Une opération de soutien a été menée devant la mairie de Nantes. | OUEST-FRANCE
Dehors depuis juin
Ces tentes ressemblent à celles qu’utilise Françoise (1), une maman Camerounaise de 35 ans, lorsqu’elle n’a nulle part où dormir avec ses deux enfants. Rejointe il y a un an par son adolescente de 14 ans et son fils de 9 ans, elle est arrivée à Nantes voici huit ans. Hébergés « par des connaissances », elle et ses enfants se sont retrouvés à la rue, en juin, « quand ils ont quitté Nantes ».
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Depuis, elle ne sait plus où passer la nuit. « Parfois c’est à la gare, mais on se fait souvent mettre dehors. À l’aéroport, c’est mieux toléré. On s’est fait héberger quelques jours avec le 115, mais ça ne dure pas. » En journée ? « Les enfants vont à l’école. Je vais souvent à l’Abri des familles. On peut se reposer et cuisiner. »
Françoise a sonné aux portes pour trouver de l’aide. Les services sociaux nantais et l’Accueil migrants sans frontière sont alertés. « Je suis aussi allée dans les églises. » Mais sans que personne ne puisse répondre durablement à l’urgence de sa situation.
Indétectable
« Jamais on ne se serait doutés que cette élève vivait dans une telle précarité », confie une enseignante du collège René-Bernier, où est scolarisée la fille de Françoise, à Saint-Sébastien-sur-Loire. « Elle est vraiment irréprochable. Son travail est toujours fait. »
Alerté, le collège a informé les enseignants qui se sont mobilisés pour venir en aide à la famille en organisant notamment cette action en urgence. « Ce n’est pas possible que dans une ville de gauche comme Nantes, on ne puisse pas mettre cette famille à l’abri », s’indigne Camille, prof d’histoire-géo, qui enseigne leurs droits aux enfants.
Ses collègues ont pris la mesure de « la tension » qui pèse sur les jeunes : « Ils doivent être protégés, sans quoi ils vont s’épuiser. On est vraiment inquiets », confie Camille. Cette famille n’est pas la seule à vivre dehors, selon eux : « C’est récurrent au collège. Nous avons eu un cas similaire l’an dernier. Il y en a d’autres, car les enfants n’en parlent pas. » La solution pour Françoise et ses enfants, est pourtant simple à leurs yeux : « Le logement vacant du collège pourrait très bien être attribué. » Au Département ou à la préfecture d’en décider.
« Indigne », selon un élu
Devant l’hôtel de Ville, la famille a reçu le soutien de représentants de La France insoumise et du syndicat FSU, représenté par Bernard Valin, enseignant au collège. La récurrence, de ces situations, il la connaît. « On a fait une enquête sur le Département, qu’on a remontée à la préfecture et au rectorat. En vingt-quatre heures, on a recensé trente cas d’enfants à la rue, dont vingt-cinq dans la métropole de Nantes ! Le discours est lénifiant de la part de la préfecture, qui justifie cela par l’attractivité de Nantes. À chaque fois, il faut passer par un rapport de force pour obtenir quelque chose. »
L’élu nantais à la lutte contre la grande précarité, Robin Salecroix, s’est montré concerné. « C’est indigne. L’hébergement d’urgence est une compétence de l’État. Nous prenons notre part en finançant déjà 1 600 places sur l’agglomération. Il s’agit d’un devoir d’humanité. Je vais interpeller l’État. Les moyens de Nantes ne sont pas illimités. Je rappelle que l’État réclame 15 millions à Nantes et 30 millions à Nantes métropole pour combler sa dette. »
(1) Prénom d’emprunt.