L’expérimentation va être mise en œuvre dans l’académie de Nantes dès la rentrée 2021. Pour l’an prochain la labellisation REP va rester mais dès 2022 celle-ci disparaîtra au profit des CLA sur tout le territoire.

Voilà l’annonce ministérielle : « Nous souhaitons sortir de cette logique de zonage pour donner des moyens aux établissements en fonction de leur projet. »

Au moins c’est clair, les bases sont posées. Il n’y aura plus de politique nationale, l’attribution des moyens se fera au cas par cas. On comprend rapidement comment il sera possible pour le Recteur, les Inspecteurs·trices d’Académie et les corps d’inspection de faire pression sur les équipes pour que celles-ci puissent obtenir des moyens.

Présentation du dispositif par le Recteur

Pourtant lors de la présentation faite en groupe de travail et en CTA aux représentant·es des personnels il a été dit que :

  • le dispositif, proposé par la secrétaire d’état, était dans le droit fil de la priorité du quinquennat sur l’égalité des chances et du plan de relance présenté par le Premier Ministre en septembre 2020.
  • les CLA sont destinés aux écoles et établissements socialement proches de l’EP et aux territoires confrontés à chocs conjoncturels ou contraintes particulières.
  • les CLA s’inscrivent dans l’EP mais ne modifient en rien les réseaux actuels REP et REP+. « Les informations que nous avons aujourd’hui du MEN montrent que c’est du plus par rapport à l’existant. »
  • Il s’agit d’une nouvelle approche sur des modalités différentes pour proposer des réponses graduées et répondre aux besoins des établissements et des écoles de façon différenciée. Dispositif expérimental : « on apprend en faisant » annonce le Recteur…
  • Pour accorder les CLA il sera tenu compte des contextes locaux pour apporter des réponses aux difficultés, comme la ruralité par exemple. L’approche est très individualisée, 1er comme 2nd degré (LP en particulier)

Attribution des CLA

Leur attribution s’est faite au niveau du Rectorat en fonction non plus des 4 critères nationaux qui permettent la labellisation pour les REP et REP+ mais d’une vingtaine d’indicateurs allant des Catégories Sociaux Professionnelles renseignées dans les bases de l’EN à la mobilité des personnels dans les écoles et les établissements en passant par la réussite aux évaluations nationales. Chaque Recteur·trice ayant la possibilité de définir lui-même les critères qu’il·elle souhaite utiliser. Par exemple, le Recteur de l’académie de Nantes a fait le choix d’exclure les écoles de moins de 100 élèves car leurs indicateurs étaient jugés « peu fiables » alors que l’académie de Nantes fait partie de l’expérimentation notamment car elle est plus rurale que les 2 autres. Et donc a forcément un nombre important d’écoles de moins de 100 élèves !

Qui dit Contrats Locaux d’Accompagnement dit contractualisation

Pour l’instant aucun projet n’a été demandé aux équipes pédagogiques mais les contrats qui doivent être passés pour trois ans vont attribuer des moyens supplémentaires (création de postes dans le primaires, IMP pour le secondaire, crédits pédagogiques, fonds sociaux à destination des élèves) et des mesures RH (inscription au vivier pour l’obtention de la classe exceptionnelle par exemple). Comment ne pas entrevoir la suite : si les résultats attendus ne sont pas ceux escomptés, si les équipes n’utilisent pas les « bonnes pratiques » prescrites, si… comment ne pas imaginer que les Inspecteurs et Inspectrices n’useront pas des moyens de pressions à leur disposition, dont le retrait du CLA et des moyens qui l’accompagnent, pour mettre au pas les personnels récalcitrants.

Enfin, le peu de moyens alloués va entraîner une mise en concurrence des écoles et des établissements qui ne pourront clairement tous obtenir les contrats. Le Recteur aura beau jeu de les attribuer plus « aux loyaux ». Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les écoles et les établissements privés pourraient aussi en bénéficier rapidement, mais rien n’a été dit sur la provenance des moyens qui leur seront alloués…