Avec plus de 400 intellectuel.le.s, artistes, syndicalistes, agent.e.s publics, notre collectif lance aujourd’hui un appel : la vocation universelle des services publics est aujourd’hui remise en cause, et il nous appartient d’organiser le débat sur ces questions.
Au pied du mur
Depuis plus d’un mois, des milliers d’enseignants, d’élèves et de parents de Seine-Saint-Denis sont mobilisés pour obtenir des recrutements en adéquation avec le nombre d’élèves, des chaises en état et des bâtiments sans fuites d’eau. Au Mans, c’est sur les urgences psychiatriques que la mobilisation réclame ni plus ni moins qu’un accueil décent. Dans le même temps, cheminots et militants écologistes font entendre leur voix pour la défense du fret ferroviaire. Un même sentiment se dégage de ces mobilisations : celui d’être au pied du mur.
Mais au-delà de leurs revendications, ces mobilisations impressionnent et disent l’attachement, partout en France, à la vocation universelle des services publics et le refus de la dualisation de la société en cours devant ce qu’il est en train de devenir : un service public pour les moins aisés, donc un moindre service public.
Un changement de nature
Ce changement de nature, les agents en éprouvent tous les jours les conséquences, à rebours de leur éthique professionnelle : tri des patients à l’hôpital, sélection des élèves par des “groupes de niveau”, recul des droits des usagers, etc. Ce glissement se fait d’abord sentir en Seine-Saint-Denis, dans les zones rurales, auprès des patients atteints de maladies psychiatriques ou parmi les personnes étrangères, mais ne nous y trompons pas : il concerne bien toute la société. Quand le service public se replie, il s’appauvrit.
En parallèle, un espace de plus en plus important pour le secteur privé se construit. Ecole, hôpital, transports, justice, Sécurité sociale : tous les secteurs sont concernés par cette évolution. Même le domaine régalien de la sécurité, que l’on pourrait penser sanctuarisé, voit se multiplier les emplois de vigiles privés. Lorsque la possibilité est donnée à une fraction de la population de faire sécession, c’est l’ensemble du service public qui change de nature.
Vocation universelle
Aujourd’hui, la vision de services publics à vocation universelle est largement remise en cause. Les gouvernements successifs y ont directement contribué : d’une main, en faisant de la « baisse des dépenses » l’horizon indépassable des services publics, et, de l’autre, en finançant sur les fonds publics les écoles sous contrat, les cliniques commerciales, ou en favorisant l’accroissement des assurances complémentaires, et parmi elles de celles à but lucratif.
Des décisions politiques, très concrètes, pourraient au contraire réaffirmer le caractère essentiel de services publics universels, à rebours des discours et des actes les plus récents : guichets de proximité, égalité face au logement social, mixité sociale et scolaire de l’école publique, droit à une alimentation et à une eau de qualité pour toutes et tous, refus des lois de préférence nationale, etc.
Revendiquer des services publics universels n’est pas une abstraction : c’est au contraire rendre, très concrètement, leurs droits aux citoyennes et aux citoyens, et leurs moyens de faire leur travail aux agents des services publics. Avec l’ensemble des signataires de cet appel, nous continuerons à porter cette ambition : rejoignez-nous !
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