Après les heurts survenus ces derniers jours autour du projet d’aéroport, l’annonce gouvernementale d’une « commission de dialogue » ne doit pas se limiter à un effet d’annonce. Cette commission doit avoir un autre but que celui d’expliquer aux « opposants » – dans leur grande diversité – qu’ils pourraient ne pas avoir bien compris l’ampleur d’un projet qui a du mal à convaincre largement. Le débat est à reprendre. Il doit permettre d’aller plus au fond sur des aspects économiques et d’emploi. La situation est d’autant plus passionnelle qu’elle prête le flanc à des personnalisations sensibles. En sont acteurs, le premier ministre mais également les deux préfets dernièrement en exercice, l’un devenu conseiller du groupe Vinci, l’autre directeur de cabinet du ministre l’intérieur. Ces éléments, dans la manière dont les forces de l’ordre interviennent, sont autant de « kystes » pour le pouvoir en place. Seul un débat public à reprendre sur la base d’éléments actualisés peut permettre une résorption des points de crispation. Les opposants sont loin de se réduire à des professionnels de la guérilla urbaine.

La FSU de Loire-Atlantique s’est gardée jusqu’à ce jour de prendre position, exprimant son souhait d’un moratoire sur le projet pour mieux en évaluer les retombées pour le pays, la région et l’inter région mais aussi pour notre département. Cependant, la forme des interventions à caractère « militaire », le quadrillage policier renforcé de la ville de Nantes pour sécuriser des sites politiques sensibles, ne sont pas de nature à rassurer. Nous ne partageons pas les déclarations préfectorales justifiant l’usage des canons à eau, débouchant sur une violence instituée supposée répondre aux provocations qu’elle induit. Dans ce contexte, la FSU de Loire-Atlantique décide de faire de « Notre Dame des Landes » l’un des thèmes de son congrès départemental de janvier 2013.

Nous interrogeons fortement les chiffres avancés en termes de création d’emplois. Sur les 3 000 créations annoncées, le CETE Ouest évaluait à près de 2 000 les emplois transférés du Sud Loire vers Notre Dame des Landes : compagnies aériennes, fret, emplois publics, administratifs et de gestion… Ces transferts inévitables vont accroître le déséquilibre industriel du Sud Loire. Par ailleurs, le sort et la pérennité d’Airbus, isolé à Bouguenais, n’a rien d’assuré. Le même scénario s’est déroulé à Toulouse. En quelques mois Airbus a déménagé ne pouvant faire face à la gestion et l’entretien d’une piste privée. Cette disparition industrielle va avoir des conséquences lourdes en déplacements quotidiens, restructuration des services publics en sud Loire. Une spéculation immobilière est déjà en filigrane, avec des enjeux sociologiques et politiques sensibles pour investir sur les friches aéroportuaires.
La FSU, avec son entrée syndicale, veut avoir un débat évitant les démagogies, interrogeant les évidences, car nous savons trop bien que les « notions de progrès » et la création de richesses n’ont pas pour corollaire évident le progrès social et la création d’emplois. La primauté des intérêts financiers, surtout dans les partenariats public/privé, a souvent peu à faire des intérêts sociaux.

Didier Hude