La FSU de Loire-Atlantique considère que le maintien obstiné du projet d’aménagement de l’aéroport de Notre Dame des Landes est une erreur économique, écologique et politique. Les demandes récentes d’évacuation de la « ZAD », après la manifestation du 22 février dernier, ne peuvent qu’engendrer de nouvelles violences, inutiles pour tout le monde. Abandonner ce projet ne serait pas un « renoncement » à un progrès bâti sur des spéculations mais au contraire un signe donné qu’un autre avenir est possible.

Sur le plan économique, le projet confié au groupe Vinci, envisage principalement un développement d’activités autour d’un low cost volatile, sans aucune garantie tangible sur le fret, sur la circulation de ce dernier via des axes de transports intégrant le Sud Loire, sans perspectives sérieuses en faveur du tissu industriel. Le volontarisme du projet ignore délibérément des axes d’amélioration de l’actuel aéroport de Nantes Atlantique.

Sur le plan écologique, l’artificialisation de milliers d’hectares de terres agricoles, de zones humides sur un bassin versant qui sera ensuite gravement perturbé relèvent d’un choix à œillères productivistes. Au-delà des impacts sur la faune et la flore, la qualité de la vie locale, il ignore aussi le devenir du transport aérien, le tarissement inexorable des énergies fossiles qu’il mobilise.

Sur le plan politique, ce projet est principalement porté par les dogmatismes et représentations convenues des patronats, mais aussi des personnels technocratiques et politiques locaux qui, de tous bords, ont épousé le même credo confondant l’économie et la génération de profits. La vision de prestige qui nourrit ce futur aéroportuaire, la projection de vitrine du grand ouest est mal partagée. Elle n’est en rien un remède sérieux à la destruction de l’emploi de nos territoires. Enfin, elle ouvre la porte aux spéculations immobilières sur le grand ouest de l’agglomération nantaise. Elle fissure durablement les composantes politiques et civiles supposées plutôt favorables au régime en place, qui s’en détournent, au-delà de jeux d’alliances électorales de circonstances.

Cet entêtement devient coupable. Le 22 février dernier, il a révélé une fois de plus une lourde responsabilité de l’Etat dans la situation créée. La FSU de Loire-Atlantique, sans appeler à cette manifestation car telle n’est pas notre fonction syndicale, était largement représentée, sans signes ostensibles. Nous avons pu vérifier un dispositif policier sous tension dès le début de la manifestation, un jeu de provocation délibéré de la part de manifestants visiblement décidés à en découdre. Nous avons aussi pu observer un laisser faire inhabituel et surprenant des forces de police en civil et en uniforme face à des gestes de destruction de la vitrine de Vinci et de véhicules de chantier, de matériel urbain, d’équipements liés aux transports publics… Les arrestations et comparutions immédiates des personnes interpellées ciblent des jeunes gens qui ne ressemblent en rien aux « blacks blocs » évoqués par le ministère de l’intérieur. Les désormais inculpés ne sont que des lampistes d’un scénario bien étrange, destiné à jeter le discrédit sur la population civile opposée au projet du gouvernement, du groupe Vinci et du patronat.

Sans soutenir en quoi que soit une violence qui ne sert que le camp des « pro aéroport », la FSU de Loire-Atlantique dénonce enfin la manière dont la police s’est comportée, tirant près de 1 800 grenades, dont plusieurs à tirs tendus à hauteur d’homme visant délibérément des manifestants dont certains, non violents, n’ont eu que le tort d’être sur leur passage. C’est le cas du jeune homme qui a perdu un œil le jour de ses 29 ans, atteint par un tir de grenade assourdissante en plein visage ou de flashball selon d’autres sources.