La destruction de la ferme des 100 noms le lundi 9 avril, après l’évacuation et la démolition des squats par la police, traduit le caractère répressif qui préside à l’évacuation de la ZAD de Notre Dame des Landes. Cette violence, dans les faits comme dans son symbole, relève d’une volonté politique hostile, délibérément provocatrice. La préfète, en relai de l’Elysée et Matignon, s’est mise au service d’un scénario brutal destiné aux médias, voulu au plus haut niveau. Cette erreur est politique par le mépris qu’elle affiche à l’égard d’une communauté de travail et de production portant un réel projet de vie tourné vers le local, inscrit dans une démarche collective pacifiste.
Au prétexte que les résident-es des 100 noms n’avaient pas de projet agricole validé par les autorités et que leur habitat n’était pas « historique », la Préfète a justifié la destruction d’un lieu emblématique engagé dans la régularisation collective de sa situation.
La pacification ordonnée par l’Etat rejoint ici un principe d’élimination inquiétant, malgré le vernis d’une présence d’huissiers dérisoire au regard du contexte. Cette méthode de « force », cette méthode « de l’ordre », ne peut que remettre en cause les efforts internes consentis sur la ZAD. Laisser du temps, donner des espaces et outils de réflexion, de recherches de solutions pour préserver des expériences et garantir leur viabilité économique et leur intégration sociale est une épreuve d’intelligence à l’opposé d’une démonstration cultivant l’engrenage de la répression.
Donner de l’avenir à ces terres agricoles commande de prendre le temps de connaître et respecter une tectonique délicate en train de produire de l’emploi et de l’activité adaptée à un environnement qu’il faut savoir comprendre. La destruction systémique de la ZAD n’est pas une bavure : elle s’apparente à un règlement de comptes après l’annulation du projet d’aéroport.
La FSU de Loire-Atlantique demande à l’État de sursoir aux expulsions qui ne peuvent qu’attiser les violences et condamner les processus d’apaisement. Elle demande que soit mis fin à la logique de répression gouvernementale qui, plutôt que de flatter le rudimentaire, devrait écouter le bons sens de l’élaboration collective.