Ce mois de juillet 2022, la FSU Loire-Atlantique est doublement endeuillée avec les disparitions de Bernard Colou et Gérard Roulic.

Avec Bernard et Gérard, c’est une longue et belle page de l’histoire de notre syndicalisme que nous avons construit, faite de revendications, de mobilisations, de débats intenses, de sourires, de rires et surtout d’un engagement sans faille. Leur absence nous pèsera, mais nous ne les oublierons pas.

Notre camarade et ami Bernard COLOU s’en est allé après une ultime  bataille menée avec courage, combat qui ne lui semblait pas impossible de gagner  comme à son habitude.  Hospitalisé pour un cancer du poumon avec de multiples métastases, un  problème respiratoire nous l’a enlevé.
Nous ne le verrons plus dans nos assemblées, son chapeau vissé sur la tête et son porte-document sous le bras rempli de pages griffonnées avec des revendications argumentées méticuleusement analysées, ni dans les manifs avec une poignée de drapeaux FGR à distribuer.

Il nous laisse l’image d’un homme jovial  à l’humour discret. Sa curiosité de l’autre le poussait de manière naturelle à entrer en conversation avec quiconque rencontré lors d’une manif, dans la rue… à la médiathèque où en homme assoiffé de connaissances, il trainait souvent.

La différence dans les idées militantes loin de lui faire peur l’attirait car c’était l’occasion pour lui de débats passionnés qui lui permettaient de mettre en avant les combats nécessaires pour une justice sociale. Son humanisme profond l’avait mené vers de nombreux engagements (MRAP, Mouvement de la paix, AFPS, Secours Populaire, ADMD, Comité du souvenir, PCF, FSU, FGR, ARAC, Libre Pensée) “Pour moi, il n’y a pas de contradiction dans mon soutien à des organisations très différentes, certaines en désaccord entre elles sur le même sujet. Mais elles mènent des combats convergents, parallèles. Je vais toujours à l’essentiel de leurs combats spécifiques qui me préoccupent et qui m’obligent à les aider. Cette diversité de combats me semble essentielle pour faire vivre une démocratie offensive sur chacun des problèmes de la société.” ( Extrait d’un interview dans la Libre pensée nantaise)

Pour lui, le discours ne pouvait faillir à l’à peu près. Il devait s’appuyer sur  des démonstrations scientifiques et économiques dûment mises à l’épreuve  de la réalité. Il  portait en lui une exigence de la plus grande cohérence possible entre réflexion et action  alignant idées, raisonnement étayé d’arguments sans faille et moyens à mettre en œuvre pour des combats efficaces. Celles et ceux qui ont eu l’occasion de l’écouter à la FGR, association dont il était très fier ou dans d’autres instances syndicales, associatives doivent se souvenir de ses exposés!

Également  croyant en la science sous toutes ses formes, il a décidé de lui “faire don de son corps”. Donc il n’y aura pas de cérémonie selon ce que souhaitait Bernard. Loïc et moi pensons à une cérémonie d’adieu à la rentrée de septembre avec toutes celles et ceux qui ont milité avec lui, si sa famille est d’accord.

Monique Ramé

Gérard ROULIC n’est plus et c’est tout un pan de la mémoire syndicale que nous perdons avec lui. Il faudra recourir aux archives pour écrire l’histoire, mais sans le vécu personnel et tout ce qu’il comporte.

Dès sa sortie de l’ENSET (Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique) Gérard s’était investi dans l’action syndicale au SNET-FEN (Syndicat National de l’Enseignement Technique), puis après 1966 dans le SNES qui unifiait les personnels du second degré classique, moderne et technique. Il exerçait à Nantes et assumait la responsabilité académique (S3) et aussi départementale (S2-44). Il fut aussi responsable départemental de la FEN-44. Totalement engagé il n’a pas ménagé son temps ; l’action syndicale est exigeante et il n’y a pas toujours suffisamment de camarades pour la mener. De plus, à cette époque et pendant quelques mois après 68 le SNES ne disposait pas de local (le maire de Nantes n’avait pas répondu aux demandes et la location place René Bouhier ne s’est pas faite d’emblée). La frappe des textes était assurée par une personne à Orvault, le tirage à la ronéo par une autre de la même localité.

Malgré ces conditions d’exercice qu’il est difficile d’imaginer aujourd’hui, sous l’impulsion de Gérard, un collectif de militant.e.s de plus en plus étoffé s’est constitué, chacun.e étant responsable d’un secteur de réflexion et de propositions. Et une politique d’investissement du SNES au plan national a permis à la section académique de disposer de locaux rue Dobrée.

Gérard était un organisateur de premier plan, travaillant sans relâche avec le collectif à la définition des propositions théoriques dans tous les champs de la réflexion et des modalités d’actions appropriées avec en ligne de mire la transformation sociale.

Ce sont des camarades comme lui, engagés dans l’action collective, qui ont construit la FSU et l’ont fait grandir. Ces derniers temps Gérard contribuait encore à la vie de la FSU et de la FGR-FP (Fédération Générale des Retraités de la Fonction Publique).

Il était aussi investi dans la réflexion sur l’environnement et dans le comité du souvenir de Loire-Atlantique.

Il nous reste la solidarité, la camaraderie, l’amitié qui permettent d’agir ensemble et qu’il nous faut préserver et étendre : c’est sans doute le meilleur hommage qu’on puisse rendre à Gérard.

Yves Le Duff et Anne Mesnier