A l’attention de Monsieur le Sous-Préfet,

Saint-Nazaire, le 13 avril 2023

 

Depuis le 19 janvier, la population se mobilise massivement contre la réforme des retraites. Les différentes journées à l’appel de toutes nos organisations syndicales et de jeunesse ont rassemblé des milliers de personnes dans les rues de Saint-Nazaire avec pas moins de 14 manifestations organisées dans le calme par l’intersyndicale.

Nous étions aussi rassemblés pacifiquement le 16 mars devant la sous-préfecture dans un cadre intersyndical plus réduit afin de dénoncer l’usage du 49.3 à l’Assemblée Nationale pour le passage en force de la réforme des retraites.

Lors de la manifestation du 23 mars alors que le cortège venait de s’élancer dans le calme de la Place de l’Amérique Latine, les participants dont des familles avec enfants ont été pris sous le gaz lacrymogène à hauteur du rond-point des Quatr’s Horlorges. Ce nuage toxique a continué d’incommoder un grand nombre de personnes à hauteur de leur passage à ce rond-point et y compris sur la place de l’Amérique Latine pendant et jusqu’à la conclusion de la manifestation.

Dans une démarche de responsabilité qui anime l’intersyndicale depuis le début de ce mouvement social et afin de rassurer les manifestants peu enclins à subir les lacrymogènes l’intersyndicale a décidé d’un nouveau parcours pour le 28 mars à l’opposé de la sous-préfecture.

Nous avons pu constater à nouveau le déploiement des forces de l’ordre vers le Ruban Bleu.

Ce 6 avril dernier l’intersyndicale avait reproduit un parcours similaire vers le nord de la place de l’Amérique Latine. A l’issue de l’arrivée du cortège de nombreux manifestants sont restés de manière pacifique autour des stands déployés par la CGT et FO sur la place et cela pour la 8ème fois depuis le début des mobilisations sur St-Nazaire.

C’est à partir de 13h que les premiers nuages de gaz lacrymogènes ont été ressentis sur la place à plus de 400m de la sous-préfecture.

Peu de temps après, une pluie de grenades lacrymogènes s’est abattue sur la rue Henri Gautier entre le Ruban Bleu et la place. Des forces de police sont ensuite apparues sur le balcon du

Ruban Bleu pointant leurs armes vers les stands de la CGT. Après protestation de nos militants ne comprenant pas cette attitude il a été fait usage de tirs tendus de lacrymos vers leur direction.

Le sang-froid et le sens des responsabilités de nos militants ont permis le rangement précipité du matériel sans tomber dans l’affrontement en réponse aux tirs des forces de l’ordre.

Cette agression a touché aveuglément les manifestants pacifiques, les commerces et les établissements scolaires à proximité, ainsi que les habitants autour de la place de l’Amérique Latine qui pour certains ont dû quitter leur logements, l’air devenant irrespirable.

Cette agression s’ajoute aux expulsions de piquets de grève réalisées de manière brutale sans aucune place au dialogue ni à la négociation comme à l’appontement de l’Arceau à Donges le 21 mars dernier.

Elle s’ajoute aussi aux nombreuses réquisitions des salariés de chez TOTAL ou de la SFDM, qui sont une atteinte au droit de grève.

Monsieur le Sous-Préfet nous tenons ici à vous signifier notre totale incompréhension et notre ferme désapprobation à voir ainsi les forces de l’ordre intervenir jusque sur le lieu de départ et de dislocation de nos manifestations qui a toujours été un lieu calme tenu avec responsabilité.

Aussi, nous vous demandons de nous préciser ce qui a pu conduire à une telle intervention.

Par ce courrier nous dénonçons cette intervention des forces de l’ordre sur une place identifiée comme rendez-vous pacifique des luttes sociales depuis le début des mobilisations du 19 janvier et identifiée comme telle depuis de nombreuses années.

Ces agissements ne feront reculer ni notre volonté, ni notre détermination à poursuivre les mobilisations pour lutter contre la réforme des retraites ou tout autre mesure de recul social.

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer Monsieur le Sous-Préfet l’expression de nos respectueuses salutations.