Les états généraux de l’éducation prioritaire organisés par la FSU se sont tenus courant janvier 2021.

En en présentant les résultats le 28 janvier, au niveau national, Benoît Teste, secrétaire général, marque l’opposition nette de la fédération à la réforme de l’éducation prioritaire lancée par J.M. Blanquer et N. Elimas. La FSU dénonce « un abandon d’une partie de la jeunesse et un renoncement à la volonté politique d’une démocratisation des savoirs ».

La FSU réaffirme que l’éducation prioritaire doit être défendue comme une condition nécessaire à une égalité scolaire pensée dans les termes d’une ambition commune pour tout·es les élèves. En effet, si la politique en éducation prioritaire n’a pas éradiqué les difficultés scolaires, elle a au moins empêché que les inégalités ne se creusent encore davantage.

Les conclusions des états généraux de l’EP sont déclinées en trois ateliers.

Atelier 1 : Quel périmètre ? Quels moyens ?

Le constat global est que les équipes sont investies et globalement stabilisées, le temps de concertation dégagé en REP+ est très apprécié pour développer un collectif de travail qui permet un meilleur suivi des élèves. Il faut donc renforcer et compléter les équipes pluriprofessionnelles, les RASED et redéployer des PDMQDC (Plus de maitres·ses que de classe).

La formation continue et initiale doit inclure des contenus spécifiques à l’enseignement en EP. Elle doit soutenir le développement des compétences didactiques et pédagogiques et non se réduire à l’accompagnement des réformes ministérielles.

Le maintien d’un cadre national est nécessaire et la labellisation doit être faite sur des critères nationaux et transparents.

Les CLA et les cités éducatives où les décisions sont davantage prises par les collectivités territoriales et la préfecture que par l’Éducation nationale en contact avec les collègues ne répondent pas aux besoins de l’éducation prioritaire

Atelier 2 : Une école ambitieuse

L’ensemble des collègues dénonce l’existence d’injonctions pédagogiques qui transforment les enseignant·es en exécutant·es en leur imposant par exemple des projets sans lien avec le travail effectué ou les réels besoins des élèves et des équipes.

La formation ne répond pas toujours aux besoins des collègues et peut être vécue parfois comme un moyen d’imposer des pratiques.

Enfin, l’externalisation des aides apportées aux élèves proposées parfois hors temps scolaire n’est pas une solution.

De ces réflexions est née la volonté de se réapproprier notamment le travail en équipes multi- professionnelles et reconquérir les modalités de travail et d’organisation du travail avec les dispositifs PDMQDC, la co-intervention non imposée, les petits groupes, les projets… Cette réappropriation est le levier de la défense du métier. Le métier est empêché, mais les solutions pour renforcer la professionnalité existent.

Atelier 3 : améliorer les conditions de travail

Cela commence avant tout par la nécessité d’une baisse significative des effectifs par classe et des équipes pluriprofessionnelles complètes. L’amélioration des conditions de travail passe également par le retour des PDMQDC et le renforcement des équipes pluridisciplinaires (RASED complet, remplaçant·es, psy scolaire, AESH, assistantes sociales…) et des équipes de vie scolaire.

Le renforcement de l’attractivité par le biais d’indemnités et bonifications indiciaires (décorrélée de toutes notions de mérite) pour l’ensemble des personnels qui travaillent dans l’EP est indispensable afin de stabiliser les équipes éducatives et de reconnaître les difficultés professionnelles dans lesquelles les personnels travaillent.

Les collègues ont souligné l’importance de donner du temps pour pouvoir travailler en équipe en inter degré, avec les divers professionnels, divers partenaires, pour pouvoir échanger avec les parents… Cette organisation du temps doit être laissée au choix de l’équipe et non pas orchestrée et imposée par les chefs d’établissement et les IEN.

Le pilotage ne doit pas être dans l’injonction. Les personnels doivent retrouver leur place de concepteur·trices pédagogiques et didactiques. Nous devons reprendre la main sur notre métier. Le service public a besoin que la confiance soit retrouvée en la professionnalité des personnels et doit s’appuyer sur notre expertise, sur notre capacité à innover et à adapter nos pratiques aux évolutions nécessaires pour la réussite de tout·es. C’est une condition pour favoriser l’engagement des équipes et donner du sens à notre travail. Il faut que cessent les politiques issues du Nouveau Management Public imposées par les différents échelons hiérarchiques qui, pour beaucoup, se servent des établissements de l’Éducation prioritaire comme un tremplin dans leur carrière. Ce sont tous les personnels qui font vivre l’Éducation prioritaire qui doivent participer à la prise des décisions du fonctionnement des réseaux.

L’Éducation prioritaire doit arrêter d’être un lieu d’expérimentations tous azimuts, souvent imposées par la hiérarchie. Les élèves ne sont pas des rats de laboratoire et nous réaffirmons que tous les élèves ont le droit aux mêmes programmes et aux mêmes heures d’enseignements, les seuls garants de la réussite de tout·es par l’accès à une culture commune. Les politiques de projets pour obtenir des moyens détournent les personnels de leur mission première et les épuisent. L’expérimentation des Contrats locaux d’accompagnement (CLA) ne doit pas voir le jour.

L’Éducation prioritaire doit être un axe de la formation initiale de nos collègues afin de casser l’image renvoyée par l’institution et les médias.