besoins de la France d’en bas, en flattant les finances écrase ceux qui produisent les richesses, en voulant réduire les déficits augmente la dette. (Les déficits sont passé de 5,3 à 4,3 % et la dette, elle de 85,9 à 94,3 % du PIB).
S’attaquer aux Services Publics, à la protection sociale, aux collectivités territoriales, c’est continuer de prendre aux pauvres de l’argent public pour donner aux riches en prétendant que les riches vont redonner aux pauvres…
Lutte… pour se faire entendre… Ah mais oui, j’oubliai… Le président Hollande a entendu les électeurs… il a nommé Manuel Valls premier ministre, a choisi un ancien secrétaire d’état aux affaires européennes de Nicolas Sarkosy comme secrétaire général de l’Elysée… a annoncé un volet « justice sociale » au pacte d’irresponsabilité.
Dans son pacte de Solidarité, Manuel Valls se vante de « procurer 500 euros par an de salaire net supplémentaire »… en baissant les cotisations sociales payées par les salariés. Ce qu’il accorde de la main gauche, il le retire de la main droite. Ce sont les salariés qui financeront l’augmentation de leur salaire net en voyant diminuer leur salaire socialisé, les cotisations sociales. Le manque à gagner pour la sécu sera financé par les impôts (des salariés, des retraités…), ou certains devront renoncer à se soigner (des salariés, retraités et chômeurs bien sûr).
Cette proposition s’attaque au fondement de notre Protection sociale issue du Conseil National de la Résistance : les cotisations sociales, le salaire mutualisé, qui permettent la redistribution à chacun selon ses besoins en cas de maladie, de chômage, de famille nombreuse, de besoin de logement, d’accident du travail ou de retraite. C’est une proposition qui était dans un programme de candidat aux dernières élections présidentielles… celui de Marine Le Pen. Elle est bien le pendant au Pacte de Responsabilité pour démanteler la Sécurité sociale.
Les fondements de cette politique
Cette politique est destinée à plaire à la Troïka, à la finance, aux banquiers et spéculateurs… « le véritable adversaire » du candidat Hollande… mais pas du Président Hollande !
Une vision libérale pour laquelle les baisses des salaires et du coût du travail (la baisse des charges) sont la seule politique possible.
Depuis le premier dispositif d’exonération sur les bas salaires de juillet 1993 se succèdent les exonérations des cotisations sociales employeurs… Après plus de vingt ans, les évaluations de ces différentes mesures montrent que s’il y a un effet positif sur l’emploi, le coût annuel est exorbitant pour les finances publiques : près de 75 000 euros pour chacun de ces emplois … il est de 44 000 euros par emploi pour les exonérations accordées aux entreprises en contrepartie de la mise en place des 35 heures… de 10 000 euros pour les créations directes d’emplois aidés.
Et pour l’Etat… une seule politique budgétaire possible, revenir au seuil de déficit de 3% du PIB… critère retenu par l’Europe depuis Masstricht pour imposer son orthodoxie budgétaire et soumettre les peuples de Grèce, du Portugal, d’Espagne… de France à l’austérité nécessaire pour continuer d’augmenter les dividendes des actionnaires. Une référence devenue cardinale sans vertu… inventée en France en 1982 pour justifier la politique de rigueur de François Mitterrand, « fruit des circonstances » dépourvu du moindre sens économique comme l’a confié son inventeur Guy Abeille à La Tribune dans un article d’octobre 2010.
Si on veut contenir les déficits, il faut prendre l’argent là où il existe, chez les gros, pas chez les petits. Il faut des mesures fiscales sur les 84 milliards de dividendes, sur les 80 milliards de fraudes fiscales, sur les 590 milliards d’avoirs français dans les paradis fiscaux. Il faut faire contribuer les 1% qui détiennent 25% de nos richesses.
Une autre politique, c’est possible !
Préserver la répartition des richesses du travail est nécessaire pour éviter la fracture démocratique. Pour ça il faut inverser le mouvement actuel qui affaiblit la part des salaires et augmente celle des dividendes des actionnaires.
Revaloriser les minima sociaux, restaurer les comptes de la sécu, investir dans l’hôpital public et la santé c’est possible ! Revenir sur la réforme injuste des retraites et des dégradations des 20 dernières années c’est possible ! Augmenter les salaires c’est possible ! Renouer avec le plein emploi au lieu d’accepter un taux de chômage structurel voulu par les patrons, c’est possible !
Tout est possible mais pas aux ordres du patronat et des cercles de réflexion désormais communs aux libéraux dits sociaux et aux capitalistes ordinaires.
Unis contre l’austérité
Nous attendions le changement, maintenant c’est l’austérité…
En ce jour funeste, la FSU garde en mémoire les noms des députés qui ont définitivement trahis les salariés et continuera d’œuvrer pour persuader ces mêmes salariés que le changement de notre destin commun est entre nos mains. Il suffit juste de le vouloir ensemble.
Nous devrions « Tous ensemble » être unis contre cette austérité de « gauche »… mais c’est oublié un peu vite qu’il existe un syndicalisme d’accompagnement.
Pour nous qui nous réclamons d’un syndicalisme de transformation sociale l’unité n’est pas suffisante en soi… nous nous battrons avec les salariés, les retraités, les privés d’emploi, avec les jeunes pour que l’argent et son cortège d’accompagnateurs n’imposent pas leurs lois, pour que le système de répartition joue pleinement son rôle, pour conquérir de nouveaux droits.
Les temps peuvent et doivent changer.
C’est pourquoi le 15 mai les agents des trois versants de la Fonction Publique seront en grève et dans la rue, les retraités le 3 juin et parce qu’il le faudra en interprofessionnel pour un printemps social.
Erick Lermusiaux