Ces gens là, on n’en veut plus

D’abord, d’abord, y a les CAC quarante voleurs
Eux qui sont si peu à se partager autant
Eux dont on sait plus leur nom, Messieurs dames
Tellement qu´ils se cachent en sociétés anonymes
Tellement qu´ils ont de comptes dans leurs paradis
De passeports pour échapper à la justice
Et ça coquin-copine, se congratule
Et ça se décore par des renvois d’ascenseurs

Faut vous dire, Messieurs dames, que chez ces gens-là
On ne vit pas, Messieurs dames, on ne vit pas, on vole

Et puis, y a l´autre
Un portefeuille d’actions à la place du cœur
Qu´est avide comme un rat, qu’est radin comme pas un
Même qu´il prendrait la ch’mise à de pauv’ gens sans l’ sou
Qui fait ses petites affaires défiscalisées
Qui aime avoir l´air avec sa grosse Rolex
Avec sa grosse auto, avec ses gros cigares
Mais qui râle toujours de ne pas avoir assez
Qui se plaint tout le temps de payer trop d’impôts

Faut vous dire, Messieurs dames, que chez ces gens-là
On n´travaille pas, M’sieur dame, on n’ travaille pas, on triche

Et puis, il y a les autres
Le Berger qui ne dit rien ou bien n´importe quoi
Et du soir au matin dans son cadre en or
Y a l’ portrait de Jupiter qui s’prend pour le roi
Qui s’est glissé par effraction jusque dans le palais
Et qui commande son troupeau comme un grand banquier
Et ça fait de grandes lois pour enrichir les riches
Et ça fait d’ grandes réformes pour appauvrir les autres
Et ça n´écoute même pas c´que les pauv’ gens racontent

Faut vous dire, Messieurs dames, que chez ces gens-là
On n´écoute pas, M’sieur dame, on n´écoute pas, on compte

Et puis, et puis, et puis il y a Nous
Nous qui sommes tellement nombreux dans la colère
Nous qui sommes tous ensemble pour être peuple
Même qu´on s’ dit souvent qu´on aura un monde meilleur
Avec des tas de frères et presque pas de patrons
Et qu´on vivra dedans, et qu´il fera bon y être
Et que si c´est pas sûr, c´est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas, parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu´il faut qu’on trime encore et toujours plus longtemps
Que notre salaire n’est qu’une trop lourde charge
Qu’on est tout juste bon à regarder la téloche,
Qu’on n’est utile qu’à acheter ce qu’ils vendent

Enfin ils ne veulent pas, ils ne voudront jamais
Parfois quand on se rassemble, vrai que c´est exprès
Avec nos poings levés, avec nos slogans en bouche
On s’dit qu’ils partiront, on s’dit qu’on se battra
Qu’on y reviendra sur cette place, ou sur une autre
Alors moi je le crois, à cet instant, messieurs dames
Parce que ces gens-là, messieurs dames, on n’en veut plus
Ces gens-là, on n’en veut plus, on n’en veut plus

Mais il est tôt, Messieurs dames, il est encore tôt
Il nous faut prendre la rue.

Erick LERMUSIAUX