La FSU a demandé une audience au DASEN au sujet de la mise en place des programmes d’EVARS, en voici le compte-rendu :
1- Situation actuelle
La FSU a d’abord exposé un rapide résumé de la situation en citant le Haut commissariat au plan qui appelle à une mobilisation forte du monde scolaire pour casser les schémas genrés et construire un esprit d’égalité dès le plus jeune âge
La FSU a rappelé que l’enquête du CSA notait également que les stéréotypes de genre persistent voire s’intensifient chez les adolescent·es. Ainsi 54 % estiment que « les mères savent mieux répondre aux besoins des enfants que les pères », tandis que 58 % considèrent que « les garçons sont par nature plus violents ». Ces croyances, souvent implicites, sont renforcées par les normes sociales, scolaires et numériques.
2- L’école
La FSU 44 a souligné que l’Ecole n’est pas exempte de ces stéréotypes qui se traduisent notamment par : des attentes différenciées selon le genre, une orientation encore très genrée, notamment au moment du collège et du lycée, une sous-représentation des filles dans les filières scientifiques et techniques, des manuels scolaires encore trop souvent porteurs de représentations stéréotypées.
La FSU 44 a rappelé que l’Ecole est un maillon important pour casser ce continuum de représentations sexistes qui induisent des comportements et génèrent des discriminations voire des violences sexistes et sexuelles. L’application rapide des programmes EVARS dans l’ensemble des écoles est donc essentielle.
3- Besoin de formation
Nous avons fait remonter le besoin de formation des collègues du premier degré comme du second degré. L’EVARS est un sujet essentiel mais très sensible et beaucoup ne se sentent pas de les mettre en place seul·es. La profession a besoin d’être outillée formée et accompagnée.
Dans le second degré, il a été rappelé que les nouveaux programmes ont le mérite de pointer les disciplines, ce qui peut faciliter leur mise en œuvre. En revanche, les heures des disciplines sont contraintes par les horaires réglementaires. Il y a donc un programme à appliquer sans que des heures en plus soient prévues pour le faire. C’est dommage car cela aurait sans doute permis aux enseignant-es de mieux s’emparer des nouvelles thématiques et aurait été un signe significatif, donné par l’institution, de l’importance accordée à la question de l’EVARS. Par ailleurs, le problème des séances-ateliers (3 fois/an/classe) reste entier. Sur quels horaires ces séances ont-elles lieu : sur des heures de cours disciplinaires, sur des heures banalisées (qui suppriment des heures de cours) ou sur des heures durant lesquelles les élèves n’ont pas cours ? La question des effectifs est aussi à soulever : faire de de l’evars avec 30 élèves en même temps est-il judicieux ? Se pose le problème de la concertation des équipes pluriprofessionnelles qui doivent animer ces séances. A quel moment vont-elles pourvoir se réunir pour travailler à ces séances exceptionnelles ? Une montée en charge des formations d’initiative locale (FIL) EVARS est-elle prévue pour l’année 2025-2026 afin de permettre aux équipes de se constituer en tant que telles dans les établissements et d’animer ensuite les séances auprès des élèves ?
4- Protection des personnels
La FSU a rappelé que la protection des personnels est indispensable. En effet, dès le début de l’année et dès l’annonce de la parution des programmes, des groupuscules obscurantistes et ou d’extrême droite se sont manifestés de façon ostentatoire en tenant des propos mensongers, voire en mettant en cause des enseignant·es.
La FSU a également fait une nouvelle fois remonter l’absentéisme de certain·es élèves les jours de séances EVARS
5- Suivi des élèves victimes de violence et suivi des personnels
La FSU a posé la question du suivi des élèves une fois la parole libérée sachant le manque de psychologue dans l’EN, les RASED souvent incomplets, la médecine scolaire très insuffisantes. De même quel suivi est prévu pour les personnels qui recueilleront la parole des élèves ?
Réponse de l’administration pour le premier degré
1- Formation
Un module de formation spécifique 1er degré dans le cadre de notre plan de formation. Pour les constellations : les 18h sont consommées, pas de possibilité de s’inscrire sur un parcours supplémentaire. Des parcours de 12h re-modulés en 6h pour l’année prochaine pour ajouter les 6h sur les nouveaux programmes EVARS. Cependant, nous ne sommes pas en capacité de donner le format exact de la formation, car nous sommes en train de recenser les formateurices en formation acad, pour pouvoir ensuite déployer des formations. L’objectif est d’avoir 1 ou 2 formateurices par circonscription : les CPC seront envoyé·es en formation sur la base du volontariat (quid de la formation si les CPC ne se saisissent pas de cette proposition ?)
Aucun·e enseignant·es ne partira en formation sur ce sujet en dehors des CPC.
2- la protection des personnels
Sur la journée de boycott de mars, un travail a été mené avec les IEN. Un premier rapport a été établi avec un document support qui a pu être réutilisé par les directeurices. Première présentation de la mise en place de ce programme lors de conseils d’écoles. La consigne est donnée aux IEN d’être attentif·ves aux remontées, au flyers. Sur Nantes l’IA a cosigné par exemple un courrier avec la ville au service du projet pédagogique donné par les enseignant·es. Rappel sur la protection fonctionnelle
Il devrait également y avoir des référent·es en santé mentale pour le premier et le second degré mais l’administration ne peut pas pour l’instant nous en donner le nombre
La FSU le déplore, cela aurait accélérer le processus et multiplié les personnels ressources. Cependant, une piste est à exploiter quant à la formation EVARS : pour les collègues qui sont en constellations français, iels peuvent s’emparer de cette thématique pour travailler en équipe à une mise en oeuvre de l’EVARS de façon transversale.
La FSU a également regretté que l’accent soit mis en cette fin d’année ( et de manière inappropriée ! ) sur les nouveaux programmes de mathématiques et français mais que ceux d’EVARS ne soient même pas évoqués : cela montre clairement où sont les priorités et elles ne sont pas sur la prévention des violences…
3- suivi des élèves
pas de réponse quant au suivi des élèves victimes de violences.
Réponse de l’administration pour le second degré :
Le fonctionnement est différent par rapport au second degré, la formation est académique, c’est l’EAFC qui a ses propres instances, et sa propre présentation des bilans aux représentants des personnels. Pour le second degré, on ne part pas de rien, même s’ils n’ont pas les trois séances par élèves et par an. Les chefs d’établissement sont conscients, qu’il y a le déploiement d’evars à mettre en œuvre. Ce sont eux qui organisent les différents enseignements, sachant que le programme evars a vocation à être intégré dans les disciplines. L’administration rappelle ce qui a été fait sur les deux dernières années dans le domaine : mobilisation d’un équipe d’une trentaine de formateurs académiques en charge de former des formateurs avec une infirmière et l’IA-IPR de SVT. Des FIL sont également proposées et peuvent être complétées par les ressources de Canopé. Des magistères à l’échelle nationale et académiques ont été mises en place.
Il est rappelé qu’en cas de contestation, les chefs d’établissement doivent être avertis et qu’ils font remonter. Il est souligné que ces contestations ne sont pas massives dans le département.
La FSU regrette que l’administration ne réponde pas sur le temps de concertation nécessaire à la préparation des séances en pluridisciplinarité.
Une fois encore, si la protection de l’enfance est une priorité et que l’Ecole a un rôle à jouer en éduquant à la vie affective relationnelle et sexuelle, les moyens mis en place par l’administration sont très insuffisants en terme de formation ou de suivi.